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- Oh! oui, monsieur le vicomte, je vous en réponds qu'ils étaient contents au parterre où je m'étais placé, car ils n'ont plus cessé de rire jusqu'a la fin et en disant des mots si drôles, que j'ai joliment ri aussi !

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– En gaieté? pendant la tragédie? répétai-je | quoi défrayer bien des mélodrames. Il s'ouvre par avec surprise. un rapprochement assez curieux.-Le27 avril1557, un commissaire du pape Paul IV promulgait un décret ordonnant que, pour empêcher la ville MonteFortino d'être à l'avenir, comme elle l'était présentement, le refuge ordinaire des bandits et des scélérats, ladite ville serait démolie et ruinée de fond en comble, ses habitants bannis à perpétuité, et la charrue promenée sur son emplacement; ce qui fut ponctuellement exécuté. Le 18 juillet 1819, la ville de Sonnino s'étant rendue coupable des mêmes crimes que Monte-Fortino, un décret du cardinal Hercule Gonsalvi prononça contre elle le même châtiment. « Sa Sainteté le pape ordonne que les habitants de Sonnino soient pourvus d'ha

Mon premier mouvement fut de brusquer un peu le pauvre homme et de repousser ses soins, qu'il m'offrait de tout son cœur, tant je me sentais dans une disposition désagréable; mais j'eus le bon esprit de la vaincre, ajouta Chateaubriand. Je le retins lorsqu'il s'éloignait tout déconcerté; je lui fis, du ton amical que j'employais d'ordinaire avec ce vieux serviteur, quelques nouvelles questions sur l'effet de la représentation, et il revint debitations autre part, que leur ville soit rasée et son nouveau sur les facéties auxquelles la pièce avait donné lieu de la part des plaisants du parterre; mais, cette fois, je finis par rire avec lui; et, revenu ainsi à ma bonne humeur, je m'endormis profondément quelques instants après... "

C'est M. de Chateaubriand qui le dit. Le croira qui voudra.

Des histoires d'un autre genre, mais qui ont bien aussi leur mérite, sont celles que M. F. de Mercey a très-bien intercalées dans le récit d'un voyage fait, nous ne savons en quelle année, dans la Toscane et le midi de l'Italie (1). La Corse, Livourne, Pise, Florence, Sienne, Rome, Naples, telles sont les principales étapes du touriste.-Son livre offre bien la réunion de ce qu'un voyageur intelligent cherche à voir et à apprendre dans le cours de ses excursions. Antiquités, œuvres d'art, établissements publics, aspect du pays, mœurs, état physique et moral des populations, rien ne lui a échappé. L'art, bien entendu, y occupe une large place. L'auteur a su entremêler très-habilement des digressions historiques ou littéraires, des anecdotes, nous allions presque dire des nouvelles, qui donnent une grande variété à son livre. -Tels sont, par exemple, les chapitres intitulés: Faustine Moro, histoire de vendetta corse, Bianca Capello, Machiavel, Boccace, la Bataille de Monte-Aperto, l'histoire de la république d'Amalfi, et surtout le Brigandage dans les États romains. Il y a dans ce dernier chapitre, qui occupe soixante pages à la fin du premier volume, de

(1) La Toscane et le midi de l'Italie. Notes de voyages, études et récits. Paris, Arthus Bertrand, 1858, 2 vol. in-8.

territoire partagé entre celles des villes voisines qui n'ont pas secondé les brigands, permettant aux propriétaires qui ne pourraient se fixer près de leur possession, de céder leur terrain à la chambre apostolique, qui leur payera une indemnité annuelle suivant l'évaluation faite par des juges compétents. » Comme le dit fort bien M. de Mercy, « toute l'histoire du brigandage est comprise en quelque sorte entre ces deux édits...... Mais y a-t-il au monde quelque chose de plus étrange que cette nécessité où se trouve un pape, le chef de la religion, de faire raser une ville de ses États pour en corriger les habitants? » — C'est, à proprement parler, tuer les gens pour leur appren dre à vivre.

