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"Monsieur le Directeur,

« Les découvertes les plus intéressantes faites dernièrement dans le domaine de la littérature égyptienne, consistent en deux papyrus qui sont aujourd'hui en la possession de M. Harris, à Alexandrie.

solateur; en 1838, un Christ au jardin des Oli- | chéologiques, et a bien voulu nous adresser d'Aviers; peu après, des Bergers guidés par l'ange | lexandrie la lettre suivante sur de précieux papyet les Rois mages, le Christ portant sa croix, le rus récemment découverts. M. Prisse compte reChrist enseveli; en 1846, Saint Augustin et monter le Nil jusqu'à la troisième cataracte et se sainte Monique ; en 1847, les Saintes femmes re- rendre ensuite à la grande oasis. venant du tombeau, le Christ juge, puis ensuite une Madeleine au tombeau, un Christ pleurant sur Jérusalem, une Mater dolorosa; en 1850, Saint Jean écrivant l'Apocalypse, suivi bientôt de la Tentation du Christ, une Madeleine en extase, un Christ montrant l'enfant comme le premier du royaume des cieux, Ruth et Noémi, un Ecce homo, les Gémissements de la terre, qui, en montant au ciel, se transforment en espérances et en béatitudes, Jacob et Rachel, le Baiser de Judas, l'Enfant prodigue. | Enfin M. Scheffer, au moment où la mort l'a frappé, peignait un Ange annonçant aux saintes femmes la résurrection, et un Christ apparaissant à Madeleine.

Ce grand artiste a laissé un nombre de portraits assez considérable. Nous citerons les portraits du général Lafayette, du prince de Talleyrand, de Béranger, de Chopin, de Lamennais, de Mme Viardot, de Manin, du général Cavaignac, de MM. Henri Martin, Villemain, etc. Dans l'année qui a précédé sa mort, il fit, en Angleterre, le portrait de la reine Marie-Amélie, qu'il représenta une seconde fois dans une belle composition où le Christ la couronne d'épines. Cette œuvre est l'une des dernières que M. Ary Scheffer ait achevées.

Terminons en nous associant à ces paroles du Journal des Débats : « Avant d'être un grand artiste, M. Scheffer était une âme libérale et vraiment d'un autre âge, ouverte à tout ce qui est noble, généreux et bon. Sa grande carrière, toujours dans la ligne de la plus sévère indépendance, offre aux jeunes talents le modèle d'une vie glorieusement menée, et d'une renommée obtenue par le seul art de flatter le cœur humain dans ses instincts délicats ou élevés. »

NOUVEAUX PAPYRUS DÉCOUVERTS EN ÉGYPTE.

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Le premier, qui n'a pas moins de 46 mètres de longueur, contient un récit des hauts faits de Ramsès III, probablement le Rampsinite d'Hérodote, célèbre par ses exploits, le nombre de ses femmes et ses richesses innombrables. Ce manuscrit royal, qui date de l'an 32 du règne de ce Pharaon, est rédigé en caractères hiératiques d'une magnifique écriture : il est divisé en cinq grandes sections.

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» La première, ornée d'une peinture représentant Ramses III rendant hommage aux grandes divinités de Thèbes, Amon-ra, Mauth et Khonso, contient une longue liste des devoirs religieux accomplis par le roi, l'énumération des temples ou oratoires bâtis dans la Thébaïde par ordre du Pharaon, les divers matériaux employés à leur construction ou à leur embellissement, le dénombrement des offrandes faites, à l'occasion de certaines panégyries, en or et en argent de divers pays, en lapis lazuli et autres matières précieuses, en bestiaux, victuailles, fruits et fleurs de lotus: tout y est spécifié avec un soin minutieux.

"La deuxième section s'ouvre par un tableau représentant Ramsès rendant hommage aux dieux d'Héliopolis, Ra, Nofré-atmou et Hathor. Puis vient comme précédemment la liste des temples élevés par le Pharaon et les nombreuses offrandes faites aux dieux à différentes époques solennelles.

