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lac Travers () (voir fig. n° 2); la branche orientale est celle qu'il a remontée; la branche occidentale (West fork of the Mississippi) sort du lac Itasca par un ruisseau, qui est, écrit le lieutenant Allen, large de 20 pieds et profond de 2 pieds".

En 1836, un Français qui avait été professeur de mathémathiques au lycée Louis-le-Grand et que les circonstances avaient jeté en Amérique, J.-N. Nicollet, fut chargé de dresser une carte topographique des sources du Mississipi. Il partit du fort Snelling, bivouaqua aux chutes Saint-Antoine où les Sioux lui volèrent son canot et ses provisions. Ravitaillé par l'agent indien du fort SaintAntoine et accompagné d'un Français, Désiré Frouchet, et de plusieurs métis ou Indiens, il se rendit au lac Leech, s'adjoignit un autre Français, Brunel, et un guide Chippewa, et, muni d'instruments géodésiques, il arriva au lac Itasca dont il étudia avec soin les affluents. « Les eaux, dit-il, qui descendent sur le versant nord des Hauteurs de terre (c'est la partie des Hauteurs de terre qu'on nomme aujourd'hui Moraine Itasca) au sud du lac Itasca, donnent naissance à cinq ruisseaux. Ce sont ces eaux que je considère comme les sources premières du Mississipi. Il a eu le mérite de déterminer le véritable bassin de ces sources; c'est pourquoi M. Brower a donné son nom à plusieurs lieux de cette région. Sa carte confirme les données de Schoolcraft, mais elle est beaucoup plus détaillée et plus précise (voir fig. n° 3, page suivante). La branche occidentale qu'il nomme Mississipi sort d'un petit lac qu'il a désigné sous le nom de Sources du Mississipi (2), et traverse, dans une vallée marécageuse, deux petits lacs avant de tomber dans le lac Itasca, d'où il sort pour rejoindre la branche orientale à son entrée dans le lac Travers.

En 1872, un journaliste du New York Herald, Chambers, se rendit au lac Itasca, puis descendit en canot le fleuve jusqu'à son embouchure. En explorant le lac, il trouva, à l'extrémité méridionale du bras occidental, une étroite crique par laquelle il pénétra

(1) Il y en a deux, lesquelles présentent de notables différences: celle de Schoolcraft et celle d'Allen. Elles se trouvent à la page 144 et à la page 153 du rapport; nous reproduisons celle de la page 144.

(2) A sa sortie, le ruisseau avait 15 à 20 pieds de largeur et 2 à 3 de profondeur en août 1836, quand Nicollet le vit. Nicollet a trouvé comme altitude 1,680 pieds, M. Brower donne aujourd'hui 1,578. Nicollet donnait 1,575 pieds pour l'altitude du lac Itasca.

dans un petit lac auquel il donna le nom de son canot, Dolly Varden. Here then is the source of the longest river in the world, in a small lake», écrit-il. Ce petit lac, qui n'était peut-être pas encore séparé du lac Itasca à l'époque de l'exploration de Schoolcraft et qui l'est davantage aujourd'hui, a reçu définitivement le nom d'Elk lake par Brower. Le général James H. Baker, étant arpen

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Fig. 3.

Réduction de la carte topographique des sources du Mississipi et de la rivière Rouge du nord d'après des observations astronomiques et des levés faits en 1836 et 1837, par J. N. Nicollet. (The Mississippi and its sources, p. 161.)

teur général du district du Minnesota (1875-1879), fit arpenter par M. Edwin S. Hall, en 1875, la région dans laquelle se trouvent les sources. L'arpentage, suivi de la division en townships et sections, eut lieu en 1876 et sur la carte (manuscrite) du plan cadastral du « township 143, range 36" figurent le lake Itasca et au sud Elk lake. School

craft, ayant donné le nom d'Itaska au lac précédemment connu sous le nom de La Biche, le général Baker, conformément aux instructions du Gouvernement, faisait renaître ce nom en l'attribuant au petit lac que Chambers avait baptisé autrement. La carte, d'ailleurs, indiquait sans dénomination le ruisseau qu'avait exploré Nicollet.

Le pays est accidenté, très boisé, désert; on n'y voyage qu'à la manière indienne, en canot et par des portages. Peu de touristes s'y aventuraient; quelques-uns réclamaient l'honneur d'y avoir été dès 1846. L'expédition de M. Siegfried, reporter du Courier Journal de Louisville, en 1879, celle de M. Garrison, en 1880, qui fut utile pour la géologie, n'ajoutèrent rien à la topographie, non plus que celle du révérend Gilfillan, en 1881. Le premier colon civilisé qui ait vécu dans cette contrée est M. Peter Turnbull. Celui-ci s'établit en 1883 près de la rive du bras oriental du lac Itasca et y resta deux ans avec sa femme et ses enfants. Quelques autres colons imitèrent son exemple, et un commencement de route fut ouvert dans la forêt. Mais la terre était ingrate; M. Turnbull l'abandonna au bout de deux ans; les autres firent comme lui, et le pays redevint désert.

