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"Ce 28 novembre.

« Il y a trois semaines que ie vous escrivis, et vous envoyay trois ou quatre lettres de recommandation pour l'affaire de M. Levasseur, j'adressay le paquet droit chés vous, et comme ie n'en ay point eu de réponce, i'en suis en peine et meurs de peur qu'il n'ait esté perdu. Vous pouvés m'oster d'inquiétude auec deux mots de vostre main. Vous n'en aurés pas davantage pour auiourd'huy.

trace de construction antique. Or il faut lire dans la lettre de M. Desjardins la description des ruines et des fortifications celtiques d'Alaise, la découverte faite, il y a quelques mois, d'une longue galerie creusée et construite dans la terre, et que les paysans appellent encore les temples, etc. Il faut lire aussi, dans le dernier numéro de la Revue archéologique, l'intéressant travail de M. E. Castan, signalant l'existence de dix mille tumuli « qui de temps immémorial ont été une mine inépuisable d'ustensiles de toute espèce pour les habitants des villages qui les avoisinent. » Les résultats des fouilles qui ont été pratiquées depuis plusieurs années ont procuré aux collections parLes deux lettres suivantes, l'une du bon abbé de ticulières et au Musée de Besançon « une admira-Saint-Pierre l'inventeur de la paix perpétuelle, ble réunion de médailles gauloises, de glaives et de poignards, de cuirasses en bronze, de plaques

Croyés seulement que ie suis touiours la plus fidelle de vos servantes.

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DE RABUTIN CHANTAL. »

(A Monsieur Ménage) (1).

l'autre de Me Sedaine, la femme de l'auteur du Philosophe sans le savoir, sont tirées comme la précédente, de la collection Egerton.

ornées, de brassards en bronze, en bois, d'anneaux
de toute grandeur, de boucles d'oreilles d'argent
et de bronze, de torques, de verroteries taillées, de
poteries grossières, etc. » Quelques-uns de ces ob-
jets sont gravés dans une planche jointe à l'article.
Avions-nous eu tort de dire, il y a quatre mois,
que l'Académie des inscriptions s'était un peu trop
pressée, en se prononçant en faveur d'Alise-cellans panseurs.
Sainte-Reine?

On voit que la discussion n'est pas près d'être terminée. Des deux côtés on prépare de nouvelles brochures, des plans, des cartes, des photographies, etc. Tant mieux, car cette question nous semble offrir un bien vif intérêt pour l'étude de notre histoire et de nos antiquités nationales.

LUD. L.

QUELQUES PIÈCES CURIEUSES TIRÉES DE MANUSCRITS
DU BRITISH MUSEUM.

LETTRES INÉDITES DE Mme DE SÉVIGNÉ, DE L'ABBÉ DE
SAINT-PIERRE, DE Mme SEDAINE, DE RIVAROL,

DE ROBESPIERRE.

Notre correspondant de Londres, M. Gustave Masson, a bien voulu, à notre intention, aller faire quelques visites à la riche collection de manuscrits que possède le British Museum, et y copier un certain nombre de lettres originales, qui nous paraissent de nature à intéresser nos lecteurs. Nous plaçons en tête un billet de Mme de Sévigné à Ménage, billet qui n'a figuré jusqu'ici dans aucune des éditions de sa correspondance.

"Au Palais Roial, 4 mars 1740.

L'intérêt que vous, Madame et M. de Voltèrre, voulez bien prandre à ce qui regardent ceux qui pansent, me fait d'autant plus d'honneur et de plézir, que je vous reconnois tous deux pour ex

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Plût à Dieu, pour le bonheur publiq, que, jeunes comme vous estes, vous vous missiez à panser des cotez les plus importans de la morale et de la politique pour éclairer ceux qui ne pansent que d'après leurs parans.