"La troisième section commence aussi par un tableau de Ramsès faisant ses dévotions aux divinités de Memphis, Ptah, Pascht et Emphé-Moui, forme primitive de l'Esculape égyptien. Suit le dénombrement des temples construits ou embellis et une longue liste d'offrandes. On voit qu'à M. Prisse d'Avennes, le savant égyptologue qui, cette époque Memphis était déjà déchue de l'imil y a une douzaine d'années, a fait don à la biblio-portance qu'elle avait avant l'invasion des Hykthèque de la rue Richelieu de la Chambre des rois, sos; car elle ne vient qu'en troisième ordre dans le recommence en ce moment ses explorations ar- ] manuscrit royal.

» La quatrième section présente pour la BasseÉgypte un dénombrement semblable aux précédents. On y mentionne plusieurs temples élevés à Set, Soutech et Baal, trois différentes personnifications du dieu destructeur dont le culte était fort répandu à cette époque. On y trouve aussi l'énumération d'un grand nombre de localités dont les noms ont disparu avec les monuments. Ces quatre parties, qui donnent un tableau complet de la répartition des divinités par nomes et beaucoup de noms nouveaux pour la géographie de chaque province, sont du plus haut intérêt pour l'histoire de l'Égypte.

» Enfin, la cinquième section contient l'historique des exploits de Ramses III, aidés de ses alliés, contre diverses peuplades qu'on voit représentées à Thèbes, sur les parois du vaste palais de Medinet Habou. Le manuscrit et les bas-reliefs sont relatifs aux mêmes événements, ils se corroborent, s'élucident l'un par l'autre, et peuvent même être d'un puissant secours pour les progrès de l'égyptologie.

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Un autre papyrus, beaucoup moins long, présente un récit du même genre relatif au Pharaon Ramsès VII, dont on connaît fort peu de chose par les monuments. Il provient aussi des hypogées creusées aux environs du palais de Ramsès III. Plusieurs autres papyrus qui faisaient partie de cette trouvaille et contenaient probablement des annales aussi intéressantes, ont été dispersés et acquis par divers voyageurs. Un jour viendra où toutes ces richesses littéraires, mises en circulation, révéleront de nombreux faits et nous rendront quelques pages de l'histoire égyptienne, quinze à vingt siècles avant notre ère. "PRISSE D'AVENNES.

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vous vous demandez ce que pouvaient être ces ❝auzelles de Chipre pour parfumer chambres, mentionnées en l'inventaire des joyes rapportées de terre sainte par ledit seigneur. « Le savant édi¬ » teur, dites-vous, a rendu le mot auzelles par sa signification ordinaire d'oiseau. Est-ce la bonne ? J'en doute d'autant plus que je trouve dans Du» cange les mots ansa, anxilla, auxilla et auxil» lula avec le sens de vase. Auzelle doit proba"blement signifier ici quelque flacon rempli d'essence. En tout cas, à moins d'être expliqué, » le sens d'oiseau ne me semble pas pouvoir » être adopté. »

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» Je laisserais à l'éditeur du Voyaige à défendre sa légitime interprétation, si je n'étais en mesure de vous offrir un document inédit qui s'y rapporte.

» Et d'abord, constatons, par documents imprimés, que M. le marquis de la Grange a raison.

» Au chapitre XLIII de l'Histoire et plaisante chronique du petit Jehan de Saintré, figurent, parmi les présents faits au jeune écuyer par les dames et damoiselles de la cour, «oysellets de Chippre, et tant d'aultres odorifiques odeurs que très-longue chose seroit à voloir tout réciter. »

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» Je n'ai pu découvrir, dit Gueulette dans son édition de Saintré, donnée en 1724, de quelle nature sont les oiselets de Chypre, dont l'odeur est si agréable.»

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» Le Duchat, dans ses notes sur le même roman, a donné quelques détails sur les oiselets en question : « C'étaient de petites balottes de toutes grandeurs, remplies de parfums exquis, et qu'on » joignait ensemble avec de la gomme pour leur » faire prendre la forme de certains petits oiseaux, » de la peau desquels on les composait, afin de » les faire crever à propos, comme faisait la fa» meuse courtisane Impéria, au ch. VII du Moyen » de parvenir. Un ancien inventaire, inséré t. II, » p. 321, de l'Histoire de Bretagne, de dom Alexis Lobineau, contient : deux cagettes d'argent verrées, à mettre oysellets de Chypre : ce qui fait » voir que ces oiseaux factices se mettaient dans » des cages vitrées d'où on détachait une à une » les balottes, à mesure qu'on voulait s'en servir. » (Ducatiana, p. 39).

