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Un roi sur son front obscurci
Porte une couronne éclatante.
Le pâtre a sa couronne aussi,..
Couronne de fleurs qui me tente.
A l'un le ciel la fait payer;
Mais au berger l'amour la donne :
Le roi l'ôte, pour sommeiller :
Colin dort avec sa couronne.

Le Français, poète et guerrier,
Sert les muses et la victoire.
Le front ceint d'un double laurier,
Il triomphe et chante sa gloire.
Quand du rang qu'il doit occuper
Il tombe, trahi par Bellone,
Le sceptre lui peut échapper,
Mais il conserve sa couronne.

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Belles, vous portez à quinze ans
La couronne de l'innocence:
Bientôt viennent les courtisans;
Comme les rois on vous encense.
Comme eux de piéges séducteurs
L'artifice vous environne:
Vous n'écoutez que vos flatteurs,
Et vous perdez votre couronne.
Perdre une couronne! A ces mots
Chacun doit
penser à la sienne.
Je n'ai point doublé les impôts;
Je n'ai point de noblesse ancienne.
Mon peuple, buvons de concert:
La place me paraît si bonne!
N'allez pas avant le dessert
Me faire abdiquer la couronne.

LES MISSIONNAIRES.

(1819.)

Am: Le cœur à la danse, un rigaudon zigzag.

Satan dit un jour à ses pairs:
On en veut à nos hordes.

C'est en éclairant l'univers
Qu'on éteint les discordes.
Par brevet d'invention,
J'ordonne une mission.

En vendant des prières,

Vite, soufflons, soufflons, morbleu !
Éteignons les lumières,

Et rallumons le feu.

Exploitons, en diables cafards,
Hameau, ville et banlieue.
D'Ignace imitons les renards,
Cachons bien notre queue.
Au nom du Père et du Fils,
Gagnons sur les crucifix.

En vendant des prières, etc.

Que de miracles on va voir,
Si le ciel ne s'en mêle!
Sur des biens qu'on voudrait ravoir,
Faisons tomber la grêle.

Publions que Jésus-Christ:

Par la poste nous écrit.

En vendant des prières, etc.

Chassons les autres baladins;
Divisons les familles.

En jetant la pierre aux mondains,
Perdons femmes et filles;

(bis.)

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Que tout le sexe enflammé
Nous chante un Asperges me.

En vendant des prières, etc.
Par Ravaillac et Jean Châtel,

Plaçons dans chaque prône,
Non point le trône sur l'autel,
Mais l'autel sur le trône.
Comme aux bons temps féodaux,
Que les rois soient nos bedeaux.
En vendant des prières, etc.
L'intolérance, front levé,
Reprendra son allure:

Les protestans n'ont point trouvé
D'onguent pour la brûlure:

Les philosophes aussi

Déjà sentent le roussi.

En vendant des prières, etc.

Le diable, après ce mandement,
Vient convertir la France.
Guerre au nouvel enseignement,
Et gloire à l'ignorance!
Le jour fuit, et les cagots
Dansent autour des fagots.
En vendant des prières, etc.

LE BON MÉNAGE.

AI: de la Légère.
ou Moi je flane. "

Commissaire!

Commissaire !

Colin bat sa ménagère.
Commissaire,

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Laissez faire;

Pour l'amour

C'est un beau jour.
Commissaire du quartier,
Cela point ne vous regarde;
Point n'est besoin de la garde
Qu'appelle en vain le portier.
Oui, Colin bat sa Colette;
Mais ainsi, tous les lundis,
L'amour, aux cris qu'elle jette,
S'éveille dans leur taudis.
Commissaire! etc.

Colin est un gros garçon
Qui chante dès qu'il s'éveille.
Colette, ronde et vermeille,
A la gaîté du pinson.

Chez eux la haine est sans force;
Car tous deux de leur plein gré,
Pour se passer du divorce,
Se sont passés du curé.
Commissaire! etc.

Bras dessus et bras dessous,
Chaque soir à la guinguette,
S'en vont Colin et Colette
Sabler du vin à six sous.
C'est pour trinquer sous l'ombrage
Où, sans témoin, fut passé

Leur contrat de mariage

Sur un banc qu'ils ont cassé.
Commissaire! etc.

Parfois, pour d'autres attraits,
Colin se met en dépense;
Mais Colette a pris l'avance,

Et s'en venge encore après.

On aura fait quelque conte,
Et de dépit transportés
Peut-être ils règlent le compte
De leurs infidélités.

Commissaire! etc.

Commissaire du quartier,
Cela point ne vous regarde;
Point n'est besoin de la garde
Qu'appelle en vain le portier.
Déjà, sans doute, on s'embrasse,
Et dans son lit, à loisir,
Demain, Colette un peu lasse,
Ne s'en prendra qu'au plaisir.
Commissaire! etc.

LE CHAMP D'ASILE.
(AOUT 1818.)

AIR : Romance de Bélisaire. (Par GAHAT.)

Un chef de bannis courageux, Implorant un lointain asile, A des sauvages ombrageux Disait : « L'Europe nous exile. >> Heureux enfans de ces forêts, >> De nos maux apprenez l'histoire : >> Sauvages! nous sommes Français, >> Prenez pitié de notre gloire. » Elle épouvante encor les rois, >> Et nous bannit des humbles chaumes » D'où sortis pour venger nos droits, >> Nous avons dompté vingt royaumes. >> Nous courions conquérir la paix » Qui fuyait devant la victoire.

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