Billeder på siden
PDF
ePub

position à l'Université. « Il faut pardonner bien des choses à l'auteur du Roi d'Yvetot, » fut, m'a-ton assuré, le mot de Louis XVIII, qui aimait les chansons par tradition d'ancien régime, et qu'on a même accusé d'être mort avec les miennes sur sa table de nuit.

» Ce que je ferai remarquer, à propos de ce volume publié lorsque j'étais attaché aux bureaux de l'instruction publique, c'est qu'il contient le plus grand nombre de couplets qui rappellent les licences un peu cyniques de notre vieille littérature. Rien ne prouve mieux que je ne croyais pas qu'ils pussent encourir de graves reproches. Quand on m'apprit que nos vieux auteurs de l'école de Rabelais n'étaient pas des modèles à imiter, même en chansons, il était trop tard pour faire disparaître des vers qui, comme je l'ai dit ailleurs, contribuèrent à populariser ma réputation. Dès ce moment, ils appartinrent au public; les retrancher des nouvelles éditions eût été inutile; les libraires, d'ailleurs, n'eussent pas voulu y consentir, et j'avoue qu'il y en a que j'aurais fort regrettés. Au reste, convient-il à mon siècle de se montrer sévère pour des productions dont la gaieté est l'excuse, sinon même le contre-poison, lorsque le roman et le théâtre ont poussé jusqu'à l'obscénité la peinture des passions les plus brutales? La haute poésie n'a-t-elle elle-même rien à se reprocher en fait de fautes de ce genre? »

mon indigence n'y fut pas un embarras pour moi, car il ne me coûtait pas de dire : « Je suis pauvre. » Ce mot, que trop de gens hésitent à proférer, tient presque lieu de fortune, parce qu'il vous fait permettre toutes les économies et vous concilie l'intérêt de bien des femmes et par conséquent celui des salons, qu'à cet égard on a calomniés. Ne faites pas de votre pauvreté une gêne pour les autres; sachez en rire à propos, et l'on y compatira sans blesser votre orgueil. Ce que je dis là, je l'ai souvent répété à nos jeunes gens qui, trop épris du luxe aristocratique, rougissent d'en être privés. S'ils ne veulent compromettre ni leur honneur ni leur indépendance, qu'ils s'apprennent à dire : « Je suis pauvre. »

"De 1825 à 1828, vivant toujours au milieu de la société politique et de ses chefs les plus renommés, j'eus bien des fois à y faire preuve d'indépendance et de franchise. Je voyais combien la nation était plus intelligente et plus avancée que ses coryphées qui s'en croyaient l'élite, comme ne manque pas de le croire toute assemblée politique, ce qui est rarement vrai et ne l'était certes pas alors plus qu'aujourd'hui. Plusieurs de ces messieurs me remerciaient du secours que je tâchais de leur prêter; je répondais: « Ne me remerciez pas des chansons faites contre nos adversaires; remerciez-moi de celles que je ne fais pas contre vous." Dieu sait qu'il y en eût eu de bonnes et

Quant à sa manière de composer, voici ce qu'il dont les cadres m'ont souvent traversé l'esprit. en dit lui-même :

[ocr errors][merged small][ocr errors]

Le succès de son premier volume mit bien vite Béranger en relation avec les membres les plus considérés et les plus influents du parti libéral. Sa gaieté, la perspicacité de son jugement, la sûreté de son commerce, son dévouement sans réserve aux principes qu'il avait adoptés et à ses amis, le firent rechercher partout; et même dans les salons les plus brillants il sut toujours faire respecter sa pauvreté, et ne sacrifia jamais à aucune considération l'indépendance de son caractère.