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» Bornons-nous à renvoyer le lecteur qui aime à rire, au chapitre VII du Moyen de parvenir; il y trouvera, en effet, un petit conte drôlatique que Balzac a oublié sans doute quand il nous a si plaisantement raconté les faits et gestes de la célèbre

courtisane; mais n'oublions pas nous-même de viser l'article oyselets de Chypre, que contient le Glossaire de la Notice des émaux, bijoux, etc., du Musée du Louvre, par le savant M. de Laborde. On Ꭹ voit ces oiselets parfumer le XIV et le xv siècle. Puis revenons, s'il vous plaît, à Gueulette.

Plus de trente ans après avoir donné son édition de Saintré, il ajoutait à son exemplaire, dont nous sommes possesseur, des notes manuscrites (1), notamment celle-ci :

» Les pastilles dont on formait les oizelets de Chipre étaient composées de :

"Benjoin, stirax (2), laudanum, stirax liquide, santal citrin, noix muscades, rozes, camphre, mousse, charbon de saule, musc et cyvette.

» Avec cette paste, on donnait la forme de petits »oiselets à des pastilles que l'on faisoit brusler » dans une cassolette.

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» Inutile, sans doute, monsieur, de vous faire remarquer combien tout se matérialise. Au temps du concile de Constance, les oiselets de Chypre n'étaient, et j'en ris encore, qu'un vent odorifique : M. de Laborde y met, lui, de la poudre odorante, et il a, je n'en doute pas, de bonnes raisons à l'appui de sa définition. Enfin, le chirurgien Pointet les compose d'une pâte et en fait une espèce de pastille du sérail.

(1) Voici la première: elle peut être utile à l'histoire littéraire.

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» de M. le procureur du roy au Chastelet de Paris, 1757.» Passons sur ce désintéressement de M. le substitut, opposé à la cupidité de l'illustre de La Monnaye; mais disons que le libraire n'a pas été bien venu à lésiner dans cette circonstance. Le texte de Gueulette est bon: M. Brunet trouve ses notes " curieuses "; moi, je pense, avec M. Leber, qu'elles « pouvaient être meilleures »; par exemple, si on les eût fait faire, pour 100 écus, par de La Monnaye.

(2) C'est plutôt storax. (Voy. Dict. de Trévoux.)

«Gueulette a eu tort de ne mentionner ni les quantités des ingrédients, ni la manière de fabriquer les oiselets. Mais, avec les éléments qu'il nous a conservés, je crois que les Chardin et les Piver de nos jours ne seraient pas embarrassés pour refaire ces petites balottes si chères aux nez de nos pères, et peut-être ne manquerait-il pas non plus de belles Impéria pour s'en servir. Agréez, etc.

S.-B. DE SAINTE-BEUVE-EN-BRAY.

Nous avons encore reçu, au sujet de ces oiselets de Chypre, une lettre de l'un de nos amis, qui nous signale deux passages qui lui ont été communiqués par M. Douët d'Arcq, le savant éditeur des Comptes de l'argenterie des rois de France, et que celui-ci a tirés d'un compte du duc de Berri, l'an 1412, conservé aux Archives de l'empire. On y lit, fo 44, ❝ une pomme d'argent véré pour mectre oizellets de Chippre et autres fumigacions. » Puis, au fo 48, "un petit ours d'or esmaillé de noir, qui porte une hote garnie d'un balay, deux petits saphirs et VI perles; et est le dit ours tout creux pour mettre dedans oizellez de Chipre ardans pour parfumer.

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Nous croyons maintenant que, d'après ces textes, il ne peut pas plus dans l'esprit de nos lecteurs que dans le nôtre, rester le moindre doute sur la signification du mot auzelles ou oisellets de Chypre, et nous prions ceux qui nous ont

adressé ces notes intéressantes de recevoir ici tous nos remercîments. Lud. L.

VERS INÉDITS DE LOUIS XIV.