-La cathédrale de Paris, suivant un poëte du vi siècle, Fortunat, existait déjà en 375, et paraît en avoir été la seule église jusqu'au règne de Childebert Ier (511-553). Elle se composait à cette époque d'une basilique consacrée à saint Étienne et d'une chapelle accessoire dédiée à Notre-Dame. Au vr siècle et au VII on trouve mentionnés, comme établissement religieux de la ville, outre l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, fondée en 543, une église (Saint-Laurent), un oratoire (Saint-Andréol) et une chapelle (Sainte-Crescence). Le testament d'une noble dame franque rédigé l'an 700, mentionne parmi les légataires auxquelles elle distribue ses richesses huit églises dont voici les noms : Saint-Pierre (depuis l'abbaye de Sainte-Geneviève), Notre-Dame, Saint-Étienne, Saint-Gervais, Saint-Symphorien, Sainte-Croix, Saint-Vincent, Saint-Denys. Voilà les seules églises de Paris connues pour cette époque. Un

document de la fin du 1x siècle, resté inconnu jusqu'à ce jour, mentionne dans une énumération de terrains possédés par l'abbaye de Saint-Maurdes-Fossés, treize églises dont huit nouvelles : Saint-Julien, Saint-Georges, Saint-Éloi, SaintGermain (l'Auxerrois), Saint-Christophe, SaintMerri, Sainte-Geneviève (la Petite), Saint-Martin. A partir de l'avénement des Capétiens, les documents abondent sur ce sujet. Au XIIIe siècle, un versificateur inconnu rima, les Monstiers de Paris, où il énumère au nombre de soixante-treize les édifices religieux de la grande ville. Une autre pièce de vers, postérieure d'une cinquantaine d'an- | nées seulement à la première, est plus détaillée et faite avec plus de méthode, car l'auteur énumère d'abord les églises et couvents de la Cité, puis ceux de la rive gauche et de la rive droite de la Seine, formant un total de quatre-vingt-huit.

De ces trois documents, le premier était inédit, le second avait été publié par Méon et le troisième par M. Jubinal, mais d'une manière incomplète. Ils viennent d'être recueillis dans un charmant petit volume que M. H. Bordier a publié avec le soin qui lui est habituel et qui fait partie du Trésor des pièces rares ou inédites (1); mais il ne s'est pas contenté de nous donner, en l'annotant curieusement, le texte de ces documents; il y a joint, ce qui a dû lui coûter beaucoup de recherches, la liste des églises et monastères fondés à Paris depuis le XIV siècle jusqu'à la fin de l'ancienne monarchie, liste qu'il a fait suivre de l'état des édi- | fices religieux existant actuellement à Paris. C'est, on le voit, le travail le plus complet qui ait été fait sur la matière. Le volume, précédé d'une introduction d'où nous avons tiré les faits mentionnés plus haut, est terminé par une table alphabétique qui ne contient pas moins de cinq cents noms.

POÉSIES.

L. RITTER.

Nous ne nous occuperons pas de l'esprit quelquefois agressif du volume de M. E. de Sars (2),

(1) Les Églises et Monastères de Paris, pièces en prose et en vers des IX, XIII* et XIV* siècles, publiés d'après les manuscrits, avec notes et préface. Paris, Aubry, in-8, tiré à 352 exemplaires.