« Lancé au milieu de la société la plus opulente,

Au prix de celles-ci, le gouvernement, je crois, m'eût facilement pardonné les autres. »

Ce n'étaient point seulement ses amis politiques qui recherchaient la société de Béranger, ses adversaires eux-mêmes ne laissaient guère échapper l'occasion de faire connaissance avec lui, et il nous raconte à ce sujet quelques anecdotes piquantes :

[ocr errors]

Malgré la faiblesse de ma voix et mon ignorance musicale, je chantais souvent.... Je ne me faisais pas trop prier pour chanter mes productions inédites, soit avec mes amis de l'opposition, soit même quelquefois avec les hommes attachés au gouvernement. C'était un bonheur pour moi que de servir à ceux-ci du fruit défendu. MM, de Barante, Guizot, Siméon père, Mounier et beaucoup d'autres pourraient le dire : ils m'ont entendu, à table, à côté de M. Anglès, préfet de police, leur donner l'étrenne du Bon Dieu, des Missionnaires, etc.,

etc. Un jour ce dernier reçut un rapport où on lui faisait savoir que j'avais chanté chez M. Bérard, son ami et le mien, quelques-unes de mes chansons anarchiques, comme on disait alors. Le préfet en rit beaucoup : il était du dîner. On voit que la chanson jouissait encore de certains priviléges, et qu'à cette époque les préfets de police se mòntraient parfois gens d'esprit.....

[merged small][ocr errors]

L'homme pour lequel Béranger paraît avoir professé l'attachement le plus vif, c'est Manuel, dont la mort prématurée lui causa de longs et douloureux regrets. Sa voix est encore émue quand il en parle, surtout quand il rappelle les lâchetés qu'une fraction du parti libéral commit à l'égard de l'éloquent orateur et le dédain qu'elle montra pour

sa mémoire.

» M. de Talleyrand avait exprimé plusieurs fois le désir de me rencontrer. « Que ne l'invitez-vous à dîner? lui disait un de mes amis qui savait qu'en penser. Je suis trop grand seigneur pour me faire refuser, » répondit-il en souriant. Il de« Sur son lit de mort, dit-il, il me répéta plumanda à Laffitte de le faire dîner avec moi : c'ésieurs fois en gémissant : « Vous croyez à une rétait au commencement de 1827. Je pus enfin voir volution prochaine; j'y crois aussi; mais, monami, à mon aise ce personnage si curieux à observer. où la France prendra-t-elle des hommes pour la Aussi, d'abord, je fus tout yeux et tout oreilles. Il savait que, plusieurs années avant, sollicité in- gouverner dignement? » Et je dois faire observer directement par quelqu'un du pouvoir de faire une que Manuel avait trop de franche modestie pour se chanson contre lui, j'avais répondu : « J'attends croire, en fait de capacité, au-dessus de ceux dont qu'il soit ministre. » Il ne m'en estimait pas plus il espérait si peu de chose. C'était là une des ersans doute et s'embarrassait fort peu également reurs de son esprit. Sa fin prématurée réveilla le des préventions qu'il devait croire que je nourris- souvenir de ses services et de ses vertus. Thiers sais contre lui, si tant est qu'il vît autre chose en et Mignet, qui assistaient à ses derniers moments mon humble individu qu'un objet de simple cuavec moi, firent paraître, malgré les chicanes de la riosité. Il se fit charmant pour moi et s'empressa censure, des articles où leur fidèle attachement de me parler poliment; c'est en cherchant à ré- appela les regrets de la France sur le cercueil de pondre à des réflexions malignes sur le compte du notre éloquent ami... duc d'Orléans, aujourd'hui roi, qu'il me dit ce mot tant répété : « Ce n'est pas quelqu'un, c'est quelque chose.» Après plusieurs rencontres, je pus me convaincre que, si on lui avait prêté des mots spirituels, il pouvait en prêter bien davantage aux autres. L'esprit, chez lui, n'était que la parure d'un grand bon sens, se résumant sous une forme brève et piquante. On aurait ignoré son âge et les différents rôles qu'il a joués, qu'on eût pu le deviner à tout ce qu'il y avait d'expérience dans ses paroles, relevées par ce ton parfait des gens de bonne société qui ont traversé des révolutions, que n'effarouche jamais le mauvais ton des autres. Il faut dire que sa position lui donnait un immense avantage dans les salons. A toute question il prenait le temps de répondre; il s'était fait oracle et c'était ainsi qu'on l'interrogeait, attachant une pensée à son silence, qui souvent n'était que de l'ennui ou de la paresse, son vice favori. En somme, il n'avait rien d'élevé, rien de profond, rien de généreux; parfaitement égoïste, il n'a jamais eu que son intérêt privé pour unique mobile, même de ses