"Louis XIV, dit Voltaire, se plaisait et se connaissait aux choses ingénieuses, aux impromptus, aux chansons agréables, et quelquefois même, il faisait sur-le-champ de petites parodies sur les airs qui étaient en vogue. » A l'appui de son dire il cite deux pièces : l'une sur Ferrant, chancelier de son frère, l'autre, plus connue, qu'il composa un jour en congédiant le Conseil.

Le Conseil à ses yeux a beau se présenter... Le général Grimoard, dans son édition des œuvres de Louis XIV, en a donné encore une autre aussi courte que les précédentes sur la présidente Tambonneau. Le tout forme une quinzaine de vers. A ce bagage poétique, fort léger, mais dont

lui restituant son bien, c'est-à-dire sa bibliothèque.

le grand roi peut très-bien se passer, nous allons | littéraire d'apprendre que le gouvernement franajouter une petite pièce inédite, que nous fournit | çais a enfin fait amende honorable à M. Libri en le chansonnier manuscrit de Maurepas (t. III, p. 461). C'est une parodie du premier couplet du troisième intermède de Psyché (1). Suivant le manuscrit, elle est dirigée contre cette Me de Fienne, si mêlée aux intrigues de la cour de Monsieur, et dont Mme de Sévigné, Mademoiselle et la princesse Palatine ont parlé plus d'une fois avec mépris. Voici ces vers, que nous donnons pour ce qu'ils valent:

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Qu'on nous permette un petit commentaire. Lorsqu'en 1848 M. Libri s'est réfugié en Angleterre pour se soustraire aux poursuites dont il prévoyait les résultats, il laissa à Paris une fort belle bibliothèque que de fidèles amis transportèrent hors de son domicile, et sur laquelle le magistrat chargé de l'instruction parvint à remettre la main. L'examen de cette bibliothèque amena la découverte d'un très-grand nombre de livres et d'autographes enlevés aux dépôts publics de Paris et des départements, et qui aujourd'hui, ainsi que d'autres pièces saisies postérieurement dans diverses ventes, sont déposés au greffe, où M. Libri se gardera bien d'aller les redemander. Après l'arrêt de la cour d'assises qui condamna par contumace notre bibliophile à dix ans de réclusion, le domaine fit procéder à la vente d'une partie de cette bibliothèque. Le produit servit à payer les frais du procès et les indemnités dues aux établissements dé

pouillés par l'ex-membre de l'Institut. C'est ainsi que la bibliothèque de Grenoble reçut une somme de plus de 2,000 francs, montant de soustractions opérées par lui à son préjudice. Quand tout fut payé, le reste de la collection fut remis à la disposition du condamné.

Voilà ce que M. Libri appelle, avec cette audace qui ne s'est jamais démentie, l'amende honorable du gouvernement français. On voit qu'il doit bien compter sur l'ignorance ou la bonne volonté d'i public anglais pour oser lui débiter de pareilles

billevesées.

LUD. L.

L'Académie des inscriptions a prononcé, le mois dernier, son jugement dans le concours relatif au prix Gobert. Elle a décerné, encore cette fois, le prix à M. Hauréau, pour sa continuation du Gallia christiana, et l'accessit à M. Chevallet, auteur d'une histoire des origines de la langue française. On ne peut qu'applaudir à ces décisions, qui sont de tout point conformes à l'esprit et à la lettre du legs fait par le baron Gobert, dont le testament, comme elle a soin de le rappeler tous les ans dans sa séance annuelle, porte que le prix doit être décerné à l'ouvrage le plus savant sur l'histoire de France et les études qui s'y rattachent,

et être conservé par le lauréat jusqu'à la publication d'un livre meilleur que le sien. Ce sont là des règles auxquelles l'Académie a pris l'engagement formel de se soumettre en acceptant la donation, et dont elle ne peut, sans manquer à son devoir, s'écarter sous aucun prétexte.

LIVRES NOUVEAUX.

POÉSIES.

vagabonds volent le chien et l'enfant suit la pauvre bête. Gaston ne demeure au milieu de ces bohémiens que pour faire éclore une fleur de bonté au cœur d'une gitana et, grâce à elle, il s'échappe et se voit recueilli par une mère dont l'enfant n'est plus :

...

