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M. Quicherat qui, par la position qu'il avait prise, dès le commencement des débats, s'était vu en butte aux plus vives attaques des partisans d'Alise, vient de leur répondre d'une manière victorieuse. Il a pu le faire cette fois, en toute connaissance de cause, car il a séjourné plusieurs semaines en Franche-Comté, étudiant pas à pas, les commentaires de César en main et accompagné de guides sûrs et intelligents (1), les localités où succomba la nationalité gauloise.

Son travail commence par la réfutation des objections de ses adversaires, et en particulier du rapport de l'Académie des inscriptions, sur le mémoire de M. Rossignol, à qui elle décerna une médaille d'or (2). La savante compagnie avait adopté, comme étant tous sûrs et irrécusables, les dires de l'archiviste dijonnais et n'avait cru devoir procéder à aucune vérification. Elle aurait bien fait pourtant, et aurait été fort avisée de consulter, par exemple, le témoignage imprimé (3) d'un maître charbonnier que M. Rossignol a vu dans sa courte excursion à Alaise, et qu'il a fait parler d'une manière assez étrange, pour en recevoir un démenti que nous reproduisons dans toute sa simplicité.

"

Je voudrais bien voir, s'écrie-t-il, où ce Rossignol-là a pris tout ce qu'il me fait dire. Il est bien vrai que lorsqu'il m'a demandé, en me montrant une véritable place à charbon, abandonnée depuis un an, si c'était là ce qu'on appelait fourneau, je lui ai répondu que oui. Le gaillard s'est bien gardé de me dire ce qu'il voulait faire de ce oui-là. Il y a bien d'autres choses qu'on appelle fourneaux sur ce plateau et autour d'Amancey, mais qui ne sont pas des places à charbon. Il a menti quand il raconte dans son imprimé que j'ai allumé ce fourneau il y a cinquante ans; j'en ai soixante, je ne pouvais pas être maître charbonnier à dix ans. Je n'ai même commencé le métier qu'à vingt-sept ans, et il n'y a que deux ans que je suis dans le pays. Voyez aussi quelle malice! Il se nommait Saint-Thomas à Alaise, et voilà qu'à Dijon, où on dit qu'il reste, il se nomme Rossignol. Je n'aime pas les gens qui changent de nom aussi facilement. » Par malheur, M. Rossignol a

(1) Entre autres M. Castan, archiviste de Besançon, et M. de la Croix. (2) Voy. la Correspondance de 1857, août, p. 230. (3) Dans l'Abeille jurassienne du 23 novembre 1856.

traité le témoignage de l'antiquité comme il avait traité celui du maître charbonnier.

Après avoir recommencé de nouveau l'examen des textes anciens et de leur explication par ses adversaires, auxquels, en passant, il donne d'assez rudes leçons (1), M. Quicherat nous transporte avec lui sur le territoire d'Alaise. Si, de son cabinet, il avait déjà pu réfuter les objections des partisans d'Alise, on peut juger ce que son raisonnement puise de force dans l'aspect même du territoire où se livra l'une des luttes les plus terribles dont fasse mention notre histoire. Il n'est pas une ligne, pas un mot des Commentaires dont M. Quicherat n'ait pu trouver l'explication sur le terrain. Accidents naturels du sol, fortifications et retranchements gaulois et romains, tout vient s'adapter merveilleusement à la description pourtant si concise du vainqueur de Vercingétorix. Bien plus, le souvenir de ces combats acharnés se retrouve à chaque pas dans les dénominations du pays; ainsi on trouve le Camp des avantgardes, la Bataille, les Mouniots (Munitorium), les Temples, le champ Belin (Belenus), le Camp de la cavalerie, le Guidon, le Champ soldat, l'Ile de bataille, Malquartier, le Bois de la Foye (fuite), le Grand camp baron, le Petit camp baron, le Champ de guerre, le Camp Cassar, la Côte de bataille, le Fonds de la victoire, les Champs des Goeles.

