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Pour tout ce qui regarde la rédaction et l'administration, s'adresser à M. LUDOVIC LALANNE, directeur-gérant.

AVIS.

MM. les abonnés dont la souscription expire avec

ce numéro, sont priés de la renouveler sans délai s'ils ne veulent pas éprouver de retard dans l'envoi

de la Revue.

SOMMAIRE.

LUD. LALANNE. Revue critique de quelques ouvrages nouveaux, 1. Mémoires inédits du duc de Luynes. Portraits de la reine Marie-Leczinska, du président

Hénault, 8.-VALLET DE VIRIVILLE. Sur la découverte, à Mayence, d'une presse attribuée à Gutenberg, 10.— A. MOURIER. Voyages littéraires sur les quais de Paris, 11.— A. DE BARTHÉLEMY. Lettre sur le blason, 13.-TAMIZEY DE LARROQUE. Mme de Sévigné, Voitaire et la Harpe, 14.— C. DEFRÉMERY. Le Gulistan de SADI, 15.-G. MASSON. Nouvelles littéraires de la Grande-Bretagne, 18. — Bulletin des ventes, 19. Bulletin bibliographique. G. NIEL. Le Paysage au salon de 1857, 20.— Œuvres complètes de SCHELLING, 20.. A. LEVY. Phönizische, etc. (études phéniciennes), 21.

Publications nouvelles. Livres français, 21.
Journaux français, 22. — Périodiques français, 23.

REVUE CRITIQUE DE QUELQUES OUVRAGES NOUVEAUX.

1 torat és lettres sont pour les jeunes professeurs l'occasion de travaux sérieux et importants. Telle est, par exemple, celle où un professeur de rhétorique au lycée de Bourges, M. E. Cougny, a pris pour sujet de ses recherches Guillaume du Vair, évêque de Lisieux, président du parlement d'Aix et deux fois garde des sceaux sous Louis XIII (1). M. Cougny l'examine à la fois comme homme politique et comme écrivain, et sous ces deux points de vue son étude est des plus approfondies; mais son admiration est si vive qu'il la fera, à ce que nous croyons, partager à peu de gens. Du Vair, comme homme d'État, fut avant tout un honnête homme, assez adroit pour se tirer d'affaire au milieu des troubles de la Ligue, en servant, autant qu'il le pouvait, la cause royale. S'il faut l'en croire, ce fut lui qui, député aux États de 1593, fit rendre par le parlement de Paris le fameux arrêt en faveur de la loi

salique, arrêt qui contribua puissamment à la ruine du projet conçu par l'Espagne de faire monter une infante sur le trône de France. L'habileté qu'il déploya dans diverses missions et entre autres comme président au parlement de Provence, le fit choisir pour garde des sceaux sous la régence de Marie de Médicis ; mais,

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Tel brille au second rang qui s'éclipse au premier.

Je ne sais réellement par où commencer. Ma table est encombrée de livres qui attendent patiemment et quelques-uns, hélas! depuis fort longtemps, que la Correspondance leur donne l'asile qu'elle leur a promis. Tout y est un peu pêle-mêle, et m'offre assez bien l'image de l'état actuel de la république des lettres - peu d'ouvrages originaux, mais en revanche beaucoup d'ouvrages d'érudition, des réimpressions, des traductions, des dictionnaires, des récits de voyages, etc. Décidons-nous et parlons d'abord histoire. Chaque année les thèses soutenues pour le doc- impériale. Paris, Durand, 282 p. in-8.

Jamais homme, dit Richelieu, ne vint en cette charge avec plus de réputation et ne s'en acquitta avec moins d'estime; si bien que le choix qu'on fit de sa personne ne servit qu'à faire connaître la différence qu'il y a entre le Palais et la cour, entre rendre la justice aux particuliers et la conduite des affaires publiques. »-Si sévère qu'il soit, ce jugement nous semble avoir été ratifié par l'histoire.

1857.

(1) Guillaume du Vair, étude d'histoire littéraire, avec des documents nouveaux, tirés des manuscrits de la Bibliothèque

1

Les Euvres de du Vair, publiées quatre ans après sa mort en 1625, ne forment pas moins de 1,200 pages in-folio. M. Cougny a eu le courage non-seulement de lire, mais d'analyser les traités religieux ou philosophiques, les arrêts, harangues, etc., qui composent cet énorme volume. De cet examen que peu de personnes ont fait avant lui et que peu d'autres recommenceront, il est résulté pour lui la conviction que du Vair, si oublié aujourd'hui comme écrivain, « est le vrai centre de l'époque intermédiaire entre Amyot et Pascal, et que, chez lui, la grande manière du XVIIe siècle s'allie à la verve gauloise du xvio.» — M. Cougny a fait de nombreuses citations à l'appui de son dire, et elles suffiront amplement à mettre le lecteur à même de ratifier ou de condamner une appréciation que nous trouvons beaucoup trop enthousiaste.

