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Fier de mes exploits et des leurs,
J'ai mon drapeau dans ma chaumière.
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Il est caché sous l'humble paille
Ой je dors pauvre et mutilé :
Lui qui, sûr de vaincre, a volé
Vingt ans de bataille en bataille!
Chargé de lauriers et de fleurs,
Il brilla sur l'Europe entière.
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Ce drapeau payait à la France
Tout le sang qu'il nous a coûté.
Sur le sein de la liberté,
Nos fils jouaient avec sa lance.
Qu'il prouve encore aux oppresseurs
Combien la gloire est roturière.
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Son aigle est resté dans la poudre,
Fatigué de lointains exploits.
Rendons-lui le coq des Gaulois;
Il sut aussi lancer la foudre.
La France, oubliant ses douleurs,
Le rebénira, libre et fière.
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Las d'errer avec la victoire,
Des lois il deviendra l'appui.
Chaque soldat fut, grace à lui,
Citoyen aux bords de la Loire.
Seul il peut voiler nos malheurs;
Déployons-le sur la frontière.

Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?

Mais il est là, près de mes armes ;
Un instant osons l'entrevoir.

Viens, mon drapeau! viens, mon espoir!
C'est à toi d'essuyer mes larmes.
D'un guerrier qui verse des pleurs,
Le ciel entendra la prière :

Oui, je secoûrai la poussière
Qui ternit tes nobles couleurs.

LA

MARQUISE DE PRÉTINTAILLE.

AIR: J'veux être un chien,
ou A coups d' pied, à coups d' poing.
Marquise à trente quartiers pleins,
J'ai pris mes droits sur les vilains :
En amour j'aime la canaille.
D'un ton fier je leur dis: Venez.
Mais sous mes rideaux blasonnés,
Vils roturiers,

Respectez les quartiers

De la marquise de Pretintaille.
Sacrifìrais-je à mes attraits
Des gentilshommes damerets,
Qui n'ont ni carrure ni taille?
Non, mais j'accable cent gredins
De mes feux et de mes dédains.
Vils roturiers, etc.

Je veux citer les plus marquans,
Bien qu'après coup tous ces croquans
Osent me traiter d'antiquaille :

Je ne suis, aux yeux des malins,
Qu'une savonnette à vilains.
Vils roturiers, etc.

Mon laquais était tout porté,
Mais il parle de liberté :

De mes parchemins il se raille.

Paix! lui dis-je, et traite un peu mieux Ce que je tiens de mes aïeux.

Vils roturiers, etc.

Arrive après mon confesseur;
Du parti sacré défenseur,
Il serre de près son ouaille.
Avec moi, son front virginal
Vise au chapeau de cardinal.
Vils roturiers, etc.

Je veux corrompre un député :
Pour l'amour et la liberté

Il était plus chaud qu'une caille.
L'aveu que ma bouche octroya
Mit les droits de l'homme à quia.
Vils roturiers, etc.

Mon fermier, butor bien nerveux,
Dont la Charte a comblé les vœux,
Dénigrait la glèbe et la taille ;
Mais je lui fis voir, à loisir,

Tout ce qu'on gagne au bon plaisir.
Vils roturiers, etc.

J'oubliais certain grand coquin,

Pauvre officier républicain,

Brave au lit comme à la mitraille!

J'ai vengé sur ce possédé

Charette, Cobourg et Condé.

Vils roturiers, etc.

Mes priviléges s'éteindraient,
Si nos étrangers ne rentraient;
A ma note aussi je travaille:
En attendant, forçons le roi
De solder les Suisses pour moi.
Vils roturiers, etc.

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MES ADIEUX A M. DUPONT (DE l'eure), EX-PRESIDENT A LA COUR ROYALE DE

ROUEN.

CHANSON FAITE ET CHANTÉE A ROUEN, QUEL-
QUES JOURS AVANT LES ÉLECTIONS DE 1820.

AIR: Je vais bientôt quitter l'empire.
Dupont, que vient-on de m'apprendre?
Quoi! l'on tourmente vos amis !
J'ai des précautions à prendre ;
Vous le savez, je suis commis. ( bis. )
Dès qu'une amitié m'embarrasse,
Soudain les nœuds en sont rompus.

Bien mieux que vous je sais garder ma place.
Mon cher Dupont, je ne vous connais plus.
Dupont, Dupont, je ne vous connais plus.
Du peuple obtenez le suffrage;
Moi, du pouvoir je crains les coups.
En vain la France rend hommage
A la vertu qui brille en vous; (bis.)
A peine j'ose vous promettre
De vous rendre encor vos saluts.
Votre vertu pourrait me compromettre.
Mon cher Dupont, etc.

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