Ce n'est pas tout. Jusqu'ici on n'a trouvé à Alise que des antiquités gallo-romaines, c'est-à dire d'une date qui ne peut apporter ici aucun éclaircissement. Il n'en est point de même pour Alaise, ainsi que nous l'avions dit précédemment. On y a découvert et on y découvre tous les jours des sépultures gauloises et des sépultures romaines, des armes de fer, des anneaux, des bracelets, etc. On a ramassé et on ramasse des monnaies, non pas dans des tumulus, mais çà et là, entre les pierres, à la place où sont tombés les combattants. Ce sont des bronzes gaulois offrant le type que les plus habiles numismates, comme M. An. de Barthélemy, attribuent aux Santons, c'est-à-dire à l'un de ces peuples qui envoyèrent à Alaise « leurs enfants à la défense de la patrie expirante. Enfin, ajoutons qu'en dernier lieu, et M. Quicherat a publié son mémoire avant que le fait arrivât à sa connaissance, on a trouvé dans un des

(1) Voy. entre autres p. 19.

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ravins du massif d'Alaise les traces empreintes sur le roc, d'une voie gauloise, et auprès, les débris d'un chariot gaulois, de nombreux fers de chevaux avec des clous d'une forme inconnue jusqu'à présent.

fondation (1788) de la société africaine, dont le premier voyageur ou le premier martyr, comme on voudra l'appeler, fut l'Américain Ledyard. Celui-ci, après avoir fait en Europe, de la Hollande en Sibérie, un voyage à pied de près de six mille lieues, fut enlevé en Égypte par une fièvre bilieuse. Puis vint

Peut-on hésiter maintenant sur l'emplacement l'Écossais Mungo-Park, qui périt, on resta long

d'Alaise?

Le travail de M. Quicherat a déjà opéré plus d'une conversion, et je crois qu'il en fera plus d'une. Voici, entre autres, un de nos savants les plus distingués, chez qui l'intelligence va de pair avec la sincérité de son amour pour la science, voici M. de Saulcy, qui, partisan d'Alise, n'hésite pas à proclamer (1) «que cette brochure trèsclaire, très-intéressante, est très-capable d'ébranler bien des convictions. Je ne crois pas, ajoute-t-il, que jamais on ait tiré un meilleur parti des dénominations locales d'une contrée. Ce qui est aujourd'hui hors de doute, c'est qu'Alaise a été un immense oppidum gaulois, et que là s'est passé un de ces faits de guerre dont la mémoire ne périt jamais." Ah! s'il y avait beaucoup d'académiciens et de savants comme M. de Saulcy!

· A côté des ouvrages appartenant à l'érudition proprement dite, il y a une branche de littérature qui, chez nous comme dans les pays voisins, prend chaque jour une plus grande extension, nous voulons parler de la littérature des voyages. En attendant la traduction que préparent en ce moment MM. Hachette et Ce des relations des excursions du docteur Livingstone dans l'Afrique et de l'adjudant général Ferrier (2) dans l'Inde, ces intelligents éditeurs viennent de publier deux excellents livres. L'un, intitulé: le Niger et les explorations de l'Afrique centrale, depuis Mungo-Park jusqu'au docteur Barth (3), est dû à M. Ferdinand de Lanoye. C'est un résumé fait avec grand soin et présenté d'une manière attachante de toutes les explorations tentées avec plus ou moins de succès depuis soixante ans, par des hommes intrépides dont la plupart ont payé de leur vie leur dévouement à la science. Une courte introduction historique nous mène d'Hérodote à la

(1) Voy. Courrier de Paris, 16 février 1858.

temps sans savoir comment, dans le port d'Yaourie, en 1805.-Ce fut seulement il y a douze ans qu'un officier anglais, parcourant le royaume de Dahomey, apprit que dans une ville de l'intérieur, existait encore un témoin de la catastrophe; il s'y rendit immédiatement, et put recueillir ainsi des renseignements authentiques sur la mort de son illustre compatriote.

années, se sont succédé une foule de voyageurs, Depuis Mungo-Park jusque dans ces dernières dont la liste n'offre guère qu'une nécrologie. Ainsi, en 1816, d'une expédition commandée par le capitaine Tuckey, chargé d'explorer le cours inférieur du Zaïre, il ne revint qu'un seul Européen. Cinquante-neuf étaient morts en route.