M. Cougny cite souvent dans son livre un écrit conservé à la Bibliothèque impériale, parmi les manuscrits du Puy et Bouhier, sous le titre de Anecdotes tirées de la bouche de M. du Vair. Il a émis à ce sujet deux assertions que je ne puis laisser passer sans les contredire. D'abord cet écrit est connu depuis fort longtemps, et ce n'est pas seulement dans l'Athenæum français qu'il en a été publié quelques extraits. Le Laboureur en a fait un usage assez considérable dans ses Additions aux mémoires de Castelnau. De plus, M. Cougny me semble se tromper grandement en regardant ces fragments décousus, sans récit suivi, comme des mémoires de du Vair. Ces notes, souvent à peine rédigées, ont pour auteur, non point du Vair, mais le célèbre Peiresc. L'examen attentif du texte le prouve suffisamment. Il y a des paragraphes commençant ainsi : Tel jour, présentes telles et telles personnes (et entre autres Peiresc), M. du Vair a dit telles et telles choses. Nous n'accordons absolument au garde des sceaux que d'avoir conté à Peiresc un certain nombre d'anecdotes, que celui-ci consigna par écrit, tant bien que mal, et à la rédaction desquelles le magistrat resta complétement étranger. La publication du manuscrit, qui doit avoir lieu dans quelques semaines (1), le démontrera surabondamment.

Quoi qu'il en soit, le livre de M. Cougny, bien

(1) Dans un volume de la Bibliothèque elzevirienne, à la suite des Mémoires de Marguerite de Valois.

écrit, bien composé, est une étude littéraire trèsinstructive.

Un autre prélat, qui fut aussi homme d'État, et qui, s'il fut plus habile et plus illustre que du Vair, n'a pas laissé, à beaucoup près, une aussi bonne réputation, le chancelier du Prat, vient d'être l'objet d'un important travail de la part d'un de ses descendants, M. le marquis du Prat, qui a cherché dans un beau volume (1) à réhabiliter une mémoire que les écrivains calvinistes ont surtout contribué à flétrir. Les sources originales et manuscrites ont été fouillées par lui et commentées avec un soin minutieux, et il a su nous donner un nombre assez considérable de pièces inédites et intéressantes pour que son livre soit désormais consulté par tous ceux qui auront à s'occuper du règne de François Ier. Et si l'auteur ne parvient pas toujours à nous faire partager son opinion sur la moralité et sur le désintéressement du chancelier, au moins a-t-il fait ressortir d'une manière incontestable la rare intelligence, la profonde habileté déployées par celui-ci dans le maniement des affaires publiques, et qui expliquent suffisamment son élévation aux premières fonctions de l'État, et l'influence considérable qu'il exerça de son temps.

La collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, qui doit figurer dans la Bibliothèque elzevirienne, et comprendre plus de 200 volumes, dont 80 environ seront inédits, a été dignement inaugurée par les mémoires de Campion, dont nous nous réservons de parler plus longuement, et par les Mémoires et journal inédit du marquis d'Argenson (2), mis en ordre et annotés par M. le marquis d'Argenson. Le XVIIIe siècle est, jusqu'à présent du moins, l'une des époques de nos annales les plus stériles en mémoires historiques, contraste assez singulier pour un siècle qui a été par excellence le siècle des gens de lettres. Saint-Simon à Bachaumont on ne possédait, il y a quinze ans, rien ou presque rien. Le journal de l'avocat Barbier, dont le huitième et dernier volume a paru il y a quelques jours à la librairie Charpentier, vient combler cette lacune (3). Mais

De

(1) Vie d'Antoine du Prat. Paris, Techener, 1857, XVI et 460 p. in-8, avec portrait.

(2) 4 vol. in-18.