"On parla de lui élever un tombeau. Mais en cela on put voir combien Manuel et Foy avaient différé. Tout ce que depuis nous avons appelé juste milieu, mot qui eût pu être inventé plus tôt, la banque surtout, s'empressa de souscrire pour élever un mausolée au général et assurer une fortune à ses enfants; pour Manuel, toutes les grosses bourses refusèrent de s'ouvrir, et l'on eut bien de la peine à recueillir neuf ou dix mille francs par souscription. »

Il règne dans les mémoires de Béranger une très-grande indulgence pour les hommes et pour les choses; on y trouve pourtant quelques pages où le poëte sort du calme habituel qu'il semble s'être imposé dans son récit : c'est lorsqu'il nous raconte en témoin oculaire la capitulation de Paris en 1814, l'entrée des alliés et, plus tard après Waterloo, les infâmes trahisons de Fouché. Il faut lire (p. 170) le récit de la scène violente qui eut lieu entre celui-ci et Durbach, il faut lire encore (p. 162 et suivantes) les menées de Bernadotte, qui avait espéré un instant monter sur le trône de

France, et qui fut bafoué de la manière la plus piquante par le comte Pozzo di Borgo. Dans ces pages où dominent l'indignation et la douleur, on voit quelle impression profonde nos désastres et notre humiliation firent sur son esprit, et l'on comprend dès lors de quel côté sa muse dut l'entraîner pendant quinze ans.

A coté de ces récits politiques, Béranger nous fournit de curieux détails sur les circonstances qui provoquèrent ou accompagnèrent la publication de ses chansons. Bien qu'il ne cherche pas à cacher la joie que lui causa la popularité qui, de jour en jour, s'attachait à son nom, et bien qu'il dût sentir la supériorité que lui donnaient sur la plupart de ses amis de l'opposition, la sagesse de son jugement et surtout son noble désintéressement, il ne parle jamais de lui qu'avec simplicité et modestie, et n'hésite pas à reconnaître les services de tout genre qu'il a reçus à diverses époques. Nous citerons, entre autres, le passage où il nous parle des conseils littéraires qu'il allait chercher de tous les côtés, passage qui tranche nettement une question encore indécise aux yeux de bien des personnes, sur l'authenticité des poésies d'André Chénier, éditées par H. de la Touche.

[ocr errors]

Dans la carrière que j'ai suivie, les conseils m'ont dû être nécessaires. J'en ai pris plus que je n'en ai demandé je veux dire qu'au lieu d'aller consulter, comme tant d'auteurs, pour obtenir, non des avis, mais des louanges, je m'appliquais, quand on me priait de chanter, à recueillir les moindres paroles, les moindres signes de ceux qui m'écoutaient, afin de reconnaître les passages qui exigeaient changement, correction ou rature entière. Je me suis cependant choisi quelques censeurs, et toujours des amis moins âgés que moi, calculant qu'il y aurait plus de profit à faire avec eux. A peu près au temps de mes débuts, Henri de la Touche me fit plusieurs fois de judicieuses observations qui m'ont rendu grand service. Aussi suis-je souvent retourné à ce vrai poëte, grand faiseur de pastiches. Je l'ai souvent appelé l'inventeur d'André Chénier, dans les œuvres duquel il est au moins pour moitié; car j'ai souvent entendu Marie-Joseph déplorer qu'il y eût eu si peu de morceaux publiables dans les manuscrits laissés par son frère. Ce qu'il y a de singulier, c'est que les vers placés à la fin du volume et que le geôlier est censé interrompre, n'aient pas ouvert les yeux des juges de sang-froid. Tout

le monde sait pourtant que ces vers sont de de la Touche, "

Ajoutons que si Béranger mentionne sans la moindre hésitation les services qu'il a reçus, il ne parle guère de ceux qu'il a rendus aux hommes de tous les partis. Espérons que d'autres un jour nous les raconteront.