» C'est que les veritez les plus utiles, quoique démontrées pour quelques uns, ont encore bezoin des grâces que donent les personnes trez sansibles et trez spirituelles pour être reçues avec plézir. "L'abbé de SAINT-PIERRE.» (Flandres. A Madame la marquise du Châtelet, à Bruxelles.)

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ties de campagne m'ont un peu retardée; mais voici les billets pour le Mort marié (1) qu'avoit demandé un des messieurs de votre bureau. Je le prie seulement de n'en point abuser, car je crois que M. Piquart me feroit payer fort lestement ce qui dépasseroit vos droits.

» Je vous prie de vouloir bien vous occuper de mes recouvrements de ce mois et même du gratisse, car je suis si grêlée depuis ces chaleurs, que j'ai besoin de recevoir dans ce mois tout ce qu'il sera possible.

» Mille choses aimables à Mme Loreaux de la part de toute la famille. Je suis, avec estime et amitié, » J. V. S. SÉDAINE. » (A Saint-Pris, par Franconville. A Monsieur Loreaux, rue Saint-Marc. Bureaux dramatiques. à Paris.)

On connaît peu de lettres du spirituel Rivarol; en voici une assez piquante que fournit le volume 25 du fonds Egerton. Bien que l'adresse manque, elle est sans aucun doute écrite à l'abbé Delille.

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Après bien des ricochets, votre lettre m'est parvenue, mon cher abbé. Les choses agréables que vous me dites sont un second prix donné au petit ouvrage sur la langue, et un encouragement à de nouveaux essais. Souffrez que je vous fasse encore un autre homage. Vous recevrez peu après ma lettre un exemplaire de la traduction du Dante (2), ouvrage fort attendu et qui va être jugé à la rigueur. Il y a cinq ans environ que je le tiens en captivité, et ce n'est pas sans répugnance que je l'ai enfin mis en lumière. Avec le goût que vous me connoissez pour le far niente, vous serez surpris que je me sois livré à un travail aussi pénible que celui de la traduction, et que j'aie choisi précisément le plus bizarre et le plus intraitable des poëtes. Un défi de M. de Voltaire m'engagea, et une plaisanterie assez piquante acheva de me déterminer. Ce grand homme dit tout haut que je ne traduirois jamais le Dante en style soutenu, ou que je changerois trois fois de peau avant de me tirer des pattes de ce diable-là.

» Vous sentez que c'est un assez bon moyen de faire ma cour aux Rivarol d'Italie, que de leur traduire un poëte qu'ils idolâtrent, et qui va prendre une nouvelle vie en France.

(1) Pièce de Sedaine jouée à la Comédie-Italienne. (2) Cette traduction fort peu exacte parut en 1784.

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» Je vous enverrai dans peu un exemplaire du Discours sur la langue (1). Je l'ai entouré cette fois-ci de toutes les séductions typographiques, la première édition étant trop négligée; j'avoue que jene m'attendois pas au succès qu'a eu cet opuscule. Il m'a valu des lettres de tous les souverains et de presque tous les savants de l'Europe; les envieux lui ont pardonné son succès en faveur de ses défauts, et surtout en faveur du bien que je disois d'eux. Comme il est bien François, comme il nous fait valoir, disoit-on à Versailles. Enfin, le roi de Prusse m'a écritque j'avois eu le prix dans son cabinet avant de l'obtenir dans son académie. Voilà mon apothéose. Quant à la vie que je mène, c'est un drame si ennuyeux, que je prétends toujours que c'est heure huit jours de folic, et aujourd'hui il me faut Mercier qui l'a faite. Autrefois, je réparois dans une huit grands jours de sagesse pour réparer une folie d'une heure. Ah! que vous avez été bien inspiré de vous faire homme des champs!

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Il est bien doux pour moi de songer que je ne suis pas encore éteint dans le souvenir de Mme Roussel. Je n'oublierai jamais les bontés qu'elle a eues pour moi, et je vous prie de m'envoyer l'adresse de M. d'Honorati, afin que je puisse causer avec lui de cette aimable maman. M. de Buffon, le fils (un des plus pauvres chapitres de l'histoire naturelle de son père) m'avoit promis de me donner cette adresse, puisqu'ils servent ensemble dans le régiment des gardes; mais je ne l'ai pas encore.

