Nous comparions notre France à la Grèce, Quand un pigeon vient s'abattre à nos pieds (bis.) Noris découvre un billet sous son aile; Il le portait vers des foyers chéris. (bis.) Bois dans ma coupe, ô messager fidèle, Et dors en paix sur le sein de Noris. Il est tombé, las d'un trop long voyage, Rendons-lui vite et force et liberté. D'un trafiquant remplit-il le message? Va-t-il d'amour parler à la beauté? (bis.) Peut-être il porte, au nid qui le rappelle, Les derniers vœux d'infortunés proscrits. (bis.) Bois dans ma coupe, etc.
Mais du billet quelques mots me font croire Qu'il est en France à des Grecs apporté. Il vient d'Athène, il doit parler de gloire. Lisons-le donc par droit de parenté. (bis.) Athène est libre! amis, quelle nouvelle! Que de lauriers tout-à-coup refleuris! (bis.) Bois dans ma coupe, etc.
Athène est libre! Ah! buvons à la Grèce ; Noris; voici de nouveaux demi-dieux. L'Europe en vain, tremblante de vieillesse, Déshéritait ces aînés glorieux: (bis.) Ils sont vainqueurs! Athènes, toujours belle, N'est plus vouée au culte des débris. (bis.) Bois dans ma coupe, etc.
Athène est libre! ô muse des Pindares, Reprends ton sceptre, et ta lyre, et ta voix. Athène est libre, en dépit des barbares;
bituel, ils traversent, pour y revenir, les plus grandes distances, avec une rapidité qui paraît incroyable.
Athène est libre, en dépit de nos rois. (bis.) Que l'univers, toujours instruit par elle, Retrouve encor Athènes dans Paris! (bis.) Bois dans ma coupe, etc.
Beau voyageur, au pays Repose-toi, puis vole à tes amours;
Vole, et, bientôt rapporté dans Athènes, Reviens braver et tyrans et vautours. (bis.) A tant de rois dont le trône chancelle, D'un peuple libre apporte encor les cris. (bis.) Bois dans ma coupe, etc.
LES CONSEILS DE LISE.
CHANSON ADRESSÉE A M. J. LAFFITTE, QUI M'AVAIT PROPOSÉ UN EMPLOI DANS SES BUREAUX POUR RÉPARER LA PERTE DE MA PLACE A L'UNIVERSITÉ.
AIR de la Treille de sincérité.
Lise à l'oreille
Me conseille;
Cet oracle me dit tout bas : Chantez, monsieur, n'écrivez pas.
Un doux emploi pourrait vous plaire, Me dit Lise; mais songez bien, Songez bien au poids du salaire, Même chez un vrai citoyen. (bis.) Rester pauvre vous est facile, Quand l'amour, afin de l'user, Vient remonter ce luth fragile Que Thémis a voulu briser. Lise à l'oreille, etc.
Dans l'emploi qu'un ami vous offre, Vous n'oseriez plus, vieil enfant, Célébrer au bruit de son coffre Les droits que sa vertu défend. (bis.) Vous croiriez voir à chaque rime. Les sots doublement satisfaits, De vos chansons lui faire un crime, Vous en faire un de ses bienfaits. Lise à l'oreille, etc.
Craignant alors la malveillance, Vous ririez moins de ce baron, Courtier de la Sainte-Alliance, Qui des rois s'est fait le patron. (bis.) Dans les fonds de peur d'une crise, Il veut que les Grecs soient déçus; Pour avoir l'endos de Moïse, On fait banqueroute à Jésus. Lise à l'oreille, etc.
Votre muse en deviendrait folle, Et croirait flatter en disant
Que sur la droite du Pactole
Intrigue et ruse vont puisant: (bis.)
Tandis qu'une noble industrie Puise à gauche, et, de toute part,
Reverse à flots sur la patrie
Un or dont le pauvre a sa part. Lise à l'oreille, etc.
Ainsi mon oracle m'inspire,
Puis ajoute ce dernier point: Des distances l'amour peut rire; L'amitié n'en supporte point. (bis.) Riche de votre indépendance, Chez Laffitte toujours fêté,
En trinquant avec l'opulence Vous boirez à l'égalité.
Lise à l'oreille, etc.
L'EAU BÉNITE.
COUPLETS POUR LE MARIAGE A L'Église de DEUX ÉPOUX MARIES DEPUIS LONG-TEMPS SANS CÉRÉMONIE.
AIR: Faut d' la vertu.
Ces deux époux ont mis enfin De l'eau bénite dans leur vin.
A l'autel ce couple s'engage; Voilà de quoi nous récrier. Après vingt ans de mariage, Oser encor se marier!
Ces deux époux, etc.
Grand Dieu, des torts que tu nous passes,
Le moindre, aux yeux de ta bonté,
Est celui d'avoir dit les
Avant le bénédicité.
Ces deux époux, etc.
Madame, de fleurs ennuyée...
Chut! me dit-elle. Ah! puisse un jour Du chapeau de la mariée
Sa fille aussi coiffer l'Amour!
Ces deux époux, etc.
Pour que l'hymen fasse merveilles,
Versez d'un Bordeaux réchauffant,
Reste du vin mis en bouteilles
Au baptême de votre enfant.
Ces deux époux, etc.
Toujours heureux, quoiqu'on en glose,' Prouvez au diable, et prouvez bien, Que parfois, prise à faible dose, L'eau bénite ne gâte rien. Ces deux époux, etc.
COUPLETS CHANTÉS A MES AMIS, LE 8 DÉCEMBRE 1822, JOUR ANNIVERSAIRE DE MA CONDAMNATION PAR LA COUR D'ASSISES.
AIR: Quand des ans la feur printanière.
Sur des roses l'amour sommeille, Mais, quand s'obscurcit l'liorizon, Célébrons l'amitié qui veille A la porte d'une prison. (bis.) Tyran aussi, l'amour nous coûte Dés pleurs, qu'elle sait arrêter. Au poids de nos fers il ajoute, Elle nous aide à les porter. Sur des roses, etc.
Dans l'une de nos cent bastilles, Lorsque ma muse emménagea, A peine on refermait les grilles Que l'amitié frappait déjà. Sur des roses, etc.
Heureux qui, libre de ses chaînes, Bravant la haine et la pitié,
Joint au souvenir de ses peines
Celui des soins de l'amitié!
Sur des roses, etc.
Que fait la gloire à qui succombe !
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