(2) Sonnets, iambes et ballades, par M. E. de Sars. Paris, E. Dentu.

nous ne parlerons que de la forme. La poésie a droit à l'indulgence et nous l'aimons assez pour tenir compte d'une différence dans les idées. L'iambe de M. Sars est assez ferme en général, mais il nous a paru trop souvent délayé. La forme iambique occupe la plus grande partie du livre. L'auteur s'est inspiré d'un maître illustre, Auguste Barbier; quelquefois il suit le modèle de trop près; les Dieux populaires, de M. de Sars, rappellent trop le beau morceau de Barbier, l'Idole. Le livre de Sonnets, iambes et ballades renferme de nobles sentiments, des aspirations généreuses, mais les colères y sont exagérées et les indignations à froid manquent souvent leur effet. Les idées ont plus d'élévation que de force. Ce sont les iambes d'Auguste Barbier transposés pour une voix sans portée. M. de Sars obéit à des élans nobles et purs; il a horreur des excès, c'est un Tyrtée médiateur, la lyre en main entre deux camps. Le Vasselage exprime une belle colère; Diplomates, est un éloquent plaidoyer en faveur de la poésie; le Sol de la patrie est plein d'un souffle national. Entre le Vasselage et le Destin, n'y aurait-il pas une grosse contradiction, touchant une idée capitale de l'auteur? Les Sonnets, forment une seconde part du livre, et la plupart sont inspirés par des personnages historiques, Les Rimes héroïques d'Auguste Barbier sont le type de cette poésie. Le sonnet de M. de Sars n'est pas assez net; ces petites médailles demandent à être frappées sans hésitation. La partie que l'auteur appelle Ballades, est la plus faible du volume. La grâce et l'esprit s'y montrent cependant; on y voit l'homme de plus près, le véritable amant de la poésie, l'érudit de goût et de loisir qui poursuit l'art jusque dans la paresse de la vie, jusque dans les relâches de l'amitié. N'oublions pas de souhaiter une chance heureuse à ce livre honnête qui, parmi des erreurs, célèbre les beaux sentiments et fait battre les cordes généreuses du cœur.

M. Aimé Dupont, dans ses Mélanges poétiques, (1) ne se montre pas admirateur d'Auguste Barbier, c'est un disciple de Gresset.

La paresse est ma déité,

dit-il d'après son maître. Dans une pièce de début

(1) Mélanges poétiques, par M. Aimé Dupont. Paris, E. Dentu; Maillet-Schmitz.

si son cœur doit y perdre une joie; mais le sentiment est l'âme de la poésie et un effort assurerait la forme et consacrerait le succès. Le Mercure de France, le Trousseau de clefs, Aimons-nous, montrent ce que sait faire M. Pierre de Lisle ; Laure est un sonnet piquant, trop brutal peut

consacrée à l'amitié et dédiée à M. Liadières, pourquoi M. Liadières n'a-t-il pas vu la rime ensemble et exemple? Les tournures de la poésie de M. A. Dupont sont tombées en désuétude; toutefois, on ne peut lui refuser de la grâce dans le tour des strophes et dans la simplicité un peu banale du vers. La poésie aujourd'hui a des formes diffé-être, mais bien tourné. La sève du talent éclate rentes; qu'importe? L'essentiel est de constater que partout il y a des esprits, de tous les âges, dans toutes les conditions, qui aiment l'art supérieur et sacré. L'Origine de l'immortelle offre quelques traits dignes d'Ovide. L'amour de ce genre de poésie est plus enveloppé de mots et paraît moins vif; le poëte adore avec respect une femme qui

...

Porte sous le chaume où l'indigence espère. De pudiques bienfaits.

Il est question de flûte bccagère, de frêle esquif;

mais un sentiment assez vif s'y retrouve. Les poëtes de l'école de M. A. Dupont ont toujours un vers de Catulle aux lèvres; ils murmurent et façonnent un quatrain; ils lisent et savent donner aux lettres le temps qu'elles réclament. La seconde partie des Mélanges poétiques se compose de traductions de l'allemand, de l'espagnol, de l'italien, de l'anglais, du latin; et la fin du volume est

partout. Si l'auteur avait enlevé plusieurs strophes
échappées à la passion, celle-ci par exemple,

Quand je vois un beau sein de femme
Pris dans un corset de couleur,
Je m'extasie et je m'exclame;
C'est un vrai calice de fleur;

s'il avait supprimé quelques tournures embarras-
sées comme cette

Hirondelle sans peur, dont l'aile étreint le monde
Sous les doubles arceaux d'un voyage éternel;

s'il avait poli quelques sonnets et pris pour modèle
certaines pages de son livre, nous aurions la joie
d'annoncer un véritable volume écrit sous l'inspi-
ration du cœur, où l'artiste est à la hauteur de
l'amant, et ce Jardin d'amour eût pu révéler un
Saadi.