V

Tel était l'état des connaissances, lorsqu'un Américain du nom de Glazier, prenant le titre de capitaine, fit connaître par l'American meteorological Journal de Détroit (1884) et par une lettre à la Société de géographie de Londres, publiée dans le numéro de janvier 1885 (1), sous le titre de Discovery of the true source of the Mississippi by captain Willard Glazier (U. S.), et accompagnée d'une carte, qu'il avait trouvé les sources du Mississipi. Il fut conduit par un Indien qui lui avait dessiné un croquis des lacs et était arrivé au lac Itasca en canot par le chapelet de petits lacs qui s'étendent à l'ouest du lac Leech et par la branche orientale du Mississipi; en remontant la branche occidentale du lac Itasca, il avait pénétré, le 22 juillet 1881, dans un autre lac qu'il déclara être de grande étendue et qu'il plaça sur sa carte envoyée à la Société de géographie avec le nom : L. Glazier. « We were rewarded, dit-il dans sa lettre, by the discovery of another lake of considerable size,

(1) Page 23.

which proves to be, without the shadow of a doubt, the true source of the Mississippi, in lat. 47° 13′25′′.”

Or ce lac n'était autre que Elk lake, depuis longtemps connu et porté sur les cartes (). M. Glazier ne poussa pas ses investigations plus loin, mais il descendit tout le Mississipi en canot. Puis il publia, outre ses lettres, une relation de voyage: Down the Great River, dans laquelle il fit de nombreux emprunts au travail de Schoolcraft, sans le nommer.

On s'émut, au Minnesota, de la prétention injustifiable de M. Glazier. Sur un rapport du général Baker (2), la Société historique du Minnesota protesta énergiquement en accusant M. Glazier de falsification et en demandant que les noms officiels, particulièrement celui d'Elk lake, ne fussent pas changés. Au Congrès des sciences géographiques qui s'est tenu à Berne en 1891, M. Hurbbut, bibliothécaire de la Société américaine de géographie, a provoqué la formation d'une commission pour examiner la question, et, dans son rapport, il a nettement établi les faits et mis en évidence la fraude de M. Glazier (3).

La presse discuta la question (4) et même des éditeurs de livres classiques, ne voulant pas imprimer dans leurs manuels que le lac Glazier était la vraie source, envoyèrent sur les lieux M. Hopewell Clarke dont le rapport (déc. 1886) et la carte furent défavorables à M. Glazier (5).

La législation du Minnesota à laquelle la Société historique avait fait appel intervint aussi. Par un acte du 24 avril 1889, elle défendit de donner au Elk lake un autre nom sur les cartes d'école, et par un autre acte de la même année (1891), elle fit de la ré

(1) Entre autres cartes, la Military map, publiée en 1855-1856, sous la direction du lieutenant C. K. Warren. Elk lake se trouve sur la carte de l'atlas de Stieler.

(2) Ce rapport du 8 février 1887, inséré dans le tome VI de la Minnesota historical Collection, a été tiré à part et répandu à un grand nombre d'exemplaires. (3) Compte rendu du vo Congrès international des sciences géographiques tenu à Berne, annexe XXXII, p. 449. (Voir aussi la séance du 12 août, p. 73.) Un Français, M. Napoléon Ney, faisait partie de la commission.

(4) M. Hell publia en 1886 un livre avec cartes, intitulé Captain Glazier's claim to the discovery of the source of the Mississippi River.

(5) M. Brower cite M. Hopewell Clarke comme le cinquième voyageur ayant réellement fait une découverte authentique de la région des sources: 1° Schoolcraft; 2° Nicollet; 3° Chamberg; 4° Hall; 5° Hopewell Clarke. M. Brower est le sixième.

gion des sources un parc d'État, The Itasca State park, d'une super

ficie de 35 milles carrés.

La même année, la Société historique chargea M. J. V. Brower, qui venait de faire en 1888 une longue et sérieuse exploration d'amateur dans la région des sources et d'avoir une discussion à ce sujet avec M. Glazier dans la presse, de dresser une carte détaillée, topographique et hydrographique, du bassin d'Itasca. Le gouver neur nomma M. Brower commissaire du parc.

L'étude du terrain occupa plusieurs campagnes : une en octobre et novembre en 1888; trois en 1889 et trois en 1891, en tout plus de cinq mois. Le rapport de M. Brower, présenté en 1892, imprimé en 1893, avec vues photographiques et cartes, est le résultat de cette étude; il porte entre autres conclusions :

7° Le lac Elk n'est pas la source du Mississipi;

9° La véritable source est aujourd'hui The greater ultimate reservoir, le grand réservoir extrême d'où sortent la plus grande partie des eaux alimentant le lac Itasca."

C'est d'après ce rapport que nous décrivons la région des sources.

VI

Il fut un temps où tout l'espace désigné par M. Brower sous le nom de Bassin Itasca était un lac. C'est un creux de terrain large de 8 kilomètres, long d'environ 11 kilomètres, du sud au nord, limité au sud par une ancienne moraine et bordé de tous les côtés par les Hauteurs de terre. Les eaux se sont frayé un chenal par le nord, et le bassin, dont le fond était très incliné vers le nord, s'est en partie vidé, laissant de petits lacs dans les bas-fonds. (Voir la reproduction de la carte qui accompagne le rapport de M. Brower et qui porte pour titre : Detailed hydrographic and topographic chart of the Itasca State park at the Source of the Mississippi river, State of Minnesota, U. S. A. prepared under authority of an act of the Legislature, approved april 20th 1891, by J. V. Brower Commissionner, 1892.)

C'est à l'extrémité sud-ouest de ce bassin, dans le vallon occidental dit vallée de Nicollet, boisée et marécageuse, que sont les premiers réservoirs du fleuve.

A l'altitude de 1,558 pieds (473 m. 6) se trouvent, dans un premier petit bassin, le lac Hernando de Soto (20 pieds de profon

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