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Adieu, mon cher abbé. Si je n'abhorrois pas l'écriture, je vous servirois ici de correspondant, et vous parlerois un peu de notre pauvre république des lettres, qui n'est plus qu'une confrérie d'académiciens. Figaro va paroître. Il n'a pas eu autant de représentations que les Cocus et les Battus de Jannot, et il en mériteroit autant. Les comédiens françois, voyant que tout l'argent de Paris alloit aux boulevards, ont demandé à Beaumarchais une pièce des boulevards. Chargés du dépôt du goût, et mourant de faim avec des chefs-d'œuvre, ont fait comme le chien qui portoit à son cou le dîné de son maître. Beaumarchais ne cherche qu'à faire parler de lui, et s'il venoit à être pendu, il demanderoit, j'en suis sûr, la potence d'Aman.

ils

(1) Discours sur l'universalité de la langue française, couronné en 1784 par l'Académie de Berlin.

Adieu encore une fois. Tous mes respects à madame votre nièce. RIVAROL.

» Hôtel de Marigny, place du Louvre. » 8 janvier 1785. » Champfort me parle beaucoup de vous. » Avez-vous reçu la première lettre au président, le chou et le navet; la deuxième lettre au président, un dialogue entre Voltaire et Fontenelle, etc., que je vous ai fait passer dans leur temps !

C'est de cette époque que M. Dansin, professeur d'histoire au lycée de Strasbourg, a fait le sujet d'une thèse, œuvre sérieuse, et qui met dans un jour nouveau, sinon complet, un règne dont l'importance a été trop méconnue par l'histoire.

M. Dansin passe successivement en revue l'organisation du pouvoir délibérant sous Charles VII, les institutions militaires, judiciaires et financières de ce prince; ses rapports avec l'Église, avec la noblesse et le tiers état, enfin avec les puissances

Ajoutez à tout cela les lettres sur le poëme des étrangères. Jardins "

Terminons par un billet de Robespierre, écrit d'un style galant et fleuri qu'on est assez étonné de trouver sous la plume du terrible membre du comité de salut public. On lit en marge de l'autographe la note suivante : « Lettre de Robespierre à Me Guyard, peintre de l'Académie, depuis Mme Vincent. La signature a été déchirée pendant la révolution. Cette lettre m'a été donnée par M. Vincent (le peintre), membre de l'Institut, qui a mis la souscription au bas de la page, avec son parafe, pour attester l'originalité de l'é

criture."

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Paris, le 13 février 1791. "On m'a dit que les grâces vouloient faire mon portrait. Je serois trop indigne d'une telle faveur, si je n'en avois vivement senti tout le prix. Cependant, puisqu'un surcroît d'embarras et d'affaires, ou puisqu'un dieu jaloux ne m'a pas permis de leur témoigner jusqu'ici tout mon empressement, il faut que mes excuses précèdent les hommages que je leur dois. Je les prie de vouloir bien agréer les unes, et m'indiquer les jours et les heures où je pourrai leur présenter les autres. »

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LE GOUVERNEMENT DE CHARLES VII (1.)

Il y eut en France, dans les dernières années du moyen âge, une époque de réparation où la royauté parvint à établir définitivement sa prépondérance, où les institutions féodales furent profondément ébranlées, où des réformes essentielles vinrent améliorer à la fois la justice, l'administration, les finances et l'organisation militaire (2). »

(1) Étude sur le gouvernement de Charles VII. Thèse présentée à la Faculté des lettres de Paris par Hipp. Dansin. Strasbourg, imprimerie de Silbermann, 1856, gr. in-8 de 208 pages. Paris, Durand.

