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proviennent la presque totalité de ces passages; de ce genre; mais, après eux, il reste encore à il en est cependant dont l'origine est encore igno- | faire. rée. M. Payen énumère, en ce genre, neuf citations latines, une italienne et trois françaises. Une de celles-ci se compose d'une tirade entière de quinze vers (liv. II, chap. 12), et il nous semble qu'elle ne peut rester longtemps inconnue; il y a maintenant trop de personnes occupées à fouiller la littérature du XVIe siècle.

Donnons quelques exemples de ces desiderata: On lit dans les Essais, liv. I, chap. 9: « Un ancien Père dit que nous sommes mieux en la compagnie d'un chien connu qu'en celle d'un homme duquel le langage nous est inconnu. » Quel est ce Père? Est-ce vraiment un des Pères de l'Église? Nous croyons nous rappeler que saint Augustin a fait observer que la différence de langage rendait inutile la conformité de l'organe de la parole chez tous les hommes.

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Le jour de la mort, c'est le maître jour; c'est celui, dit un ancien, qui doit juger de toutes mes années passées» (liv. I, chap. 18). Quel est le moraliste ancien qui s'exprimait ainsi ?

« Un empereur mourut de l'égratignure d'un peigne en se testonnant » (liv. I, chap. 19). Quel est l'empereur auquel arriva cette fin étrange?

Nous avons essayé de donner satisfaction à quelques-uns des desiderata de M. Payen, ou du moins mettre sur la voie de résoudre la difficulté; mais nous nous bornerons à consigner ici deux des notes relatives à notre travail en ce genre.

A la page 10, M. Payen signale un usage du Pegu mentionné par Montaigne, d'après un Vénitien qui y a séjourné longtemps. Nous engagerons le savant investigateur à consulter un ouvrage rare, imprimé chez les Aldes, en 1543: Viaggi fatti da Vinetia alla Tanna, in Persia, in India, et réimprimé en 1545. Peut-être y trouvera-t-il l'allégation contenue dans les Essais (liv. I, ch. 35).

Quant aux nombreux exemples d'usages contraires aux nôtres, que Montaigne mentionne (au commencement du chap. 22 du Ier livre) comme existant chez divers peuples, nous pensons, comme M. Payen, qu'il serait intéressant de connaître le plus grand nombre possible des sources où a puisé Montaigne, et les relations de voyage, les géographes du xvi siècle, nous ont déjà procuré bien des assertions (parfois d'une exactitude douteuse) conformes à celles qu'a accumulées le philosophe périgourdin. Nous ne voulons pas d'ailleurs aborder ce sujet, qui sortirait des bornes où nous devons nous circonscrire aujourd'hui, et que nous traite

Au livre I, chap. 40, et au livre II, chap. 12, Montaigne parle d'un philosophe qui se creva les yeux pour philosopher à son aise. Ce philosopherons d'une façon spéciale. est Démocrite, selon Cicéron (De Finibus, V, 29) et Aulu-Gelle, X, 17. Ajoutons que l'extrême Orient fournit dans ses légendes un fait du même genre: le législateur divin des Siamois, SommonaCodom, s'arracha les yeux pour être moins distrait par les objets extérieurs (1).

Montaigne invoque souvent l'autorité de Platon, d'Aristote, de Plutarque et d'autres anciens auteurs, parfois aussi celle de l'Écriture sainte; mais on n'a pas retrouvé, dans les écrivains qu'il cite, les opinions ou les paroles qu'il leur prête. Des recherches plus approfondies feront-elles découvrir des passages que le philosophe gascon a un peu modifiés, ou bien, citant souvent de mémoire, a-t-il mis un nom pour un autre? C'est ce qu'il ne serait pas indifférent de rechercher. De fort habiles annotateurs, Coste et M.-V. Leclerc, notamment, ont déjà éclairci bien des points

Le nombre des points restés obscurs et qui provoquent un appel de la part de M. Payen s'élève à 109; il est, nous le croyons, dans les Essais bien d'autres allusions à des faits historiques, bien d'autres résultats des lectures de Montaigne qu'il faudrait éclaircir, et que les commentateurs ont passés sous silence, ou qu'ils ont très-insuffisam

ment annotés.

