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Ne soufflez mot; retenez votre haleine;
Tremblez, enfans, vous qui jurez parfois!
Le dard caché, qu'à ces guêpes Dieu donne,
A fait périr des bergers, des troupeaux.
Allez, enfans; etc.

Petits Poucets de la littérature,

S'il vient un ogre, évitez bien sa dent;
Ou, s'il s'endort, dérobez sa chaussure.
De s'en servir on peut juger prudent.
Non qu'ai-je dit? Ah! la
:

peur déraisonne, Tous les partis rapprochent leurs drapeaux. Allez, enfans; etc.

LA MUSE EN FUITE.

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MA PREMIERE VISITE AU PALAIS DE JUSTICE.

CHANSON FAITE A L'OCCASION DES PREMIÈRES POURSUITES JUDICIAIRES EXERCÉES CONTRE MOI POUR LA PUBLICATION DE

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Quittez la lyre, ô ma muse

Pou Et déchiffrez ce mandat.
Bien Vous voyez qu'on vous accuse

lap. De plusieurs crimes d'État d

Sa

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Pour un interrogatoire

Au Palais comparaissons.

Plus de chansons pour la gloire!
Pour l'amour plus de chansons

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Nous marchons, et je découvre
L'asile des souverains.

Muse, la Fronde en ce Louvre
Vit pénétrer ses refrains*.
Au Qui vive d'ordonnance,
Alors, prompte à s'avancer,

La chanson répondait : France!
Les gardes laissaient

passer.
Suivez-moi! etc.

La justice nous appelle
De l'autre côté de l'eau.
Voici la Sainte-Chapelle,
Où l'on pria pour Boileau **.
S'il renaissait, ce grand maître,
Le clergé, remis en train,
En prison ferait peut-être
Fourrer l'auteur du Lutrin.
Suivez-moi! etc.

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Là, devant ce péristyle,
Un tribunal impuissant
Au bûcher livra l'Emile ***.
Phénix toujours renaissant.
Muse, de vos chansonnettes,
Aujourd'hui l'on va tâcher

* Jamais plus de chansons ne furent lancées de part et d'autre qu'à l'époque de la Fronde, et Blot et Marigni, chansonniers du temps, ne furent l'objet d'aucune poursuite.

** On dit que Boileau fut enterré dans l'église située sous la Sainte-Chapelle, où l'on voyait le fameux lutrin qui inspira l'un des ouvrages les plus parfaits de notre langue.

***On sait également que, par arrêt du parlement, l'Émile fut brûlé par la main du bourreau, et son auteur décrété de prise de corps.

De faire des allumettes
Pour rallumer ce bûcher.
Suivez-moi! etc.

Muse, voici la grand' salle...
Eh quoi! vous fuyez devant
Des gens en robe un peu sale,
Par vous piqués trop souvent.
Revenez donc, pauvre sotte,
Voir prendre à vos ennemis,
Pour
peser une marotte,
Les balances de Thémis.

Suivez-moi! etc.

Elle fuit, et chez le juge
J'entre, et puis enfin je sors.
Mais devinez quel refuge
Ma muse avait pris alors.
Gaîment avec la grisette
D'un président, bon humain,
Cette folle, à la buvette,
Répétait le verre en main :
Suivez-moi! etc.

DENONCIATION

EN FORME D'IMPROMPTU,

A PROPOS DE COUPLETS QUI M'ONT ÉTÉ ENVOYÉS PENDANT MON PROCÈS *.

AIR: du Ballet des Pierrots.

On m'a dénoncé, je dénonce;
Oui, je dénonce des couplets.

L'auteur ignorait que ces couplets fussent de mademoiselle de Froberville, d'Orléans.

La gaîté de l'auteur annonce
Qu'il peut figurer au Palais;
On voit, à l'air dont il vous traite,
Que cent fois il vous persifla.
Messieurs les juges, qu'on arrête,
Qu'on arrête cet homme-là.

Il prétend rire des entraves
Qu'à la presse l'on veut donner.
Il croit à la gloire des braves;
Pourriez-vous le lui pardonner?
Il ose vanter la musette

Qui dans leurs maux les consola.
Messieurs les juges, etc.
Il prodigue la flatterie

A ceux qui sont persécutés ;
Il pourrait chanter la patrie,
C'est un grand tort, vous le sentez.
De l'esprit qu'à ma muse il prête
Vengez-vous sur l'esprit qu'il a.
Messieurs les juges, etc.

ADIEUX A LA CAMPAGNE.

(Cette chanson, faite dans le mois de novembre 1821, fut copiée et distribuée au tribunal le jour de ma condamnation.)

AIR: Muse des bois et des accords champêtres. Soleil si doux, au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor. N'espérons plus que le trône pardonne A mes chansons leur trop rapide essor. Dans cet asile, où reviendra Zéphire, J'ai tout rêvé, même uu nom glorieux.

Ciel vaste et pur,
daigne encor me sourire ;
Echos des bois, répétez mes adieux.

Comme l'oiseau, libre sous la feuillée,
Que n'ai-je ici laissé mourir mes chants!
Mais de grandeurs la France dépouillée
Courbait son front sous le joug des méchans.
Je leur lançai les traits de la satire ;

Pour mon bonheur l'amour m'inspirait mieux.
Ciel vaste et pur, etc.

Déjà leur rage atteint mon indigence *,
Au tribunal ils traînent ma gaîté;

D'un masque saint ils couvrent leur

Rougiraient-ils devant ma probité ?

vengeance:

Ah! Dieu n'a point leur cœur pour me maudire : L'intolérance est fille des faux dieux.

Ciel vaste et pur, etc.

Sur des tombeaux si j'invoque la gloire,
Si j'ai prié pour d'illustres soldats,
Ai-je, à prix d'or, aux pieds de la victoire,
Encouragé le meurtre des États?

Ce n'était point le soleil de l'empire
Qu'à son lever je chantais dans ces lieux.
Ciel vaste et pur,

etc.

Que, dans l'espoir d'humilier ma vie,
Bellart s'amuse à mesurer mes fers;
Même aux regards de la France asservie,
Un noir cachot peut illustrer mes vers.
A ses barreaux je suspendrai ma lyre,
La renommée y jettera les

Ciel vaste et pur, etc.

yeux.

que

*Lorsque mon Recueil parut, on m'a assuré ce fut le ministère qui força les membres du conseil de l'Université de m'ôter le modique emploi d'expéditionnaire que j'occupais depuis douze ans.

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