(2) M. Dansin, p. 2.

En étudiant la composition du conseil sous Charles VII, l'auteur y découvre un véritable corps délibérant où le clergé, la noblesse et le tiers étaient représentés. Toutes les ordonnances capitales du règne de Charles VII ont été discutées et élaborées en grand conseil, et souvent avec le concours d'hommes spéciaux, de généraux maîtres des monnaies dans les questions de finances, de présidents de parlement dans les questions judiciaires, de guerriers expérimentés dans ce qui regardait l'armée. Pour les affaires courantes, le conseil était moins nombreux ; il n'était guère composé que d'un petit nombre de seigneurs dévoués et de ces gens de petit état, si laborieux et si intelligents dont Charles VII avait su s'entourer, c'est-à-dire des ministres du roi (Jouvenel, Cousinot, Bureau, Chevalier, Jacques Cœur, etc.), et de ses conseillers intimes, tels que le comte du Maine, Dunois, Buzé, Chabannes, etc. A côté du conseil on trouve les états généraux, tenus trèsfréquemment dans les premières années de Charles VII (dix fois de 1423 à 1439), et qui disparaissent à partir de 1440. M. Dansin explique, par l'attitude turbulente de la noblesse, cette suppression des états, qui n'exclut pas des réunions d'un autre genre, où pourtant les trois ordres étaient représentés, et que l'on consultait dans les circonstances importantes. « Le pays, dit l'auteur, y perdait beaucoup moins qu'on ne pourrait le croire, et d'ailleurs la liberté politique conservait de nombreux abris dans les États provinciaux. (P. 32.) En effet, dans la situation des affaires, la noblesse seule se trouvait évincée, et la voix du tiers pouvait se faire entendre plus libre et moins contestée.

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Que résulta-t-il de ces délibérations du grand conseil, et quelles sont les mesures qui, prenant la royauté à deux doigts de sa perte, la placèrent, au bout de vingt ans, dans une situation inconnue

jusqu'alors de puissance, de grandeur et de prospérité ?

L'armée, livrée auparavant à une insubordination qui accusait la ruine de la royauté et le malheur des peuples, fut reconstituée, rendue perma- | nente (1), partagée en un corps de cavalerie d'élite, sous le commandement de capitaines expérimentés, en francs archers, infanterie sédentaire, sorte de landwehr que le roi pouvait toujours appeler sous les drapeaux, et en artilleurs, qui, sous la direction des frères Bureau, firent des prodiges en Normandie et en Guyenne. « Les institutions militaires de Charles VII sont une œuvre capitale. Elle ont été l'instrument le plus efficace de l'affranchissement de la royauté, tant au dedans qu'au dehors du royaume; elles ont délivré le pays, relevé la paix publique, rendu au commerce, à l'agriculture, à toutes les relations sociales, la sécurité qui leur manquait depuis quarante années. » (P. 54.)

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L'administration judiciaire fut soumise à un remaniement complet. Le parlement qui, à la faveur des troubles, était sorti de ses attributions et avait voulu se rendre indépendant, vit ses prétentions réprimées, ses empiétements punis, sa juridiction restreinte. L'ordre fut porté dans la distribution de la justice, et une ordonnance mémorable, que Henrion de Pansey a appelée « notre premier code de procédure, » régla tout ce qui touchait à la compétence et à la composition du parlement, à l'expédition des affaires, aux devoirs des avocats et du ministère public, aux attributions des baillis et des sénéchaux, etc. « On y rencontre un ordre, une méthode et une lumière qui sont tels, qu'elle peut être comparée, sans désavantage, aux meilleurs règlements modernes. » (P. 71. En même temps la rédaction des coutumes était ordonnée, et, avant la fin de son règne, Charles VII approuvait les coutumes de Bourgogne. Le droit féodal faisait place à un droit nouveau.