Nous nous en tiendrons à deux exemples pris entre mille, et que le premier livre des Essais nous fournira: la harangue composée par le cardinal du Bellay et substituée à celle qu'avait préparée Poyet lors de l'entrevue du pape Clément et de François Ier à Marseille (chap. X); l'opinion de la reine de Navarre, Marguerite, au sujet de la politesse à déployer lors de la visite d'un grand personnage (chap. XIII).

Tout ceci sera d'ailleurs certainement éclairci, en pleine connaissance de cause, dans l'édition (1) Dictionnaire historique des cultes religieux. Paris, qu'élabore M. Payen avec une patiente assiduité, 1770, t. III, p. 180. et dans laquelle il déposera tous les résultats de

ses infatigables études. Nous espérons qu'il y joindra une vie de Montaigne (existence qu'il suivie du berceau jusqu'à la tombe) et une notice bibliographique à laquelle pourra servir de base celle qu'il a publiée en 1837, et qu'il augmentera d'une foule de détails nouveaux, la rendant ainsi aussi complète que possible. Nous avons, de notre côté, noté, dans le cours de nos lectures, bien des choses relatives à la bibliographie de Montaigne, et nos investigations, s'étendant à travers des ouvrages qu'on consulte assez rarement, nous ont mis en possession de nombreux détails que M. Payen a sans doute découverts de son côté, mais que sa première notice ne signale pas.

Qu'il nous soit permis de placer ici un échantillon de ces petites découvertes.

L'Almanach des Muses, Paris, an VIII, p. 277, donne une analyse assez étendue d'une comédie de Guy, Michel Montaigne, en cinq actes et en vers, représentée le 22 brumaire an VII; elle fut froidement accueillie, et ne paraît pas avoir été imprimée; du moins la France littéraire de M. Quérard ne la cite point parmi les productions de cet écrivain oublié.

Une des innombrables brochures qui parurent dans les premières années de la révolution est intitulée: Appel à Michel Montaigne sur les opinions superstitieuses du XVIII siècle; elle figure au Catalogue de la Biblioihèque impériale (Histoire de France, t. III, p. 19).

Un journal littéraire anglais, le New Monthly Magazine, renferme (1821, t. II, p. 353-358) une lettre (supposée) de Montaigne sur la vanité d'une science profonde.

Ne multiplions pas ces indications, et finissons en renouvelant l'invitation que M. le docteur Payen adresse à tous ceux qui s'intéressent à des recherches dont le but est d'élever à la gloire de Montaigne un monument plus réel qu'une statue; ils sont priés d'adresser (rue Saint-Honoré, 115) à cet admirateur fervent de l'illustre moraliste, tous les renseignements qu'ils posséderaient. Nous aimons à croire que cet appel sera entendu et qu'il sera fructueux. G. BRUNET.

DOCUMENTS OUBLIÉS RELATIFS A MOLIÈRE.

On sait combien sont rares les renseignements, qu'en dehors des biographies souvent si fautives de Grimarest et de Visé, on a pu jusqu'à pré

sent recueillir sur Molière. Une chose surtout est frappante tandis que les éditions de la Fontaine, de Boileau et de Racine contiennent un certain nombre de lettres adressées à ces illustres écrivains ou écrites par eux, on ne trouve pas, dans une seule édition de Molière, la plus petite trace de sa correspondance; c'est ce qui nous engage à signaler à nos lecteurs trois pièces déjà imprimées, il est vrai, mais si complétement oubliées, qu'on n'a jamais songé à les réunir aux œuvres du grand comique et qu'il n'en est fait aucune mention dans la monographie, d'ailleurs si exacte et si complète de M. Taschereau.