(3) Ce huitième volume contient la fin du journal, une excellente table des matières, un curieux Journal de po

l'auteur de ce journal s'est principalement occupé | l'Université de Padoue, où il professait depuis dixdes luttes incessantes du parlement avec la royauté, sept ans, «l'invite, pour le reste de ses jours, à et ce n'est là qu'un côté de l'histoire du XVIIIe enseigner les mathématiques dans l'école publique siècle. Barbier, parfaitement renseigné pour tout de ladite ville de Padoue, avec la paye annuelle ce qui concerne les affaires de la magistrature, du de mille florins. " Palais et de l'administration à Paris, n'est guère au courant des intrigues de la cour et du mouvement des idées nouvelles, qui entraînait, presque malgré eux, les hommes politiques vers les améliorations et vers les réformes. C'est là ce qu'il faut chercher, et ce qu'on trouve dans les écrits | du marquis d'Argenson, qui sème à pleines mains les anecdotes, scandaleuses ou non, mais d'une | authenticité incontestable et, qui, philosophe et homme d'État, est, sur beaucoup de points, plus avancé, non-seulement que son siècle, mais que le nôtre. Il offre une lecture des plus intéressantes, car l'originalité du style ne cède en rien à l'origi

nalité des idées.

Le tome VII des Variétés historiques et littéraires (1), par M. Ed. Fournier, est un instructif et parfois très-divertissant pêle-mêle de pièces du xvre, du XVII et même du XVIIIe siècle. A côté de drôleries, comme la Faiseuse de mouches, l'Archi-sot, les Plaisantes ruses et cabales de trois bourgeoises de Paris, l'Histoire du poëte Sibus; à côté de pamphlets, comme les Vertus et propriétés des Mignons, le Canard qui mange cinq de ses frères et qui est mangé à son tour par un colonel, se trouvent des pièces qui ont un véritable intérêt historique, comme la Requeste présentée au parlement, à propos de l'enchérissement des loyers, le Discours sur les causes de l'extrême cherté qui est aujourd'hui en France (1586), la défaite des croquants par le maréchal de Thémines, etc. Tout cela est curieusement et souvent très-longuement annoté par l'habile éditeur.

On sait de quelle réputation ont joui au xvi et au XVIIe siècle, non-seulement en Italie, mais encore en France, les Piacevoli notti de Straparola da Caravaggio. Les éditions originales, c'està-dire du temps, sont rares et se vendent fort cher. Il en est à peu près de même des traductions françaises, ou, pour mieux dire, de la traduction commencée par Jean Louveau et conti

Je dirai franchement à M. A. Baschet que je n'aime guère la forme qu'il a donnée à son livre, Souvenirs d'une mission. Les Archives de la sérénissime république de Venise (1). J'avoue que je l'aurais très-bien dispensé du récit qu'il nous fait de ses impressions personnelles en visitant Berlin, Vienne et Venise. A part cette petite critique, son volume, qui n'est que le prélude d'une publication plus considérable, présente des renseignements curieux. Après avoir tracé en quelques pages l'histoire de la formation des archives vénitiennes, il passe à l'examen des archives des confréries et des corporations, des réforma-nuée par Larivey. M. Jannet a donc eu une teurs de l'Université de Padoue, des magistrats préposés à la santé publique, des exécuteurs contre les blasphèmes et les scandales; chemin faisant, il a cité de nombreux passages de documents, la plupart fort intéressants. Nous mentionnerons entre autres une pièce relative à Galilée, que je me garderai bien d'appeler, avec M. Baschet, un sublime héros dans les sciences exactes. » C'est un décret daté du 25 août 1609 par lequel le sénat, en récompense des services qu'il a rendus dans

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lice, une traduction du texte de la célèbre bulle Unigenitus, et le piquant mémoire contre la noblesse publié pour le parlement lors de sa fameuse dispute avec les ducs et pairs.

(1) Paris, Amyot, et Venise, Hermann Fr. Münster, 1857, XXVIII et 112 p. in-8. Le volume est imprimé à Venise, aussi il ne faut pas rendre l'auteur responsable de l'incorrection typographique qui y règne.

|

excellente idée de réimprimer cette vieille translation (2) d'un gai et parfois très-licencieux auteur, qui a puisé partout, et que, par un juste retour des choses d'ici-bas, on a mis de tous côtés à contribution; car c'est là, depuis le commencement des choses, le cercle éternel dans lequel roulent les fabliers et les conteurs, débiteurs aujourd'hui et créanciers demain. M. Jannet, qui s'est chargé lui-même de cette nouvelle édition, l'a enrichie d'un excellent Tableau des variantes, des sources et des imitations des treize nuits de Straparole. Rien n'est plus instructif que ce travail, qui suffirait à prouver, s'il en était besoin encore, à quel point notre littérature du moyen âge

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était populaire en Europe. L'éditeur a eu soin en même temps de donner, soit les variantes que lui ont fournies les anciennes éditions du texte italien, soit les corrections plus ou moins heureuses que Larivey avait cru devoir faire à la prose ou aux vers de la traduction de son devancier.

de Thésée à l'égard d'Hippolyte. Lucinien est
condamné à mort, et il semblait perdu, quand
arrivent successivement sept sages, qui font dif-
férer le supplice en racontant chacun une aven-
ture. Enfin Virgile apparaît à son tour,
Virgiles, li prous, li saige....

qui s'écrie :

Cel innocent n'occirez pas.