En matière de finances, les innovations ne furent pas moins importantes, mais il appartint

(1) M. Dansin réfute avec justesse l'opinion qui attribue aux États de 1439 l'organisation de l'armée et l'établissement de la taille permanente; il prouve qu'il n'en fut pas question; que la formation des compagnies d'ordonnance ne date que de 1445, et que les États n'y ont par conséquent point eu part, non plus qu'à l'établissement de la taille, qui est encore postérieur. (P. 28-29.)

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au gouvernement de Charles VII de poser le principe d'institutions salutaires, de jeter le germe de mesures utiles, plutôt que de réaliser un progrès qui devra être l'œuvre des siècles. L'ordre fut bien rétabli dans les finances, la taille et les aides rendues permanentes, les règles de la comptabilité fixées, la division des affaires financières et des affaires judiciaires nettement dessinée; mais c'est en vain que Charles VII proclama (19 juin 1445) l'égalité des citoyens devant les charges publiques, et qu'il prescrivit (3 avril 1460) l'établissement d'un cadastre, mesure dont sa mort empêcha l'exécution, mais qui n'en est pas moins « un titre d'honneur pour le gouvernement qui la décréta le premier.

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L'activité que le gouvernement du roi avait portée dans les matières de justice et de finance, il la porta encore dans les affaires de l'Église, soit au dehors, dans son intervention entre le saintsiége et le concile de Bâle, qui mit un terme à de longs différends, soit au dedans à l'égard du clergé. En même temps que Charles VII plaçait presque entièrement et d'une manière excessive l'Église de France sous sa dépendance, qu'il se faisait évêque du dehors, il soumettait à un régime sévère l'université, privée de son double privilége d'impôt et de juridiction.

La noblesse eut aussi et principalement à sentir le poids de cette main puissante que la royauté étendait sur tout. De nombreuses mesures pleines d'habileté et de ménagements enlevèrent à la petite noblesse la plupart de ses prérogatives, sans la haute noblesse, des exemples rigoureux, et sur même lui laisser le prétexte de la révolte; quant à lesquels M. Dansin n'a peut-être pas assez insisté, vinrent montrer l'ascendant d'un pouvoir qui ne

craignait pas de s'attaquer aux plus hauts feudataires et même à un prince du sang. « Depuis le règne de saint Louis, la suprématie du pouvoir royal n'avait jamais été aussi incontestable ni aussi unanimement reconnue." (P. 159.)

Une intervention plus fréquente dans le gouvernement intérieur des villes, pour assujettir celles qui pouvaient alarmer la royauté, tout en respectant l'indépendance de celles qui ne lui causaient pas d'ombrage; une protection éclairée donnée à l'industrie; les transactions commerciales facilitées au dedans et au dehors; la classe agricole rendue à la tranquillité et à la culture: telle fut

l'action exercée par Charles VII à l'égard du tiers | c'est en l'honneur des conseillers, de «ces hométat et des classes inférieures.

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mes laborieux et modestes qui ont tout fait en silence pour la prérogative royale et pour l'intérêt public » (p. 208), et non en l'honneur du roi, que M. Dansin a entrepris son étude, et s'il a mis un peu trop de chaleur d'un côté, un peu trop de pré

œuvre importante, pleine de faits instructifs et à laquelle il ne manque que l'emploi de sources, sans lesquelles on ne peut arriver à rien de complet, les sources manuscrites.

G. DU FRESNE DE BEAUCOURT.

Enfin, on trouve encore dans les relations diplomatiques ce caractère d'innovation habile et éclairée que la royauté porta, à cette époque, dans tous ses actes. Cette partie, que M. Dansin n'a fait qu'ébaucher et qui mériterait de longs développe-vention de l'autre, il n'en a pas moins fait une ments, nous montrerait Charles VII trouvant d'abord dans un cercle restreint d'alliances un appui plus ou moins sûr contre l'occupation anglaise; puis, à partir de 1435, quand la guerre avec l'Angleterre est, en quelque sorte, rejetée au second plan, et que c'est avec la Bourgogne que commence une lutte sourde, mais constante, déguisée, mais implacable, on le verrait préparant de longue main, avec l'aide des principales puissances européennes, gagnées à son alliance, une rupture éclatante. Par malheur l'occasion lui échappa plusieurs fois, et une mort prématurée vint empêcher l'exécution d'un projet qui aurait sûrement, sinon renversé, du moins notablement entamé le pouvoir du grand-duc de l'Occident.