M. de Lanoye nous a raconté successivement, et avec plus ou moins de détails, suivant leur durée et leur importance, les voyages de Derham, Dudney, Clapperton, des frères Lander, de Caillié, et enfin les explorations toutes récentes et si productives pour la géographie, de Richardson, d'Overweg et de Henri Barth. Nous avons vu avec plaisir qu'il avait vengé la mémoire de Caillié des nombreuses critiques dont sa relation avait été l'objet en Angleterre et en Allemagne, et pour cela, il lui a suffi d'invoquer le témoignage de Barth lui-même, qui a proclamé l'intrépide Français « l'un des plus véridiques explorateurs de l'Afrique. »

Ce volume, à la lecture duquel on ne peut s'arracher une fois qu'on l'a ouvert, tant les extraits des relations originales sont faites avec sagacité, est terminé par le récit de l'exploration de la rivière Tchadda par le steamer la Pléiade en 1854.

Avec Mme J. de Pfeiffer, nous mettons à peine le pied en Afrique, mais nous parcourons le reste du monde. L'histoire de cette célèbre voyageuse est fort curieuse. Elle est née en 1795, à

(2) La Revue Britannique en a donné, en 1857, de longs Vienne; elle a été mariée et est mère de famille.

et intéressants extraits.

(3) 1858, 620 p. in-12, avec une carte.

Mais ce fut seulement après la mort de son mari et l'établissement de ses enfants que, se considérant

comme entièrement libre, elle songea à satisfaire sa passion pour les voyages. Elle avait quarante-sept ans, c'est-à-dire un âge respectable qui lui permettait, comme elle le dit elle-même, de voyager seule, quand elle partit pour l'Orient. Elle traversa sans guide les deux Turquies, la Palestine et l'Égypte. A peine revenue en Europe, elle court visiter la Suède, la Norwége, la Laponie et l'Islande. Ces deux excursions que, grâce à son courage et à sa bonne constitution, elle avait supportées sans peine, ne firent que la mettre en goût d'expéditions plus lointaines; et le 1er mai 1846 elle quitta Vienne pour accomplir son premier voyage autour du monde. Il dura environ deux ans, pendant lesquels Mme Pfeiffer visita le Brésil, Valparaiso, Taïti, Canton, Ceylan, Madras, Calcutta, Bénarès, Delhi, Bombay, Bagdad, Mossoul, Tauris. Elle regagna l'Europe par les frontières de la Russie asiatique, où elle eut tellement à se plaindre des difficultés semées à chaque pas autour d'elle, qu'elle s'écriait : « O mes bons Arabes, ô Turcs, Persans, Indous, j'ai traversé paisiblement vos contrées. Qui m'aurait dit que je rencontrerais tant d'obstacles sur cette terre chrétienne! "

Après trois années de repos, elle repartit de Londres (mai 1851). Bornéo, Java, Sumatra, les Moluques, la Californie, le Pérou, les États-Unis, furent ses principales étapes. Elle revint en Angleterre en 1854, et le 31 août 1856 s'embarquait à Rotterdam pour Java, et à cette heure elle est encore en route, nous ne savons pour quelle destination.

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tome XVIII des Mémoires de Saint-Simon a paru la semaine dernière (1); c'est dire que cette belle publication touche à sa fin. Il en est de même du Journal du marquis de Dangeau (2), auquel les additions inédites de Saint-Simon ajoutent un si grand prix, et qui en est au treizième volume. Les dernières parties de cet ouvrage sont les plus intéressantes, car elles embrassent les années du règne de Louis XIV pour lesquelles les mémoires contemporains sont les moins nombreux. Signalons encore les Mémoires de Mlle de Montpensier, publiés par M. Chéruel (3), d'après le manuscrit autographe conservé à la Bibliothèque impériale. La révision du texte était on ne peut plus nécessaire, car les premiers éditeurs l'avaient singulièrement tronqué et dénaturé, et leurs erreurs n'avaient pas manqué d'être reproduites par leurs successeurs. Un seul exemple fera juger de l'incorrection des éditions antérieures. Dans un passage relatif à une séance du parlement pendant la Fronde, on fait dire à Mademoiselle : « Monsieur parloit de me marier, ce qui faisoit craindre à la cour, etc. » Il faut lire tout simplement : << Monsieur parloit d'une manière qui faisoit craindre, etc. "