Puis après avoir, lui aussi, raconté une petite

plique. La princesse subit la peine de son crime, et l'auteur, après nous avoir fait assister à la mort de Dolopathos et de Virgile, nous montre Lucinien converti au christianisme par un disciple de JésusChrist.

Au nombre des sources où a puisé Straparole, figure une célèbre composition du moyen âge, le roman de Dolopathos, poëme d'environ quatorze mille vers de huit syllabes, que MM. C. Brunet et A. de Montaiglon viennent de publier pour la pre-histoire, il rend la parole à Lucinien. Tout s'exmière fois en entier (1), d'après les deux manuscrits de la Bibliothèque impériale. Signalé dès la fin du XVIe siècle, par le président Fauchet, ce long roman, dont une analyse fort incomplète parut en 1760, dans le Conservateur, a été de nos jours l'objet de travaux assez étendus de la part de divers savants, et entre autres de MM. Daunou et Leroux de Lincy. C'est donc un véritable service que les nouveaux éditeurs viennent de rendre à la littérature du moyen âge en publiant ce poëme que l'on a longtemps, et à tort, confondu avec le Roman des Sept sages.

L'auteur du Dolopathos, nommé Herbers, vivait dans la première moitié du XIIIe siècle, à ce que nous paraît démontrer, dans sa très-bonne introduction, M. de Montaiglon, qui conjecture, avec toute vraisemblance, que le poëme a été écrit de 1222 à 1225. Herbers se donne lui-même comme n'étant que le traducteur d'un roman latin, composé par un moine de Cîteaux, et que M. de Montaiglon croit perdu.

Voici, en deux mots, l'analyse du poëme. Dolopathos, roi de Sicile, est mandé à la cour d'Auguste pour se justifier d'accusations portées contre lui. Le César, après avoir reconnu l'injustice des plaintes et châtié les calomniateurs, marie le roi, qui, devenu père, envoie son fils, Lucinien, à Rome auprès de Virgile. Le jeune homme y séjourne longtemps, et est enfin rappelé par le roi qui, devenu veuf, a convolé en secondes noces. Virgile, en se séparant de son élève, lui fait promettre de ne pas parler jusqu'à ce qu'il lui en donne la permission. De retour chez Dolopathos, Lucinien inspire à sa belle-mère une passion qu'il repousse, et la reine, pour se venger, agit comme Phèdre auprès

(1) Li romans de Dolopathos. Paris, Jannet (Bibliothèque elzevirienne), 1 vol.

On voit que la trame de ce poëme est tout orientale, et les éditeurs ont eu soin de signaler les analogies que présentent quelques-unes de ses parties avec différents recueils orientaux, entre autres avec les Paraboles de Sendabar.

Les notes placées au bas des pages sont trèssuffisantes pour résoudre les difficultés du texte, et en tête est placé un sommaire, qui permet de retrouver sans peine les principaux épisodes du poëme.

Ne quittons pas les conteurs sans annoncer le second et dernier volume du Roman comique, si bien publié par M. V. Fournel, et sans dire quelques mots de l'édition de la Fontaine, dont M. MartyLevaux commence la publication par le tome II, c'est-à-dire par les Contes. A en juger par le volume que nous avons sous les yeux, le texte de cette édition, à laquelle il travaille avec amour depuis plusieurs années, offrira la reproduction rigoureuse de la dernière édition publiée sous les yeux de la Fontaine; l'éditeur a poussé le scrupule jusqu'à reproduire les moindres variations orthographiques. Nous sommes donc bien sûrs cette fois d'avoir le vrai texte du grand poëte, car M. Marty-Lavaux l'a purgé de singulières fautes, dont voici un échantillon: Jusqu'ici on a réimprimé, dans le poëme du Quinquina, ce vers insignifiant:

On n'exterminoit pas la fièvre, ou la laissoit,
l'édition originale porte :

tandis

que

On n'exterminoit pas la fièvre, on la lassoit.