Le mauvais poëte d'Assoucy, fort maltraité par Boileau, et qui mena une vie vagabonde, avait vu Molière à Lyon, et, dans ses Aventures, a parlé avec quelques détails de cette rencontre; le fait était signalé, mais ce qui jusqu'à présent paraît avoir été connu seulement des bibliophiles (1), c'est que dans un recueil du même poëte, intitulé Poésies et lettres de M. d'Assoucy, contenant diverses pièces héroïques, satiriques et burlesques, Paris, chez Louis Chamhoudry, MDCLIII, on trouve une lettre adressée à Molière. Comme ce volume est extrêmement rare et qu'il n'est point à la Bibliothèque impériale, nous croyons pouvoir reproduire cette pièce fort courte et qui n'offre guère d'autre intérêt que le nom du destinataire :

"A MONSIEUR DE MOLIÈRES.

» Monsieur,

» Je vous demande pardon de n'avoir pas pris congé de vous. M. Fresart, le plus froid en l'art d'obliger qu'homme qui soit au monde, me fit partir avec trop de précipitation pour m'acquitter de ce devoir; j'eus bien de la peine seulement à me sauver des roues, entrant dans son carrosse, et c'est bien merveille qu'il m'ait pu souffrir avec toutes mes bonnes qualités, pour la mauvaise qualité de mon manteau qui lui sembloit trop lourd; cela vient du grand amour qu'il a pour ses chevaux, qui doit surpasser infiniment celuy qu'il a pour Dieu, puisqu'il a veu presque périr deux de

(1) On en trouve la mention dans la Bibliothèque françoise de Goujet. M. Brunet, dans son Manuel du libraire, en parle aussi, mais il se trompe en disant que le volume contient plusieurs lettres adressées à Molière; il n'y en a | qu'une seule.

"

ses plus gentilles créatures, sans daigner les soulager d'une lieue. Je ne vous sçaurois exprimer avecque quelle grâce le plus agile de mes pages faisoit dix lieues par jour, ny les louanges qu'il a emportées de sa gentillesse et de sa disposition. Pour celuy qu'il a si longtemps que je nourris, peu s'en est fallu qu'il n'ait fait comme le chien de Xantus qui rendit l'âme pour avoir suivy son maître avec trop de dévotion. Je ne m'estonne pas si la cour l'a député aux Estats pour le bien du peuple, le connaissant si ennemy des charges. Je luy suis pourtant fort obligé de m'avoir souffert avec mon bonnet de nuit, n'ayant promis que pour ma personne. Je remercie Dieu de cette rencontre, et suis, monsieur, C. D. Le recueil de d'Assoucy est, je l'ai dit, fort rare, et d'ailleurs très-peu lu. Il est donc fort naturel que la lettre qu'il contient ait échappé aux éditeurs de Molière; mais on ne peut s'expliquer qu'ils aient laissé dans le même oubli deux autres lettres écrites par un poëte fort connu, Chapelle, l'ami intime et le confident de l'auteur du Tartufe. L'une d'elles se trouve dans l'édition de ses œuvres publiée par Saint-Marc, qui, nous ne savons pourquoi, n'a pas jugé à propos de reprendre dans le Recueil des plus belles pièces des poëtes français, depuis Villon jusqu'à Benserade, tome VI, un fragment d'une autre lettre écrite par le même. Elles sont toutes deux moitié en prose, moitié en vers, suivant l'habitude de l'écrivain. La première, qui est de beaucoup la plus longue, est fort intéressante. On voit que Molière avait confié à son ami les chagrins que lui donnaient «<les partialités de ses trois grandes actrices pour la distribution de ses rôles. 99 66 Il faut, dit Chapelle, être à Paris pour en résoudre ensemble, et tâchant de faire réussir l'application de vos rôles à leur caractère, remédier à ce démêlé qui vous donne tant de peine. En vérité, grand homme, vous avez besoin de toute votre tête en conduisant les leurs, et je vous compare à Jupiter pendant la guerre de Troye. - Il serait bien à désirer que désormais ces trois pièces figurassent dans les éditions

de Molière.

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LES ÉLECTIONS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS.