Dans cette publication, M. Chéruel s'est dédommagé de n'avoir point mis de notes à l'édition de Saint-Simon dont nous venons de parler. Celles qu'il donne sont suffisamment nombreuses et étendues. De plus il a joint à son premier volume (et j'espère qu'il en fera autant pour les suivants) un appendice très-intéressant. Je lui ferai seulement observer qu'il aurait dû collationner, soit avec le P. Anselme, soit avec Moréri, la liste des chevaliers de l'Ordre faits en 1633, et qu'il donne d'après le journal inédit d'Olivier d'Ormesson. Il y aurait vu que le cardinal de Lyon, frère de Richelieu, ne doit pas figurer dans cette promotion, car il avait été nommé dès l'année précédente; de plus, il n'aurait pas mis le marquis de Montrevel (Mouchy), au lieu de Jean de Monchi, marquis de Montcarvel. Les la Baume-Montrevel, les Mouchy et les Monchi-Montcarvel sont trois familles distinctes.

(1) A la librairie Hachette.

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(2) A la librairie Didot. Ce volume comprend les années 1709 à 1711.

(3) Chez Charpentier, in-18, t. I.

La Bibliothèque elzevirienne, avec laquelle nous sommes en retard pour plusieurs publications importantes dont nous rendrons compte prochainement, continue de son côté à s'augmenter de nouveaux mémoires. Les Mémoires de Marguerite de Valois, suivis d'anecdotes inédites relatives à l'histoire de France au XVI et au XVII siècle, ont paru. Le cinquième volume des Mémoires et du journal inédit du marquis d'Argenson est sous presse, ainsi que le premier volume des Chroniques de Jean Chartier, édité avec de nombreuses additions, par M. Vallet de Viriville; nous croyons aussi pouvoir annoncer la chronique si curieuse de Louis de Bourbon, par Jean d'Oronville (éditée par M. Bertrandi), les Mémoires du comte de Tavannes, par M. Moreau, etc., etc. LUD. LALANNE.

QUESTIONS ET RÉPONSES.

Au moment de mettre sous presse, nous avons reçu d'un de nos abonnés une lettre dont le signa- | taire, qui s'occupe en ce moment d'une histoire de saint Louis, nous demande si l'un de nos lecteurs connaîtrait quelque document de nature à confirmer ou à infirmer les témoignages si positifs de Mathieu Pâris sur les amours de Blanche de Castille.

Nous transmettons cette requête à nos lecteurs, en annonçant qu'un de nos amis à qui nous avons communiqué la susdite lettre nous a promis, pour notre prochain numéro, une petite pièce inédite relative à ce sujet.

NOUVELLES LITTÉRAIRES DE LA GRANDE-BRETAGNE.

Monsieur le Directeur,

Vous l'avez voulu, je renonce aux facéties, et mes articles seront désormais aussi sobres que si je n'avais de toute ma vie étudié que des légendes cunéiformes. Précisément, c'est de cette cunéiformité qu'il s'agit aujourd'hui, et j'ai, sans y penser, employé la comparaison la plus actuelle possible. Vous saurez donc, lecteurs très-illustres, qu'on vient de publier ici le premier volume d'une traduction anglaise d'Hérodote, traduction entreprise et menée à bonne fin par la triple collabora

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tion de George Rawlinson, esquire, de sir J. G. Wilkinson, et du colonel Rawlinson (1). Le premier de ces messieurs, chargé de la version proprement dite, est un de nos meilleurs hellénistes; les deux autres sont des orientalistes de premier ordre. Les travaux de sir Gardner Wilkinson sur l'Égypte ont été depuis longtemps appréciés, et le succès avec lequel le colonel Rawlinson a déchiffré les inscriptions de Bekistun le désignait naturellement comme l'annotateur le plus compétent du père de l'histoire. En effet ce sont, à chaque instant, des questions de chronologie, de généalogie et d'archéologie assyriennes, chaldéennes, médiques ou égyptiennes; il est urgent d'éclaircir la légende de Crésus, de décrire le gouvernement des

Babiboniens

Transféré des Serpents aux Nacédoniens,

et tout ce qui s'ensuit.

Dans l'espace de six cent quatre-vingt-dix pages grand in-octavo, les trois collaborateurs n'ont pu faire entrer que le premier livre d'Hérodote; mais d'un autre côté, ils ont enrichi la traduction d'appendices et de dissertations de la plus grande valeur. Le beau livre dont je vous parle sera bientôt, je n'en doute pas, entre les mains de tous les savants.