La poésie aime la liberté. M. Octave Ducros (de Sixt), dans le nouveau volume (1) qu'il publie, nous semble avoir aliéné le caractère de son talent.

occupée par des romances, Je ne veux pas aimer, Depuis les Odes et prières, la personnalité du

Lisette, etc.

La critique a souvent tort de troubler certains poëtes par de froides observations et des approba

tions insuffisantes. Il est des confidences d'amour

que le souvenir suit pas à pas et qui s'oublient en détails de tendresse; on devrait passer devant ces monuments d'un cœur fidèle et leur accorder

poëte va décroissant. Il ne fait plus seulement des poésies chrétiennes, catholiques; il fait des poésies orthodoxes Sa forme se perd dans les couplets de cantiques. La moitié du livre est consacrée aux notes, et l'auteur s'attache à prouver par des citations que la plupart de ses vers sont tra

l'hommage du silence. Le Jardin d'amour (1), de duits des livres saints et des Pères de l'Église. Les

M. Pierre de Lisle s'épanouit comme un printemps et demande grâce aux éplucheurs de mots. Cependant ce volume est rempli d'excellentes choses. Ne pouvons-nous reprocher à l'auteur quelques expressions sans grâce! la foule, inepte houle, son blanc doigt, le temps véloce, un rose bec,

Vous m'aimez ! nonobstant vos refus incertains.

Il y a dans ces vers quelque peu d'Anacréon et de Catulle; le poëte ne veut, ni célébrité, ni gloire,

(1) Le Jardin d'amour, par M. Pierre de Lisle. Paris, Dentu.

paraphrases de psaumes qu'on écrivait aux siècles précédents, sont bien supérieures à ces puérilités d'exactitude. Le volume d'Emmanuel a pu charmer quelques fidèles pendant le mois de Marie; ce succès, honorable sans doute, est trop spécial, et le poëte qui s'en contente nous paraît abdiquer et s'amoindrir par humilité. La forme élégante et sûre de M. Octave Ducros (de Sixt), tend à disparaître; ces traductions de versets épars ont enlevé toute inspiration personnelle. Notre regret s'ex

(1) Emmanuel. Poésies au Saint-Sacrement, par M. Octave Ducros (de Sixt). Paris, Julien Lanier, Cosnard et C.

prime au nom de l'art, et nous voyons avec peine un vrai talent qui se suicide par abnégation. L. LAURENT-PICHAT.

NOUVELLES LITTERAIRES DE LA GRANDE-BRETAGNE.

Je daterai cette communication de Paris, car, chose inouïe pour un journaliste, je suis en vacances; je.....

Allons! il m'est échappé une sottise. On vient de me faire comprendre que jamais journaliste n'eut de vacances. Je souscris cordialement à cette vérité, et je déclare formellement ici, pour acquit de conscience, que si je suis en liberté aujourd'hui, ce n'est pas le moins du monde en qualité de journaliste. Voilà un aveu bien explicite, et dont je vous autorise à faire (huissièrement parlant) tel usage que de raison.

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Depuis que le moyen âge de fantaisie a disparu, depuis qu'on n'entend plus parler de « bonnes lames de Tolède, » de «hanaps, " de « mangonneaux, » de « varlets, » le moyen âge sérieux reparaît à l'horizon. Le sire de Framboisy a entraîné avec lui, au milieu des éclats de rire universels, toute la vieille défroque du théâtre de la PorteSaint-Martin, et au lieu de Burgraves, on nous remet sous les yeux des chevaliers pour de vrai.