Le second volume des Euvres complètes de Ronsard, publiées par M. Prosper Blanchemain,

contient les odes du célèbre gentilhomme vendomois. Pour le texte l'éditeur a suivi l'édition princeps donnée par Ronsard lui-même en 1560, et il y a ajouté les variantes importantes fournies par les éditions postérieures. Il a reproduit soigneusement les avis au lecteur, préface et avertissement où le poëte a exposé ses doctrines littéraires et grammaticales et parlé, entre autres, d'une manière fort intéressante du système orthographique de Louis Maigret, « homme de sain et parfait jugement qui a le premier osé désiller les yeux pour voir l'abus de notre écriture. » M. Blanchemain a reproduit aussi, et il a bien fait, les notes assez nombreuses jointes par Ronsard lui-même à son texte; nous regretterons seulement qu'il en ait si peu ajouté lui-même, particulièrement sur les personnages dont il est question dans les odes.

Les lettres de Mozart, de son père et de sa famille, n'avaient jusqu'à présent jamais été traduites en français; c'est un chanoine, M. Goschler, qui s'est chargé de nous rendre ce service (1). Mais pourquoi avoir donné à son livre le titre de Vie d'un artiste chrétien au XVIIIe siècle? Que Mozart fût profondément religieux, que sa foi fût sincère, sa piété tendre et naïve, personne n'y contredira; mais c'est nous donner la plus fausse idée de cette charmante correspondance que de la présenter à un point de vue aussi exclusif; car, comme on doit s'y attendre, l'art y tient la première et la plus large place, le reste n'y vient qu'en seconde ligne. Quoi qu'il en soit, ce recueil, qui comprend vingt-cinq années (1762-1787), est d'une lecture on ne peut plus attachante. Qu'elles soient du père ou du fils, les lettres sont en général vives, spirituelles, écrites avec abandon, et contiennent les particularités les plus curieuses sur l'immortel auteur de Don Juan. Il y en a même quelques-unes qui ne manquent pas d'un certain intérêt historique : nous signalerons, par exemple, celles qui sont relatives au voyage| fait par le père de Mozart à la cour de Louis XV, où son fils alors âgé de sept ans, obtint les plus brillants triomphes.

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M. Goschler a eu la bonne idée de terminer son volume par un catalogue détaillé des œuvres de

(1) Mozart. Vie d'un artiste chrétien au XVIIIe siècle, extraite de sa correspondance authentique, traduite et publiée pour la première fois en français. Paris, Douniol, 1857, VIII et 352 p. in-8.

| Mozart, dont la fécondité égalait le génie. On y apprend que de sept à douze ans il avait composé une centaine de morceaux, entre autres treize symphonies, quinze à vingt sonates, deux opéras, deux messes, etc.

Les voyages ne doivent pas être oubliés dans cette revue rapide des dernières productions des presses françaises, et c'est avec plaisir que nous annonçons le dernier volume des Voyageurs anciens et modernes (1), publié par M. Édouard Charton. Ce volume, qui, pour la rédaction et l'exécution matérielle, est aussi remarquable que les précédents, contient les voyages du Français Jacques Cartier, de Drake, de Barentz, Mendana, Queiros, Pyrard de Laval, Bougainville, Cook, et se termine avec La Pérouse. On voit que toutes les grandes nations maritimes y sont représentées. Le texte et les planches qu'on rencontre presqu'à chaque page, sont puisés aux meilleures sources. Les notes sont excellentes, et à la fin de chaque chapitre se trouve une bibliographie fort étendue. Aussi l'Académie française n'a-t-elle fait qu'un acte de justice en accordant un prix à cet ouvrage; c'était bien le moins qu'elle payât enfin sa dette à l'homme de cœur et de talent qui, depuis vingt-cinq ans, dirige avec une si persévérante habileté le Magasin pittoresque. Plût au ciel que ses récompenses fussent toujours aussi bien placées ! Un volume, qui n'est plus un recueil de voyages, mais seulement le récit d'une excursion de touriste, est celui qu'un spirituel écrivain, M. Louis Enault, vient de publier à la librairie Hachette (2). Ce n'est plus l'Orient, ce n'est plus la terre du soleil qu'il nous décrit aujourd'hui, c'est la terre des neiges et des glaces, c'est la Norwége et la Laponie. Son livre, divisé en huit chapitres (Christiana Le Mjösen et le Gulbrandsdal- les Paysans Trondhjem Scènes et paysages Chez les Lapons Bergen - le Cap Nord), offre tout à la fois l'exactitude et l'in-. terêt d'un guide et l'attrait d'un récit fait par un voyageur intelligent et qui sait raconter ses impressions. De plus, à l'agréable M. Louis Énault a su joindre l'utile, en entremêlant de renseignements historiques, administratifs et statistiques les tableaux pittoresques qu'il nous a tracés.

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(1) T. IV, Voyageurs modernes, XVI, XVII et XVIIIe siècle. Paris, 30, rue Jacob, in-4, fig.

(2) La Norwége.

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