Gaston, quel bonheur est le nôtre ! Nous pourrons remplacer nos deux morts l'un à l'autre.

Les détails de ce poëme sont délicieux et le récit marche trop près de la vie peut-être, tant le vers est manié avec souplesse. Gaston a été adopté par des pêcheurs. L'Éducation est un chant plein de grandeur et de force; c'est mystérieux et humain; deux nouveaux personnages apparaissent, le père Ventoux et l'Océan. La scène où une goutte d'écume vient baptiser Gaston et le sacrer marin, est épique; la tempête est émouvante et tracée à grands traits. M. Marc Pessonneaux mêle quel

Ceux qui ont porté une tendresse assidue aux poëtes, doivent-ils se réjouir de voir la poésie traitée sérieusement par quelques critiques? Nous le pensons. M. Marc Pessonneaux a eu les honneurs des grands journaux et des longs articles; il les mérite. Mais cette justice a-t-elle toujours été rendue? Nous ne le croyons pas, et en voyant un homme de talent apprécié, nous songeons avec plaisir que peut-être enfin de nos jours on ne lais-quefois l'afféterie au vrai sentiment, et la recherche

serait pas mourir Hégésippe Moreau de désespoir. Plus d'une fois nous avons cité ce nom avec amertume: c'est qu'il suffit à lui seul pour accuser une génération entière qui posséda tant de critiques et qui laissa échapper une justice à faire. Et pourtant je ne connais guère de volume de vers dont la lecture ne soit préférable aux trois quarts des romans et à presque toutes les pièces de théâtre que fournit une année. Pour notre compte, nous remercions l'ami qui nous a offert l'asile de son journal où nous pouvons encore parler de la poésie et prouver aux poëtes qu'ils ont un frère sympathique quelque part. M. Marc Pessonneaux a débuté par un livre que nous avons salué ailleurs, A pleines voiles. Le nouveau poëme de l'auteur, la Vie à ciel ouvert (1), est une sorte de roman poétique. La préface en prose porte toutes les qualités que l'écrivain met dans ses vers, la clarté, la netteté et l'amour du grand et du simple. Le premier chapitre est intitulé Deux bonheurs; il s'agit d'une femme heureuse avec celui qu'elle aime, heureuse de l'enfant auquel elle donne le jour; le père meurt, puis la mère. Le second livre, Enfance et Bohême, nous montre la jeunesse du petit Gaston, l'orphelin recueilli par le curé. Le campement des Bohémiens dans le cimetière est une merveille de facilité et de couleur. Gaston avait un ami, un chien; les

(1) La Vie à ciel ouvert, par M. Marc Pessonneaux. Paris, Dentu.

du détail l'entraîne au delà de l'effet. Il y a des vers qui touchent à la puérilité. Citons la fin de ce quatrième livre pour effacer notre critique:

Ventoux dit à mi-voix : « Qu'avais-tu donc, ma Lise?
Tu nous parlais ce soir comme on prêche à l'église ? »
Et Lise répondit : « Je ne sais pas souvent
Quelque chose de moi s'en va comme en rêvant;
Une autre dans mon âme à ma place vient vivre,
Et j'entends une voix qui parle comme un livre.
Parfois, de mon esprit un autre esprit vainqueur,
Pour instruire Gaston, s'empare de mon cœur ;
C'est une autre qui parle, et je ne puis connaître
Si c'est Dieu, mon bon ange, ou bien... le sien, peut-être.»

Et Gaston, qui feignait de dormir, écoutait,
Et souriait tout bas, sachant bien qui c'était.

Il faudrait pouvoir citer en entier le chant intitulé la Promenade. C'est beau et poignant. Gaston, en conduisant au Havre deux fiancés, Edward et Emma, est emporté par la tempête vers la grande

mer.

Sur ce vaste désert, le ciel terne et livide,
S'étendait, renversé comme une coupe vide,
Et le vent, sombre dieu de ces mornes séjours,
Le vent soufflant encor, la barque allait toujours.
Les vivres s'épuisent:

L'angle abritait ainsi, sous ce pli qui le voile,
Un débris de repas dans un débris de voile,
Et toujours aux grands flots, sous leur mât de sapin,
Couraient ces trois vivants et ce morceau de pain.

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