Au commencement du mois dernier, il y avait à l'Académie des inscriptions trois places vacantes par le décès de MM. Dureau de Lamalle, Boisson

nade et Étienne Quatremère. L'Académie a pourvu le 13 novembre à la première de ces vacances. M. Alfred Maury a été élu au premier tour de scrutin, par dix-huit voix contre seize, données à son concurrent M. Léopold Delisle. C'est là un excellent choix; M. Maury, par l'étendue et la variété de ses connaissances, sera à même de rendre les plus grands services à l'Académie. Ses collègues n'ont fait, du reste, que lui payer une dette; car depuis l'année 1844, où il est entré comme sousbibliothécaire à la bibliothèque de l'Institut, ils ont eu sans cesse recours à son inépuisable érudition. Deux autres élections restent encore à faire. La première se décidera entre deux hellénistes: M. Alexandre, l'auteur du Dictionnaire grec et des Oracula sybillina, et M. Emmanuel Miller, bibliothécaire du corps législatif, et à qui on doit entre autres publications importantes, le catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque de l'Escurial et les célèbres Philosophumena, ouvrage attribué à Origène et qui a soulevé de très-vives discussions.

La seconde élection sera disputée entre M. B. Hauréau, ancien conservateur au département des manuscrits de la Bibliothèque impériale, et aud'une teur de l'Histoire littéraire du Maine, traduction de Lucain, d'un ouvrage sur la philosophie scolastique couronné par l'Académie des sciences morales et politiques, et enfin continuateur du Gallia christiana, et M. Léopold Delisle, qui n'a déjà échoué plusieurs fois qu'à une faible minorité.

La première de ces trois élections, dont les deux dernières paraissent devoir être vivement disputées, a donné lieu à des bruits fort singuliers. On prétend qu'elle aurait été pour les académiciens d'un certain parti l'occasion d'étranges manœuvres auxquelles, hâtons-nous de le dire, serait resté complétement étranger le candidat en faveur duquel elles se produisaient et que son incontestable mérite doit faire entrer tôt ou tard à l'Académie. Il serait question de violences morales exercées par un ou plusieurs membres sur leurs collègues.

On parle d'eaux, de Tibre, et l'on se tait du reste.

Et comme en général le doctum vulgus ne brille pas par l'énergie du caractère, il y aurait eu, à ce qu'on assure, des faiblesses à regretter. Pour nous, qui sommes parfaitement désintéressé dans

la question, nous hésitons à ajouter foi à ces rumeurs, quoique des personnes très-bien informées nous aient donné à ce sujet des détails fort précis. Mais si par malheur elles étaient fondées, nous ne pourrions que déplorer amèrement de misérables intrigues, de nature à com- | promettre la dignité de la plus ancienne et de la plus illustre des sociétés savantes de l'Europe.

P. S. Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que hier vendredi M. Alexandre a été élu au premier tour de scrutin, par 21 voix contre 13 données à son concurrent, M. Miller.

MANUEL DU COLLECTEUR D'AUTOGRAPHES.

LUD. L.

On sait à quel point est répandu aujourd'hui le goût des autographes qui, de la France et de l'Angleterre, a gagné successivement les autres contrées de l'Europe et même l'Amérique. Cette passion ne date guère que d'une quarantaine d'années; et ce fut en 1822 que l'on vit paraître pour la première fois à Paris un catalogue consacré exclusivement à une collection d'autographes. Jusqu'en 1835, il y eut environ 46 ventes, où figuraient 12,000 pièces. Mais à partir de cette époque, cette branche d'industrie prit un grand développement. De 1836 à 1840, on compta 23 ventes, comprenant 11,000 pièces; de 1841 à 1845, 39 ventes, 15,000 pièces ; — de 1846 à 1850 inclusivement, 33 ventes, 32,000 pièces; ces chiffres, déjà fort respectables, n'ont fait qu'augmenter d'année en année.