Telle est en peu de mots cette intéressante biographie, pleine de discrétion et de simplicité; telle devait être celle de Béranger, et lui seul pouvait l'écrire ainsi.

J'oubliais, et j'aurais eu grand tort, de signaler un touchant épisode, que l'auteur a intitulé l'Histoire de la mère Jarry. C'est un petit chef-d'œuvre que pourraient lui envier nos meilleurs romanciers. L. RITTER.

CHRISTIAN RAUCH.

La mort vient de frapper, à l'âge de près de quatre-vingt-un ans, le célèbre sculpteur allemand, Christian Rauch, associé étranger de l'Institut de France.

Pour nous qui avons eu le bonheur de le voir et de nous entretenir avec lui, dans son atelier, à Berlin, au mois de juillet dernier, nous croyons remplir un pieux devoir en le faisant connaître à nos lecteurs.

Christian Rauch était né le 2 janvier 1777, à Arolsen, ville de la principauté de Waldeck. Comme presque tous les grands artistes, il manifesta dès sa plus tendre jeunesse un goût très-vif pour l'art qui devait l'illustrer. Il reçut ses premières leçons de Frédéric Valentin, sculpteur attaché à la petite cour du pays où il avait vu le jour; il eut ensuite pour maître Rühl, sculpteur à Cassel. Des circonstances de famille l'ayant appelé à Berlin, il y travailla, malgré son penchant exclusif pour les arts, chez un homme de loi. Mais, comme il est facile de le penser, il ne tarda pas à rentrer dans la carrière qui devait être celle de toute sa vie. Ses premiers travaux, qui datent de 1797, lui procurėrent la connaissance de puissants personnages qui le recommandèrent au prince héréditaire de Prusse, dont il reçut des marques de générosité.

En 1804, Rauch fut pris pour compagnon de voyage par le comte Sandrecky, avec lequel il parcourut le midi de la France et se rendit par Gênes à Rome; il y fut accueilli de la manière la plus bienveillante par le baron Guillaume de Humboldt, alors ministre de Prusse auprès de la cour ponti

ficale; il se lia, dans la capitale du monde chrétien, avec Lund, professeur à l'Académie des beauxarts de Copenhague, et encore avec Thorwaldsen et Canova; il s'inspira auprès d'eux des principes de son art et se fit remarquer par des ouvrages qui dénotaient déjà le haut degré de perfection où il devait arriver. Nous citerons entre autres, un bas-relief représentant Phèdre et Hippolyte, Mars et Vénus, la statue d'une jeune fille de onze ans, la statue colossale du roi de Prusse, etc.

Rauch resta à Rome jusqu'en 1811, époque où le roi Frédéric-Guillaume III l'appela à Berlin pour travailler au monument qu'il faisait élever à la mémoire de la reine Louise. Peu de temps après, le jeune sculpteur dont la santé était affaiblie, retourna en Italie, pour exécuter la statue de la reine; il y connut Cornélius et Owerbeck et accomplit sa tâche sous les yeux de ces grands artistes. Le monument de la reine Louise se voit dans le parc de Charlottenbourg, résidence située à peu de distance de Berlin. La salle du mausolée renferme deux sarcophages; sur l'un est la statue de la reine, sur l'autre celle du roi en uniforme et en manteau. Ces deux statues font le plus grand honneur au ciseau de Rauch. Toutefois, pressé de terminer le monument de la reine, l'habile sculpteur se réserva de faire, tout à son aise, une seconde statue de cette princesse ; il mit quinze ans à accomplir ce dessein, mais on peut dire qu'il en résulta un chef-d'œuvre. Cette seconde statue de marbre est placée dans une grande salle appelée autrefois le Temple des Antiques, dans le parc du Nouveau Palais à Potsdam. La reine Louise est représentée couchée sur le dos et endormie, les bras croisés sur la poitrine; l'expression de la figure est admirable et les détails sont d'une délicatesse infinie.