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Maintenant, en donnant au gouvernement la part d'éloges qui lui est due, en reconnaissant « qu'il n'y a pas une partie importante de l'administration qui n'ait été renouvelée » (p. 200), et que sous ce règne, « les principes de la monarchie moderne ont prévalu, » l'auteur ne s'est-il pas montré trop hostile envers le roi? Est-il juste de peindre ainsi Charles VII: « Cette âme apathique et lâche, qui pendant tant d'années, n'a échappé à ses langueurs que pour la débauche, l'ingratitude ou le crime » (p. 4), de dire que son mérite « a toujours été de laisser faire bien plus que de faire lui-même» (id.), et qu'en restant dans le jour douteux où l'a laissé l'histoire, «Charles VII n'a fait que subir cette loi mystérieuse des représailles qui venge l'injustice par l'injustice et l'ingratitude par l'oubli?» (P. 208.) Sans faire de ce prince un idéal de grand monarque, ne devait-on pas lui témoigner plus d'impartialité et lui rendre plus de justice? Nous nous contenterons de poser cette question à M. Dansin. Disons pourtant qu'il accorde que « le succès, ouvrant son âme à l'espérance, vint découvrir en Charles VII un jugement solide, un sens droit et profond, et quelque chose d'énergique qu'il n'avait pas soupçonné luimême dans l'abattement du malheur » (p. 46), et que le conseil " s'est inspiré quelquefois de la volonté personnelle du roi. » (P. 204.) Aussi bien,

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1

UN APPEL AUX ÉRUDITS A PROPOS DE MONTAIGNE (1). Tel est le titre d'une brochure de 24 pages que M. J.-F. Payen a fait imprimer à petit nombre et M. J.-F. Payen a fait imprimer à petit nombre et qui n'a pas été mise en vente. Nous n'apprendrons rien à personne en rappelant ici que M. Payen est l'homme du monde qui connaît le mieux tout ce qui se rapporte à Montaigne et à ses écrits. Il en a fait depuis plus de trente ans l'objet d'une étude incessante; il a consigné dans quelques écrits justement estimés (2) les résultats d'une portion de ses recherches, et il prépare, nous le savons, une édition des Essais, qui est destinée à figurer dans la Bibliothèque elzevirienne de M. Jannet; elle laissera bien peu de chose à faire aux personnes qui voudront s'occuper plus tard de la vie ou des ouvrages de l'immortel philosophe.

Il n'est donné à personne de tout connaître, et M. Payen a suivi une très-bonne idée en faisant appel à l'érudition de tout individu digne de lire les Essais, afin d'éclaircir des points qui ne doivent point être passés sous silence dans une édition définitive, et qui n'ont obtenu jusqu'ici, de la part des éditeurs qui se sont succédé, aucun éclair

cissement satisfaisant.

Montaigne aimait à mêler à ses réflexions une foule de citations en diverses langues; l'industrie

des commentateurs a retrouvé les sources d'où

(1) Appel aux érudits. Citations, faits historiques, allusions, etc., qui se trouvent dans les œuvres de Montaigne, et dont la source n'a point été indiquée par les éditeurs. Paris, 1857, in-8.

(2) Notice bibliographique sur Montaigne, 1837.- Documents inédits ou peu connus sur Montaigne, no 1, 1847; n° 2, 1850; no 3, 1855; no 4, 1856.- Maison d'habitaItion de Michel Montaigne à Bordeaux, 1855, etc.

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