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Quoi qu'il fit espérer,
Je n'en pus rien tirer;

Mais j'en ai ri, tant je suis bonne fille!

Un chambellan, qui de clinquant pétille,
Après qu'un jour

Il m'eut fait voir la cour,
Enrichit mon amour
De ce jonc qui scintille.
J'en fais voir le chaton:

C'est du faux, me dit-on.

Et moi, j'en ris, tant je suis bonne fille!

Un bel-esprit, beau de l'esprit qu'il pille,
Grace à moi, fut

Nommé de l'Institut.

Quand des voix qu'il me dut
Vient l'éclat dont il brille,
Avec moi que de fois

Il a manqué de voix !

Mais j'en ai ri, tant je suis bonne fille!

Un lycéen, qui sort de sa coquille,
Tout triomphant,

Dans ses bras m'étouffant,
De me faire un enfant

Me proteste qu'il grille;

Et le petit morveux,

Au lieu d'un, m'en fait deux ;

Mais moi, j'en ris, tant je suis bonne fille !

Trois auditeurs me disent: Viens, Camille; Soupe avec nous;

Que nous fassions les fous.

J'étais seule pour tous:

L'un d'eux me déshabille.

Puis le vin met dedans

Nos petits intendans;

Et moi, j'en ris, tant je suis bonne fille!

Telle est ma vie ; et sur mainte vétille
J'aurais ici

Pu glisser, Dieu merci!
Dans ses jupons aussi

Je sais qu'on s'entortille;
Mais les restrictions,

Mais les précautions,
Moi, je m'en ris, tant je suis bonne fille!

MES CHEVEUX.

AIR: du Vaudeville de Décence.

Mes bons amis, que je vous prêche à table,
Moi, l'apôtre de la gaîté.
Opposez tous au destin peu
Le repos et la liberté;

traitable

A la grandeur, à la richesse,
Préférez des loisirs heureux.
C'est mon avis, moi de qui la sagesse
A fait tomber tous les cheveux.

Mes bons amis, voulez-vous dans la joie
Passer quelques instans sereins?
Buvez un peu: c'est dans le vin qu'on noie
L'ennui, l'humeur et les chagrins.
A longs flots puisez l'allégresse

Dans ces flacons d'un vin mousseux.

C'est mon avis, etc.

Mes bons amis, et bien boire et bien rire
N'est rien encor dans les amours.

Que la beauté vous charme et vous attire ;
Dans ses bras coulez tous vos jours.

Gloire, trésors, santé, jeunesse,
Sacrifiez tout à ses vœux.

C'est mon avis, etc.

En

peu

Mes bons amis, du sort et de l'envie
On brave ainsi les traits cuisans.
de jours usant toute la vie,
On en retranche les vieux ans.
Achetez la plus douce ivresse
Au prix d'un âge malheureux.
C'est mon avis, etc.

MADAME GRÉGOIRE.

AIR: C'est le gros

Thomas.

C'était de mon temps

Que brillait madame Grégoire.

J'allais, à vingt ans,

Dans son cabaret rire et boire;
Elle attirait les gens

Par des airs engageans.
Plus d'un brun à large poitrine

Avait là crédit sur sa mine.

Ah! comme on entrait

Boire à son cabaret!

D'un certain époux,

Bien qu'elle pleurât la mémoire,

Personne de nous

N'avait connu défunt Grégoire;
Mais à le remplacer,

Qui n'eût voulu penser!
Heureux l'écot où la commère

Apportait sa pinte et son verre!

Ah! comme on entrait, etc.

Je crois voir encor

Son gros rire aller jusqu'aux larmes, Et sous sa croix d'or

L'ampleur de ses pudiques charmes, Sur tous ses agrémens

Consultez ses amans :

Au comptoir la sensible brune
Leur rendait deux pièces pour une.
Ah! comme on entrait, etc.

Des buveurs grivois

Les femmes lui cherchaient querelle.
Que j'ai vu de fois
Des galans se battre pour elle!
La garde et les amours

Se chamaillant toujours,

Elle, en femme des plus capables,
Dans son lit cachait les coupables.
Ah! comme on entrait, etc.

Quand ce fut mon tour
D'être en tout le maître chez elle,
C'était chaque jour

Pour mes amis fète nouvelle.
Je ne suis point jaloux :
Nous nous arrangions tous.
L'hôtesse, poussant à la vente,
Nous livrait jusqu'à la servante.
Ah! comme on entrait, etc.

Tout est bien changé :
N'ayant plus rien à mettre en perce,
Elle a pris congé

Et des plaisirs et du commerce.

Que je regrette, hélas!

Sa cave et ses appas!

Long-temps encor chaque pratique
S'écrîra devant sa boutique:

Ah! comme on entrait, etc.

LE COIN DE L'AMITIÉ.

COUPLETS CHANTÉS PAR UNE DEMOISELLE A ÚNE JEUNE MARIÉE, SON AMIE.

AIR: du Vaudeville de la Partie carrée.
L'Amour, l'Hymen, l'Intérêt, la Folie,
Aux quatre coins se disputent nos jours.
L'Amitié vient compléter la partie ;

Mais qu'on lui fait de mauvais tours!
Lorsqu'aux plaisirs l'ame se livre entière,
Notre raison ne brille qu'à moitié,
Et la Folie attaque la première
Le coin de l'Amitié.

i

Puis vient l'Amour, joueur malin et traître, Qui de tromper éprouve le besoin;

En tricherie on le dit passé maître.

Pauvre Amitié, gare à ton coin!

Ce dieu jaloux, dès qu'il voit qu'on l'adore,
A tout soumettre aspire sans pitié.
Vous cédez tout: il veut avoir encore
Le coin de l'Amitié.

L'Hymen arrive: oh! combien on le fête!
L'Amitié seule apprête ses atours.

Mais dans les soins qu'il vient nous mettre en tête,
Il nous renferme pour toujours.

Ce dieu, chez lui, calculant à toute heure,
Y laisse enfin l'Intérêt prendre pied,

Et trop souvent lui donne pour demeure
Le coin de l'Amitié.

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