La Mort d'Arthure (1)!... voilà le livre qui nous a suggéré les réflexions précédentes. Cette réimpression fait partie de la collection de M. John Russell Smith, éditeur digne d'être nommé le Jannet de Sobo square, c'est tout dire. Les personnes qui s'occupent d'histoire littéraire savent que l'ouvrage de sir Thomas Malory est une compilation extrêmement bien faite des diverses légendes relatives aux chevaliers de la Table Ronde. Imprimée d'abord par Caxton, puis deux fois par Wynkyn de Worde, puis enfin par William Copland, la Mort d'Arthure a été longtemps le livre national des Anglais. L'édition de M. Smith arrive fort à propos, car la dernière que nous connaissions, celle de Southey, ne se rencontre plus facilement, et se vend par conséquent assez

(1) La Mort d'Arthure: The History of King Arthur and the Knights of the Round Table. Compiled by Sir Thomas Malory, Knt. Edited from the Text of the Edition of 1654, with Introduction and Notes. By Thomas Wright, Esq., M.A., F.S.A.

| cher. M. Thomas Wright, érudit apprécié également en France et en Angleterre, s'est chargé de surveiller la publication de ce travail; il s'en est acquitté à merveille, comme on devait s'y attendre, et nous recommandons son livre de tout notre cœur à ceux d'entre nos amis qui étudient la littérature du moyen âge.

Dans le même ordre de sujets, nous avons encore à signaler deux ouvrages de très-grande valeur: d'abord la quatorzième et dernière partie des œuvres complètes du roi Alfred (1), traduites en anglais, réunies et annotées avec le plus grand soin, et ensuite la chronique de John Capgrave, De tribus Henricis, formant un des volumes de la série d'annalistes originaux récemment entreprise sous la direction du garde général des archives de l'Angleterre. Une traduction de ce curieux monument d'histoire vient aussi de paraître (2), accompagnée d'introduction, appendice, index, etc. La science n'est pas morte, quoi qu'on die.

Et puis il y a l'art, qu'il ne faut pas plus oublier que la littérature. Sur la céramique et la porcelaine en général, quoi de mieux à consulter que le superbe in-octavo de M. Marryat (3)? C'est trop beau, malheureusement, et on ne peut guère se sentir les coudées franches avec un livre sur papier satiné, relié en percaline bleu tendre, illustré de douze gravures coloriées, etc.

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(1) The Works of King Alfred the Great. Now first collected and published in the English Language. With Introductory Essays, Notes, Illustrations, etc., by some of the principal Anglo-Saxon Scholars of the Day.

(2) Johannis Capgrave. Liber de illustribus Henricis. Edited by the Rev. F. C. Hingeston, M.A.

Capgrave's Book of the illustrious Henries, translated from the original Latin by the Rev. F. C. Hingeston, M.A. With an Historical Introduction and Appendices by the Translator; and an Index.

(3) History of Pottery and Porcelain, by Joseph Marryat.

(4) William the Conqueror, by Sir Charles Napier.

comparer avec le livre de sir Edward Bulwer | grecque : les Dialogues de Platon, l'œuvre encyLytton (1).

clopédique d'Aristote et les écrits du chef de l'école néo-platonicienne, les Ennéades de Plotin. On trouve dans les premiers, bien que sous des formes indécises et sous des voiles qui ne sont qu'à demi-transparents, les théories les plus élevées de l'idéalisme; les seconds contiennent, sous une forme arrêtée, un vaste système de connaissances positives où les questions sont le plus souvent résolues par une méthode savante à

Ennéades offrent l'expression la plus pure, la plus haute et la plus complète de cet éclectisme néo