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Un commerce aussi important a donné lieu souvent à d'indignes manœuvres. Sans parler des vols innombrables commis dans nos bibliothèques et dans nos archives qui ont été, durant une vingtaine d'années, mises en coupe réglée, sans parler de la fabrication de fausses pièces qui, en France et en Allemagne, s'est faite sur une assez grande échelle, on a vu des hommes, pour gagner quelques pièces cent sous, étaler sans pudeur sur la table des commissaires-priseurs leur propre correspondance et celle de leurs femmes; on a vu des amateurs et des marchands spéculant sur un ignoble scandale, livrer aux enchères la correspondance confidentielle d'un médecin en renom et de ses clients, les lettres les plus intimes et parfois les plus compromettantes de personnages vivants, que l'on forçait, à grand renfort de réclame, à racheter à prix d'or

le fruit de la trahison et de la cupidité. Mais à côté de ces honteuses spéculations, le commerce des autographes rend chaque jour et rendra surtout à nos arrière-neveux un immense service. Et pour ne parler que des contemporains, aujourd'hui que l'expérience a appris que la plus petite lettre peut, par suite de circonstances imprévues, qui mettent en relief le nom du signataire ou du destinataire, acquérir un jour une valeur considérable, on recueille soigneusement les autographes. Les collections, bien qu'elles changent souvent de propriétaires, sont, grâce à leur prix vénal, préservées de la destruction, et fourniront un jour les plus précieux documents pour l'histoire politique et littéraire de notre temps.

En 1836, M. Fontaine fit paraître à Paris, sous le titre de Manuel de l'amateur d'autographes, un volume devenu rare, où il donna des renseignements assez curieux sur les ventes faites avant cette époque. Vers 1843, le libraire Techener publia une Table alphabétique de l'isographie des hommes illustres ; à la suite de chaque nom se trouvent indiquées les ventes où les pièces autographes de ces personnages avaient passé, et le prix auquel elles avaient été portées. C'est une publication analogue à ces deux brochures, mais bien plus étendue, qu'ont récemment éditée à Leipzig MM. Günther et Schulz. Leur Manuel du collecteur d'autographes (1) est divisé en douze chapitres. Dans le premier, relatif à l'histoire des collections d'autographes, les auteurs remontent, non pas précisément au déluge, mais à Moïse. C'est un peu bien haut. Puis viennent des détails sur les copistes et les libraires au moyen âge, sur quelques manuscrits célèbres, sur les diverses collections de la Bibliothèque impériale, le tout assez superficiel et entremêlé de quelques erreurs excusables, du reste, chez un étranger. Le second chapitre, intitulé: Nature des autographes, fabrication de faux autographes, est consacré presque exclusivement au procès fort instructif qui eut lieu en 1856 à Weimar au sujet des faux manuscrits de Schiller. Il est suivi de la Littérature des facsimilés, c'est-à-dire de la liste des ouvrages où se rencontrent des fac-similés; l'Utilité des autogra

(1) Handbuch für autographensammler, bearbeitet von Dr Joh. Günther und Otho Aug. Schulz, mit Holzschnitten und einer colorirten Tabeile. Leipzig, A. Schultz, et Paris, F. Klincksieck. 292 p. in-8.

phes, démontrée par le témoignage d'écrivains célèbres, Lavater, Goethe, Humboldt, etc., chapitre fort intéressant. Les auteurs passent ensuite à l'exposé des différents systèmes suivis jusqu'à ce jour pour la réunion, l'arrangement et le classe ment des autographes, indiquent les collections de portraits et les ouvrages où l'on peut puiser les renseignements nécessaires pour déterminer quels sont les signataires des pièces et se garder de méprises souvent fort difficiles à éviter, etc. L'avant-dernier chapitre renferme la liste des principaux collecteurs et marchands d'autographes. Enfin le dernier, le plus utile de tous, et qui nous fait signaler ce livre à l'attention des amateurs, contient, par ordre alphabétique, la liste de plus de deux mille personnages dont les autographes ont figuré dans différentes ventes à Paris, Londres, Leipzig, Francfort et Cologne, avec l'indication de leurs prix.

