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La patente d'ignorantin.

Autour du pot, etc.

Ultras, c'est moi qu'il faut qu'on nomme;
Faisons la paix, preux chevaliers :
N'oubliez pas que je suis homme
A manger à deux râteliers.

Autour du pot, etc.

Libéraux, dans vos doléances,

Pourquoi donc vous en prendre à moi,
Quand le creuset des ordonnances
Peut faire évaporer la loi?
Autour du pot, etc.

Les emplois étant ma ressource,
Aux impôts dois-je m'opposer?
Par honneur je remplis la bourse
Ой par devoir j'aime à puiser.
Autour du pot, etc.

On craindrait l'équité farouche
D'un tas d'orateurs éclatans :

Moi, dès que j'ouvrirai la bouche,

Les ministres seront contens.

Autour du pot, etc.

LES CARTES OU L'HOROSCOPE.

AIR de la petite Gouvernante,
ou de la République.

Tandis qu'en faisant sa prière,
Aucoin du feu maman s'endort,
Peu faite pour être ouvrière,
Dans les cartes cherchons mon sort.
Maman dirait : Craignez les bagatelles!

Le diable est fin. Tremblez, Suzon!
Mais j'ai seize ans : les cartes seront belles.
Les cartes ont toujours raison,
Toujours raison, toujours raison.

Amour, enfant ou mariage,
Sachons ce qui m'attend ici.
J'ai certain amant qui voyage:

Valet de cœur? Bon! le voici.

Pour une veuve, aux pleurs il me condamne. L'ingrat l'épouse, ô tralison!

J'entre au couvent; mon confesseur se damne.
Les cartes, etc.

Au parloir, témoin de mes larmes,
Le roi de carreau vient souvent :

C'est un prince épris de mes charmes;
Il m'enlève de mon couvent.

Par des cadeaux son altesse m'entraîne
Jusqu'à sa petite maison.

La nuit survient, et je suis presque reine.
Les cartes, etc.

Je suis le prince à la campagne,
On vient lui parler contre moi.
En secret un brun m'accompagne :
Tout se découvre : adieu mon roi!
Un de perdu, j'en vois arriver douze;
J'enflamme un campagnard grison
Je suis cruelle, et celui-là m'épouse.
Les cartes, etc.

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En ménage d'une semaine,

Dans un char je brille à Paris;
C'est le roi de trèfle qui mène;

Mon mari gronde, et je m'en ris:

Dieu! l'amour fuit à l'aspect d'une vieille!

En ai-je passé la saison ?

Eh! non vraiment, c'est maman qui s'éveille.

Les cartes, etc.

LA SAINTE ALLIANCE

DES PEUPLES.

CHANSON CHANTÉE A LIANCOURT, POUR LA FÊTE DONNÉE PAR M. LE DUC DE LA ROCHEFOUCAULT, EN RÉJOUISSANCE DE L'ÉVACUATION DU TERRITOIRE FRANÇAIS, AU MOIS D'OCTOBRE 1818.

AIR du Dieu des bonnes gens.

J'ai vu la Paix descendre sur la terre,
Semant de l'or, des fleurs et des épis.
L'air était calme, et du dieu de la guerre
Elle étouffait les foudres assoupis.

« Ah! disait-elle, égaux par la vaillance,
» Français, Anglais, Belge, Russe ou Germain,
» Peuples, formez une sainte alliance,
>> Et donnez-vous la main.

>> Pauvres mortels, tant de haine vous lasse!
>> Vous ne goûtez qu'un pénible sommeil.
» D'un globe étroit divisez mieux l'espace;
>> Chacun de vous aura place au soleil.
>> Tous attelés au char de la puissance,
>> Du vrai bonheur vous quittez le chemin.
>> Peuples, formez une sainte alliance,
>> Et donnez-vous la main.

>> Chez vos voisins vous portez l'incendie;
» L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés,
» Et quand la terre est enfin refroidie,
» Le soc languit sous des bras mutilés.

» Près de la borne où chaque État commence, » Aucun épi n'est pur de sang humain.

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Peuples, formez une sainte alliance,

>> Et donnez-vous la main.

>> Des potentats, dans vos cités en flammes, >> Osent du bout de leur sceptre insolent Marquer, compter et recompter les ames » Que leur adjuge un triomphe sanglant. >> Faibles troupeaux, vous passez sans défense >> D'un joug pesant sous un joug inhumain. Peuples, formez une sainte alliance,

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>> Et donnez-vous la main.

» Que Mars en vain n'arrête point sa course; » Fondez des lois dans vos pays souffrans. » De votre sang ne livrez plus la source >> Aux rois ingrats, aux vastes conquérans. >> Des astres faux conjurez l'influence; » Effroi d'un jour, ils pâliront demain. >> Peuples, formez une sainte alliance, >> Et donnez-vous la main.

>> Oui, libre enfin, que le monde respire; » Sur le passé jetez un voile épais.

>> Semez vos champs aux accords de ma lyre;
» L'encens des arts doit brûler pour la paix.
>> L'espoir riant, au sein de l'abondance,
» Accueillera les doux fruits de l'hymen.
» Peuples, formez une sainte alliance,
» Et donnez-vous la main. >>

Ainsi parlait cette vierge adorée,
Et plus d'un roi répétait ses discours.
Comme au printemps la terre était parée;
L'automne en fleurs rappelait les amours.
Pour l'étranger, coulez, bons vins de France :
De sa frontière il reprend le chemin.

Peuples, formons une sainte alliance, Et donnons-nous la main.

AIR:

ROSETTE.

Sans respect pour votre printemps,
Quoi! vous me parlez de tendresse,
Quand sous le poids de quarante ans
Je vois succomber ma jeunesse !
Je n'eus besoin pour m'enflammer
Jadis que d'une humble grisette.
Ah! que ne puis-je vous aimer
Comme autrefois j'aimais Rosette!
Votre équipage, tous les jours,
Vous montre en parure brillante.
Rosette, sous de frais atours,
Courait à pied, leste et riante.
Partout ses yeux pour m'alarmer
Provoquaient l'œillade indiscrète.
Ah! etc.

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Dans le satin de ce boudoir,
Vous souriez à mille glaces.
Rosette n'avait qu'un miroir :
Je le croyais celui des Graces.
Point de rideaux pour s'enfermer :
L'aurore égayait sa couchette.
Ah! etc.

Votre esprit, qui brille éclairé,
Inspirerait plus d'une lyre.
Sans honte je vous l'avoûrai,
Rosette à peine savait lire.
Ne pouvait-elle s'exprimer,

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