Je ne vous ai pas encore entretenu du début littéraire de M. Buckle (2), et maintenant j'arrive un peu tard pour vous parler d'un volume qui se trouve partout. Deux mots en passant, néanmoins. Il y a, ce me semble, trois reproches capitaux à faire à M. Buckle. En premier lieu, comme le critique de la Revue d'Edimbourg l'a très-bien remarqué, si toutes les parties de l'Histoire de la civilisation en Angleterre doivent avoir les pro-l'aide de l'observation et du raisonnement; les portions gigantesques de l'introduction, la vie de M. Buckle n'y suffira pas. Dans le cas contraire, ce sera un livre écourté, sans harmonie, manqué | platonicien qui tenta à la fois de concilier Aristote enfin. On peut aussi dire à M. Buckle que son et Platon, et d'allier aux doctrines rationalistes de érudition, tout immense qu'elle est, n'est pas la Grèce les idées mystiques de l'Orient. très-choisie. Citer sur la même ligne M. Thiers et M. Amédée Gabourd serait une absurdité. Eh bien, M. Buckle en commet à chaque instant, de ces absurdités. J'en suis fâché pour lui, car il parle de la France en termes fort justes, et il comprend parfaitement les questions qui se sont agitées dans ce pays depuis cent ans. Le troisième reproche que j'adresserai à l'écrivain en question porte sur l'idée religieuse. On ne m'accusera pas, je l'espère, d'être trop collet monté; mais il me semble qu'attribuer le progrès de la civilisation à la marche des idées intellectuelles exclusivement, est un paradoxe absurde. Malgré tout cela, M. Buckle est aujourd'hui l'écrivain à la mode, tout le monde le lit, l'étudie, le commente, et dès qu'il aura terminé le manuscrit de son second volume, ce sera, entre les éditeurs, à qui l'achètera. Heureux M. Buckle! J'ai l'honneur d'être, etc. GUSTAVE MASSON. Paris, 30 juillet.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Les Ennéades de Plotin, trad. par M. BOUILLET.
In-8 (3).

« Il nous reste, dit le traducteur dans sa préface, trois grands monuments de la philosophie

(1) Harold, the last of the Saxon Kings.

(2) History of Civilization in England, by J. Buckle. Vol. 1.

(3) Les Ennéades de Plotin, chef de l'école néo-platonicienne, traduites pour la première fois en français, accom

Quoique de mérites fort divers, ces trois monuments ont pour la philosophie, et surtout pour l'histoire de cette science, une importance presque égale. On ne saurait, en effet, si on ne les a explorés tous les trois, se faire une idée juste et complète de la philosophie ancienne, de son progrès, ou du moins de ses transformations, ni connaître toutes les solutions qui ont été données des grands problèmes que l'humanité a de tout temps agités.

» Mais il n'y a, de nos jours surtout, qu'un bien petit nombre de savants privilégiés qui puissent étudier, dans les textes originaux, des philosophes chez lesquels l'obscurité de l'expression vient trop souvent augmenter la difficulté inhérente au sujet. Il n'existait qu'un moyen de rendre les écrits de ces auteurs accessibles au plus grand nombre des lecteurs : c'était de les faire passer dans la langue vulgaire.

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» Déjà deux hommes éminents à la fois dans la philosophie et dans l'érudition, M. V. Cousin et M. Barthélemy Saint-Hilaire, se sont dévoués de nos jours à cette tâche, non moins pénible qu'utile et méritoire la France leur doit de savantes traductions de Platon et d'Aristote. Seul, Plotin n'avait pas jusqu'ici trouvé d'interprète, soit que l'importance de son rôle dans l'histoire de la philosophie n'eût pas été aussi bien comprise, soit

pagnées de Sommaires, de Notes et d'Éclaircissements, et précédées de la Vie de Plotin, de Porphyre, par M. Bouillet, conseiller honoraire de l'Université, inspecteur de l'Académie de Paris. 1 fort vol. in 8, chez L. Hachette. Prix: 7 fr. 50 c.

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