Si, comme nous le pensons, ce livre s'épuise assez rapidement pour que les auteurs songent à en faire une nouvelle édition, nous les engagerions à consulter divers ouvrages publiés en France, et qui, s'ils les avaient connus, leur auraient fourni des renseignements intéressants et permis d'éviter quelques erreurs; tel est, par exemple, le livre de M. Henri Bordier sur les Archives de la France; nous les engagerons aussi à revoir avec le plus grand soin les noms français, dont beaucoup sont estropiés (Lomoignon, Coissin pour Coislin, Ameilhou pour Ameilhon, Sévilly pour Sérilly, etc.), à ne plus faire écrire à Fénelon Ma révérend père. » Nous les inviterons encore à dire quelques mots des albums, dont ils n'ont point parlé, et qui méritent pourtant une place dans l'histoire des autographes; et à ce propos ils nous permettront de leur citer un passage fort curieux d'un chroniqueur du XI° siècle, Guibert de Nogent, chez qui l'on n'a jamais songé à aller chercher la plus ancienne mention d'un album.

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ÉTIENNE DOLET.

M. Boulmier vient de publier sur Étienne Dolet un livre plein de détails nouveaux et curieux (1). On connaissait bien les faits principaux de la vie de ce personnage intéressant, mort sur un bûcher (à l'âge de trente-six ans !), mais on ignorait généralement les autres circonstances du long combat qu'eut à soutenir cet illustre imprimeur avant de succomber sous les coups de ses ennemis, qui

étaient aussi ceux de la civilisation. M. Boulmier

raconte les péripéties de cette lutte émouvante, qui n'a pas duré moins de douze ans. Il nous fait connaître, de plus, les travaux littéraires de cet ardent admirateur de Cicéron, ses liaisons avec Érasme, Longueil, Scaliger, etc.; ses relations intimes avec Budé, Rabelais, Marot, Salomon Macrin et Jean de Tournes.

Voici un résumé de cette existence agitée .

Étienne Dolet naquit à Orléans, en 1509. Après avoir acquis dans cette ville les premiers éléments d'une bonne éducation classique de ce temps, il vint à Paris, où il acheva ses études; puis il fit un voyage en Italie, où il resta quatre ans, tant à Padoue qu'à Venise. De retour en France en 1531, il alla étudier le droit à Toulouse, où commença son long martyrologe. Les nombreux étudiants qui suivaient les cours de l'école de droit de cette ville étaient groupés par nations, suivant l'usage. Connu pour un fervent admirateur de Cicéron, Dolet fut élu orateur de la nation de France, dont il faisait partie, en sa qualité d'Orléanais. A ce titre, il eut à prononcer un discours officiel en 1532. Dans ce discours, il crut devoir critiquer certaines mesures d'ordre prises par le parlement toulousain. L'orateur de la nation d’Aquitaine prit la parole pour disculper ses compatriotes. Dolet répliqua, et pour justifier l'expression de barbare dont il s'était servi pour caractériser les mesures du parlement de Toulouse, il rappela certaines pratiques religieuses en usage dans cette ville, et qui tenaient plus du fétichisme que du christianisme; puis enfin il flétrit le jugement récent qui venait de condamner au feu un professeur

Everard, comte de Breteuil, dit-il, avait une habitude très-élégante. Toutes les fois qu'il rencontrait une personne qu'il savait avoir quelque distinction dans les lettres, il lui faisait écrire, à son choix, soit de la prose, soit des vers, et il les (1) Estienne Dolet; sa vie, ses œuvres, son martyre, par copiait ensuite lui-même dans un petit livre qu'il Joseph Boulmier. 1 vol. in-8. Paris, Auguste Aubry, portait toujours avec lui (1). »

(1) De Vita sua, 1. I, ch. 9.

1857. Le volume dédié notre savant imprimeur, M. Ambroise Firmin Didot est divisé en dix-huit chapitres ; il se termine par un résumé chronologique de la vie d'Estienne Dolet, et une bibliographie dolétienne.

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