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Malheur d'autrui n'est point ce qui te touche,
Denis sur moi fais donc vite un couplet.
Ton Apollon à nos larmes fait trève :
Il nous égaie au sein d'affreux revers.
O vieux Denis, etc.

Puisqu'à rimer sans remords tu t'amuses,
De la patrie écoute un peu la voix :
Elle est, crois-moi, la première des muses,
Mais rarement elle inspire les rois.
Du frèle arbuste où bout sa noble sève,
La moindre fleur parfume au loin les airs.
O vieux Denis, etc.

Tu crois du Pinde avoir conquis la gloire,
Quand ses lauriers, de ta foudre encor chauds,
Vont, à prix d'or, te cacher à l'histoire,
Ou balayer la fange des cachots.

Mais, à ton nom, Clio, qui se soulève,
Sur ton cercueil viendra peser nos fers.
O vieux Denis, etc.

Que du mépris la haine au moins me sauve,
Dit ce bon roi, qui rompt un fil léger :
Le fer pesant tombe sur mon front chauve,
J'entends ces mots : Denis sait se venger.
Me voilà mort, et, poursuivant mon rêve,
La
coupe en main, je répète aux enfers:
O vieux Denis, etc.

LE VIOLON BRISÉ.

Am: Je regardais Madelinette.

Viens, mon chien, viens, ma pauvre bête,
Mange, malgré mon désespoir.

Il me reste un gâteau de fête,
Demain nous aurons du pain noir. (bis.)
Les étrangers, vainqueurs par ruse,
M'ont dit hier dans ce vallon:
Fais-nous danser! moi je refuse;
L'un d'eux brise mon violon.
C'était l'orchestre du village.
Plus de fètes! plus d'heureux jours!
Qui fera danser sous l'ombrage?
Qui réveillera les amours? (bis.)
Sa corde vivement pressée,
Dès l'aurore d'un jour bien doux,
Annonçait à la fiancée

Le cortége du jeune époux.

Aux curés qui l'osaient entendre,
Nos danses causaient moins d'effroi.
La gaîté qu'il savait répandre
Eût déridé le front d'un roi. (bis.)

S'il préluda, dans notre gloire,
Aux chants qu'elle nous inspirait,
Sur lui, jamais pouvais-je croire
Que l'étranger se vengerait?

Viens, mon chien, viens, ma pauvre bête,
Mange, malgré mon désespoir.

Il me reste un gâteau de fète,

Demain nous aurons du pain noir. (bis.)
Combien sous l'orme ou dans la grange
Le dimanche va sembler long!
Dieu bénira-t-il la vendange
Qu'on ouvrira sans violon!

Il délassait des longs ouvrages,
Du pauvre étourdissait les maux;
Des grands, des impôts, des orages,
Lui seul consolait nos hameaux. (bis.)

Les haines, il les faisait taire ;
Les pleurs amers, il les séchait.
Jamais sceptre n'a fait sur terre
Autant de bien

que mon archet.

Mais l'ennemi qu'il faut qu'on chasse
M'a rendu le courage aisé.

Qu'en mes mains un mousquet remplace

Le violon qu'il a brisé. (bis.)

Tant d'amis, dont je me sépare,
Diront un jour, si je péris :

Il n'a point voulu qu'un barbare
Dansat gaîment sur nos débris.

Viens, mon chien, viens, ma pauvre bête,
Mange, malgré mon désespoir.
Il me reste un gâteau de fète,

Demain nous aurons du pain noir. (bis.)'

LA MAISON DE SANTÉ.

A MADAME G., POUR LA SAINT-JEAN,
JOUR DE SA FÊTE.

Am: du Ménage de Garçon,
ou du petit Matelot,

Naguère en un royal hospice,
J'allai subir les soins de l'art.
Esculape me fut propice,

Je bénis cet heureux hasard. (bis.)
Mais l'Amitié, toujours craintive,
Me dit : « Point de sécurité!
Un quiproquo bien vite arrive.
Change de maison de santé. » (bis.)

A R.... elle me transporte,

Je me sens mieux en avançant.
La Bienfaisance est sur la porte,
Le Malheur salue en passant. (bis.)
Là, Jeannette est supérieure;
Et le ciel fit de sa bonté

La lampe qui brûle à toute heure
Dans cette maison de santé. (bis.)

Molière a terminé sa vie

Entre deux sœurs de charité :
Or, quand Jeanne fait œuvre pie,
C'est un rendu pour un prêté. (bis.)
De Thalie elle fut tourière
Avec talent, grace et beauté,
Et la suivante de Molière

Fonde une maison de santé. (bis.)
L'amitié seule y donne place:

Moi, j'en ai fait mon Hôtel-Dieu.
Infirmiers, remplissez ma tasse,

C'est aujourd'hui le saint du lieu. (bis.)
Quand il s'agit de fèter Jeanne,

Mon seul régime est la gaîté.

Je veux m'enivrer de tisane

Dans cette maison de santé. (bis.)

LA BONNE MAMAN.

COUPLETS A UNE DAME DE TRENTE ANS, QUE L'AUTEUR APPELAIT SA GRAND'MÈRE.

AIR J'étais bon chasseur autrefois.

Au dire du proverbe ancien,
L'amitié ne remonte guère.

Bon petit-fils, je n'en crois rien,
Quand je pense à vous, ma grand'mère.
Ces titres, quelquefois si doux,
Vous paraîtraient-ils insipides?

Bonne maman,

consolez-vous:

Vous n'avez point encor de rides.
L'age a-t-il éteint vos désirs?
Blâmez-vous les tendres chimères?
Censurer les plus doux plaisirs
Est le plaisir de nos grand'mères.
Les ans font-ils neiger sur nous,
ngs yeux tout se décolore.

A

Bonne maman,

consolez-vous:

Vous ne blanchissez point encore.

L'Amour a peur

des grand'mamans.

Mais, à prix d'or, combien de vieilles

Ont à leurs gages des amans,

Dont les missives font merveilles!
On sait, pour lire un billet doux,
Quel moyen prennent ces coquettes.
Bonne maman, consolez-vous:

Vous lisez encor sans lunettes.

Quoi! sans rides, sans cheveux blancs,
Et sans lunettes à votre âge!
Voyons si vos genoux tremblans
Des ans n'attestent pas l'outrage.
Oui, je vois trembler vos genoux,
Que l'amour tendrement caresse.
Bonne maman, consolez-vous:
Prenez un bâton de vieillesse.

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