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L'AGENT PROVOCATEUR.

REMERCIEMENS A DES BOURGUIGNONS QUI M'AVAIENT ENVOYÉ DU VIN DES DIFFÉRENS CRUS LES PLUS RENOMMÉS.

(SAINTE-PÉLAGIE.)

AIR: Je vais bientôt quitter l'empire.

Avec son habit un peu mince,
Avec son chapeau goudronné,
Comme l'honneur de la province,
Ce Bourguignon nous est donné. (bis.)
Quoiqu'il soit d'âge respectable,
Que d'un beau nom il soit porteur, (bis.)
Chut! mes amis; il fait jaser à table:
C'est un agent provocateur. (ter.)

Il est ami de l'infortune,

M'ont dit ceux qui l'ont annoncé ;
Pourtant un soupçon m'importune :
Par la police il a passé...* (bis.)
Plus d'un personnage notable
Là souvent devient délateur. (bis.)
Chut! mes amis; etc.

Mais il circule, et de la France
Déjà nous vantons les héros;
A nos yeux déjà l'espérance
Sourit à travers les barreaux. (bis.)
Enfin son charme inévitable

Sollicite un malin chanteur. (bis.)
Chut! mes amis; etc.

Il nous ferait chanter la gloire

* On visite tous les objets envoyés aux prisonniers; des gens de police sont chargés de ce soin.

D'un sol fertile en joyeux ceps,
Et l'empereur dont la mémoire
Reste en honneur chez les Français... (bis.)
Oui, sur Probus, prince équitable,

Il nous souffle un chorus flatteur. (bis.)
Chut! mes amis; etc.

De ce traître faisons justice:
Exprès prolongeons le dîner.
S'il a passé par la police,

Qu'il passe pour y retourner. (bis.)
Passe donc, ô vin délectable!
Retourne à ce lieu corrupteur. (bis.)
Chut! mes amis; etc.

MON CARNAVAL.

(SAINTE-PÉLAGIE.)

AIR: des Chevilles de maître Adam,
ou Air nouveau de M. Meissonnier.

Amis, voici la riante semaine,

Que tous les ans je fêtais avec vous.

Marotte en main, dans le char qu'il promène,
Momus au bal conduit sages et fous.
Sur ma prison, dans l'ombre ensevelie,
Il m'a semblé voir passer les Amours.
J'entends au loin l'archet de la folie :
O mes amis, prolongez d'heureux jours!
Oui, je les vois ces danses amoureuses
Où la beauté triomphe à chaque pas.

La Bourgogne est redevable à Probus, empereur romain, de la plupart des vignes qui depuis ont fait sa richesse.

De vingt danseurs je vois les mains heureuses
Saisir, quitter, ressaisir mille appas.

Dans ces plaisirs que votre cœur m'oublie :
Un seul mot triste en peut troubler le cours.
J'entends au loin, etc.

Combien de fois, auprès de la plus belle,
Dans vos banquets, j'ai présidé chez vous!
Là, de mon cœur jaillissait l'étincelle
Dont la gaîté vous électrisait tous.

De joyeux chants ma coupe était remplie;
Je la vidais, mais vous versiez toujoursă
J'entends au loin, etc.

Des jours charmans la perte est seule à craindre;
Fêtez-les bien, c'est un ordre des cieux.
Moi, je vieillis, et parfois laisse éteindre
Le peu d'encens dont je nourris mes dieux.
Quand la plus tendre était la plus jolie,
Des fers alors m'auraient paru bien lourds.
J'entends au loin, etc.

Mais accourez,

dès qu'une longue ivresse Du calme enfin vous impose la loi,

Dernier rayon, qu'un reste d'allégresse
Brille en vos yeux et vienne jusqu'à moi.
Dans vos plaisirs ainsi je me replie:
Je suis vos pas, je chante vos amours.
J'entends au loin, etc.

L'OMBRE D'ANACREON.

(SAINTE-PÉLAGIE.)

AIR de la Sentinelle,

ou Air nouveau de Dupaty.

Un jeune Grec sourit à des tombeaux :
Victoire! il dit; l'écho redit: Victoire!

O demi-dieux! vous, nos premiers flambeaux, Trompez le Styx, revoyez votre gloire! Soudain sous un ciel enchanté Une ombre apparaît et s'écrie: << Doux enfant de la liberté, (bis.) >> Le plaisir veut une patrie! >> Une patrie!

» O peuple grec, c'est moi dont les destins >> Furent si doux chez tes aïeux si braves. >> Quand il chantait l'amour dans leurs festins, >> Anacréon en chassait les esclaves. » Jamais la tendre volupté » N'approcha d'une ame flétrie. >> Doux enfant de la liberté, (bis.) >> Le plaisir, etc.

>> De l'aigle encor l'aile rase les cieux,

» Du rossignol les chants sont toujours tendres.

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Toi, peuple grec, tes arts, tes lois, tes dieux,

>> Qu'en as-tu fait? qu'as-tu fait de nos cendres? >> Tes fêtes passent sans gaîté

>> Sur une rive encor fleurie.

>> Doux enfant de la liberté, (bis.)

>> Le plaisir, etc.

>> Déjà vainqueur, chante et vole au danger;
>> Brise tes fers: tu le peux, si tu l'oses.
>> Sur nos débris, quoi! le vil étranger
» Dort enivré du parfum de tes roses!
Quoi! payer avec la beauté

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>> Un tribut à la barbarie!

>> Doux enfant de la liberté, (bis.) >>> Le plaisir, etc.

>> C'est trop rougir aux yeux du

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voyageur,

Qui d'Olympie évoque la mémoire.

Frappe! et ces bords, au gré d'un ciel vengeur,

» Reverdiront d'abondance et de gloire.
>> Des tyrans le sang détesté

» Réchauffe une terre appauvrie.
>> Doux enfant de la liberté, (bis.)
>> Le plaisir, etc.

du fer:

>> A tes voisins n'emprunte que
>> Tout peuple esclave est allié perfide.
>> Mars va t'armer des feux de Jupiter:
» Cher à Vénus, son étoile te guide*;
>> Bacchus, dieu toujours indompté,
>> Remplira ta coupe tarie.

>> Doux enfant de la liberté, (bis.)
>> Le plaisir, etc.

Il se rendort le sage de Téos.

La Grèce enfin suspend ses funérailles.
Thèbes, Corinthic, Athènes, Sparte, Argos,
Ivres d'espoir, exhumez vos murailles!
Vos vierges même ont répété
Ces mots d'une voix attendrie:
Doux enfant de la liberté, (bis.)
>> Le plaisir, etc.

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L'ÉPITAPHE A MA MUSE.
(SAINTE-PELAGIE.)

Ar de Ninon chez madame de Sévigné,
Ou Air du Vilain.

Venez tous, passans, venez lire

L'épitaphe que je me fais.

J'ai chanté l'amoureux délire,

* Suivant M. Pouqueville, les Grecs ont encore

en vénération l'étoile de Vénus.

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