[ocr errors]

Mais l'œuvre de Christian Rauch qui doit le plus populariser son nom est la statue équestre du grand Frédéric, en bronze, érigée à l'extrémité des Tilleuls, à Berlin et dont on a vu une réduction au huitième à Paris, lors de l'exposition universelle de 1855. Le roi, à cheval, est représenté en habit militaire; sa tête est surmontée du chapeau à trois cornes; un riche manteau d'hermine tombe | légèrement sur ses épaules; son épée et son écharpe sont à gauche; le roi a le bras droit étendu, et sa canne historique y est suspendue.

Immédiatement au-dessous de la statue se trouvent aux quatre côtés du piédestal des figures al

légoriques représentant la Modération, la Justice, la Sagesse et la Force; puis huit bas-reliefs consacrés aux principales circonstances de la vie du grand Frédéric. Au-dessous de ces bas-reliefs on voit les groupes des généraux, des hommes d'État, des poëtes, des philosophes les plus illustres du temps. Les quatre statues qui forment les encoignures du piédestal sont équestres et représentent le prince Henri de Prusse, le feld-maréchal de Zieten, le duc Ferdinand de Brunswick et le général de Seidlitz.

L'ensemble du monument repose sur un socle de granit.

Cette statue de Frédéric, admirablement placée dans le plus beau quartier de Berlin, est d'une grande hardiesse et d'un grand effet; elle portera le nom de Christian Rauch à la postérité la plus reculée.

Le grand sculpteur a exécuté beaucoup d'autres ouvrages qui ornent Berlin et les principales villes de l'Allemagne; ainsi il a fait pour la capitale de la Prusse les statues des généraux de Scharnhorst, de Bülow-Dannevitz et de Blücher. On admire encore dans la salle blanche du château royal sa Victoire assise, en marbre de Carrare; à Munich, on remarque sur la place du Palais la statue en bronze du roi MaximilienJoseph Ier. Le roi est représenté assis sur le trône, étendant la main droite pour prêter serment à la constitution qu'il vient d'accorder à la Bavière. Sur une des places de Nuremberg s'élève la statue d'Albert Durer, œuvre du même artiste. Il a fait encore six Victoires colossales pour la Valhalla, ou Panthéon germanique, élevé auprès de Ratisbonne.

Rauch a fait, en outre, les statues de l'empereur Alexandre, du prince de Hardenberg, de Goethe, du critique Wolf, et de beaucoup d'autres personnages historiques.

On doit aussi à son ciseau un grand nombre de bustes représentant des hommes célèbres de son temps; nous avons vu dans son atelier celui de M. Alexandre de Humboldt, qui est d'une extréme ressemblance et qu'il venait d'achever. Nous croyons que son dernier ouvrage est une statue de Moïse dont nous ignorons la destination.

Rauch avait habité longtemps l'Italie, il s'y était lié avec beaucoup d'artistes français et particulièrement avec les pensionnaires de notre école de Rome; il y fit la connaissance de Pradier, de

[ocr errors]

David (d'Angers), et rendait le plus grand hommage à leur talent. Plus tard il connut Léopold Robert, avec lequel il entretint une correspondance et à qui il commanda des tableaux. Il nous disait, lorsque nous l'avons vu à Berlin l'été dernier : Ah! la France! c'est un grand et beau pays, on y cultive les arts en tout temps, sous quelque forme de gouvernement que ce soit; on y travaille toujours. Je n'ai pas vu Paris depuis trente ans; je voudrais bien y retourner, y visiter le Louvre qui vient enfin d'être terminé, mais je suis trop vieux pour cela. »

Rauch parlait parfaitement le français. Il était d'une haute stature, avait la physionomie expressive, une belle chevelure blanche, et était loin de paraître l'âge auquel il était parvenu. L'éditeur Eisen, de Cologne, a fait faire une photographie qui donne une juste idée de la personne de Rauch et de l'aspect de son atelier; c'est au même éditeur que l'on doit une photographie du monument du grand Frédéric, que Rauch nous a signalé comme la représentation la plus fidèle de son œuvre.

