L'ERMITE ET SES SAINTS.
COUPLETS ADRESSÉS A M. DE JOUY, LE JOUR DE SA FÊTE.
AIR: Rassurez-vous, ma mie.
On va rouvrir la Sorbonne ; L'Église attend ses décrets. On ne brûle encor personne, Mais les fagots sont tout prêts. Par bonheur, chez nous habite Un saint d'un esprit plus doux. Ermite, bon ermite, Priez, priez pour nous!
Des prêtres, grands catholiques, L'ont instruit à servir Dieu. Il tient aux mêmes reliques Qu'aimait l'abbé de Chaulieu. A l'amour sa muse invite : Par lui nous serons absous. Ermite, etc.
Rabelais, ce fou si sage Lui légua, par parenté, Un capuchon dont l'usage En fait un sage en gaîté. Contre la gent hypocrite Voyez son malin courroux. Ermite, etc.
Ce n'est tout son patrimoine; Car, pour être chansonnier, De Lattaignant, gai chanoine, Il choisit le bénitier.
Mais de ses refrains, qu'on cite,
Lattaignant serait jaloux. Ermite, etc.
Il lui manquait un bréviaire : Le bon ermite, à dessein, Prit les œuvres de Voltaire, Qui se disait capucin.
Grace à l'auteur qu'il médite,
Il sait charmer tous les goûts.
De tels saints suivant les traces Sur son gai califourchon, Il laisse fourrer aux Graces Des fleurs sous son capuchon. A l'aimer tout nous invite; Avec lui sauvons-nous tous. Ermite, etc.
MON PETIT COIN.
Am: du Vaudeville de la Petite Gouvernante.
Non, le monde ne peut me plaire; Dans mon coin retournons rêver. Mes amis, de votre galère
Un forçat vient de se sauver. Dans le désert que je me trace, Je fuis, libre comme un Bédouin. Mes amis, laissez-moi, de grace, Laissez-moi dans mon petit coin. Là, du pouvoir bravant les armes, Je pèse et nos fers et nos droits. Sur les peuples versant des larmes, Je juge et condamne les rois. Je prophétise avec audace
L'avenir me sourit de loin. Mes amis, etc.
Là, j'ai la baguette des fées; A faire le bien je me plais. J'élève de nobles trophées; Je transporte au loin des palais. Sur le trône ceux que je place D'être aimés sentent le besoin. Mes amis, etc.
C'est là que mon ame a des ailes : Je vole, et, joyeux séraphin, Je vois aux flammes éternelles Nos rois précipités sans fin. Un seul échappe de leur race; De sa gloire je suis témoin. Mes amis, etc.
Je forme ainsi pour ma patrie Des vœux que le ciel entend bien. Respectez donc ma rêverie : Votre monde ne me vaut rien. De mes jours, filés au Parnasse, Daignent les Muses prendre soin! Mes amis, etc.
LE SOIR DES NOCES. AIR: Zon! ma Lisette, zon! ma Lison.
L'hymen prend cette nuit Deux amans dans sa nasse. Qu'au seuil de leur réduit Un doux concert se place. Zon! flûte et basse ! Zon! violon!
Zon! flûte et basse! Et violon, zon! zon!
Par ce trou fait exprès Voyons ce qui se passe. L'épouse a mille attraits, L'époux est plein d'audace. Zon! flûte et basse! etc.
L'épouse veut encor
Fuir l'époux qui l'embrasse ; Mais sur plus d'un trésor Le fripon fait main basse. Zon! flûte et basse! etc.
Elle tremble et pâlit Tandis qu'il la délace. Il va briser le lit; Il va rompre la glace.
Zon! flûte et basse! etc.
Mais, pris au trébuchet, L'époux, quelle disgrace! De l'oiseau qu'il cherchait N'a trouvé que la place. Zon! flûte et basse! etc. La belle, en sanglotant, Se confesse à voix basse. D'un divorce éclatant Tout haut il la menace.
Zon! flûte et basse! etc. Monsieur jure après nous; Mais qu'à tout il se fasse. Du livre des époux
Il n'est qu'à la préface.
Zon! flûte et basse ! etc.
L'INDÉPENDANT.
AIR: Je vais bientôt quitter l'empire.
Respectez mon indépendance,
Esclaves de la vanité ;
C'est à l'ombre de l'indigence Que j'ai trouvé la liberté. (bis.) Jugez, aux chants qu'elle m'inspire, Quel est sur moi son ascendant. (bis.) Lisette seule a le droit de sourire Quand je lui dis: Je suis indépendant, Je suis, je suis indépendant.
Oui, je suis un pauvre sauvage Errant dans la société ;
Et pour repousser l'esclavage, Je n'ai qu'un arc et ma gaîté. (bis.) Mes traits sont ceux de la satire : Je les lance en me défendant. (bis.) Lisette seule a le droit de sourire Quand je lui dis: Je suis indépendant, Je suis, je suis indépendant.
Chacun rit des flatteurs du Louvre, * Valets, en tout temps prosternés, Dans cette auberge qui ne s'ouvre des passans couronnés. (bis.)
On rit du fou qui sur sa lyre
Chante à la porte en demandant. (bis.)
Lisette seule a le droit de sourire
Quand je lui dis: Je suis indépendant, Je suis, je suis indépendant. Toute puissance est une gêne : Oh! d'un roi que je plains l'ennui! C'est le conducteur de la chaîne;
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