|

--

inférieurs à nos pères, dont les papiers vergés, papiers à la main, subsisteront quand nos papiers à la mécanique tomberont en poussière. Nous souhaitons, nous croyons même que ces chimistes se trompent; mais admettons pour un moment qu'ils aient raison, admettons que les histoires de notre temps disparaissent sans qu'on songe à les réimprimer — et, devant les assertions de nos chimistes, cette hypothèse n'est pas trop puérile, admettons tout cela: qu'arrivera-t-il de notre histoire? Les papyrus et les parchemins ne la raconteront pas à nos petits-neveux, ainsi qu'ils nous ont raconté les histoires de la Grèce, de Rome et du moyen âge. La tradition est une bavarde qui trompe le plus souvent celui qui l'écoute. Ce serait donc aux monuments, et, entre tous, aux médailles que les futurs historiens s'adresseront, et ils auront à consulter une grande quantité de ces documents, puisqu'il n'est pas d'époque qui en ait produit davantage.

Dès lors, nos médailles ne sont plus seulement les hochets qui ont amusé notre vanité et notre orgueil, elles sont encore les témoignages des sen

Rauch avait été nommé, il y a bien des années, professeur de sculpture à l'Académie des beaux-timents si divers qui nous ont agités dans les arts de Berlin. Il fut élu, en 1832, associé étranger de l'Académie des beaux-arts de France, et à la suite de l'exposition universelle de 1855, il fut promu au grade d'officier de la Légion d'honneur. Son élève, le professeur Rietschel, de Dresde, et David (d'Angers) ont fait chacun un beau buste de ce grand sculpteur.

Christian Rauch est mort à Dresde le 3 décembre 1857. Sa dépouille mortelle a été transportée à Berlin, où ses funérailles ont attiré un grand concours d'hommes distingués. Sa perte sera vivement sentie dans toute l'Allemagne, et les amis des arts dans les autres pays, s'associeront aux regrets de ses concitoyens.

A. TAILLANDIER.

soixante-dix années qui viennent de s'écouler : généreuses aspirations vers la liberté en 1789, haine de l'étranger et fanatisme en 1793; enthousiasme de tout un peuple pour un grand capitaine de 1796 à 1815, humiliations et réaction violente pendant les premières années de la Restauration, illusions dans les années qui suivent. Qu'il nous suffise de constater que nos médailles ont une importance qu'on ne peut songer à leur contester.

Un homme de goût et de talent, M. de Mercey, s'y est arrêté un moment, et bien lui en a pris. Il y a trouvé cent cinquante bonnes pages qu'il a jointes au troisième volume de ses Études sur les beaux-arts (1), sous le titre d'Histoire de

(1) Études sur les beaux-arts, depuis leur origine jusqu'à nos jours.

Tome premier Origine et filiation des arts.- L'art en Orient.- L'art égyptien.- L'art assyrien.— L'art babylonien.- L'art chez les Hébreux.- Le temple de Salomon.- L'art chez les Grecs. L'art chez les Étrusques. -L'art romain.- L'art chrétien dans les catacombes. L'art byzantin.

DE QUELQUES MÉDAILLES CONTEMPORAINES. Certains chimistes prétendent que ces papiers si épais, si brillants, si plaisants à l'œil qui servent à l'impression de nos livres de luxe et de nos livres usuels, doivent ce brillant et ce poli à un élément corrosif, et que, dans un temps plus ou moins éloigné, la pâte sera dévorée par le principe qu'ellederne en Italie. Les arts en Piémont.--La peinture en contient. Ils ajoutent que, sous le rapport de la Allemagne, dans les Flandres et en Hollande. — L'art fabrication du papier, nous sommes de beaucoup moderne en Allemagne. L'art en Espagne. La ga

Tome second: La renaissance italienne.- L'art mo

-

« ForrigeFortsæt »