La libéralité avec laquelle M. Murray se lance dans les spéculations utiles est bien connue; cependant il faut que la race des scholars soit passablement nombreuse pour justifier, de la part d'un éditeur, la publication de quatre énormes volumes sur Hérodote. Même au prix élevé de 18 schellings, l'écoulement de plusieurs milliers d'exemplaires suffira à peine à couvrir les frais de l'entreprise. Honneur à M. Murray; et tandis que son ouvrage s'achève, voyons un peu ce qui se passe chez les libraires de Fleet-Street. Vous vous rappelez sans doute le roman de sir Edward Lytton, les derniers jours de Pompei! Quels bravos accueillirent cet ouvrage lorsqu'il parut d'abord! Comme on admirait l'heureuse alliance d'une érudition réelle avec ce talent de mise en scène et de style qui avait fait la fortune de Pelham et d'Eugène Aram!

(1) The history of Herodotus. A new English version. Edited with Notes and Essays, by Rev. G. Rawlinson, M. A., assisted by Sir Henry Rawlinson and Sir J. G. Wilkinson. London, John Murray. Vol. 1.

Eh bien! ce que sir Edward a réalisé pour la description des mœurs de l'ancienne Rome, un autre écrivain vient de le tenter à propos de la Grèce (1). Charmione est une histoire attachante dont le sujet | est lié aux événements de la guerre du Péloponnėse; les principaux guerriers, hommes d'État et écrivains que nous connaissons si bien de nom, revivent devant nous, et des tableaux de mœurs se présentent pour encadrer le récit, sans cette affectation de scrupules archéologiques, souvent et justement reprochée aux adorateurs de la couleur locale.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Recueil des plaisants devis récités par les suppost du seigneur de la Coquille. Lyon, N. Scheuring; Paris, Durand, 188 p. in-12.

Si jamais recueil de facéties méritait, aux yeux des bibliophiles, d'être réimprimé, c'est bien celui dont nous venons de donner le titre.-La rareté de ces Plaisants devis est telle que jamais bibliothèque publique ou particulière n'en a possédé les huit éditions originales. Une seule est indiquée dans le catalogue La Vallière; il n'y en avait point dans la collection Soleinne, et on en chercherait en vain à la Bibliothèque impériale.

Les Plaisants devis sont des scènes rimées, dont

Je n'ai jamais pu m'habituer aux pastiches. Par exemple, s'il s'agit du moyen âge, au lieu d'étudier Chatterton et d'ouvrir les cent contes drôlatiques colligez ès abbaïes de Touraine, je préfère remonter à la source, et m'attaquer de suite à la première fut récitée en public le 21 février 1580. Chaucer (2). Me voici donc plongé dans les Can- Elles avaient pour auteurs et pour acteurs les terbury tales, chevauchant en compagnie des imprimeurs lyonnais, dont le nombre était fort pieux pèlerins, citant Guillaume de Lorris, gaus- considérable au XVIe siècle, puisqu'à l'entrée de sant avec le pourvoyeur, ou discutant un point de Henri II dans leur ville, on en vit figurer au mimorale avec le curé. Et à propos de Chaucer, vous lieu du cortége quatre cent treize avec leurs banne vous seriez jamais imaginé, lorsqu'on vous di-nières. Les huit devis dont nous annonçons la réimsait de quelqu'un : C'est un gniaf! Ah! le gniaf! etc., qu'une épithète aussi élégante remontât jusqu'au XIVe siècle. Cependant rien de plus vrai; ouvrez Chaucer, et lisez :

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Whilom there was, dwelling in Oxenforde,
A rich gnof, that gestes helde to borde.

(Cant. tales, 3187-8.)

Là-dessus les commentateurs vous disent que gnof, gnoffe, gnaf, gannov, etc., ne sont que des variantes du même mot germano-hébraïque, signifiant proprement voleur. Vous voilà prévenu, monsieur le directeur, vous et votre public; de par le Talmud, je vous autorise à vous servir du mot gniaf, le cas échéant; mais n'allez pas en faire l'application à contre-sens!

pression furent prononcés en 1580, 1581, 1584, 1589, 1593, 1594 et 1601. Il ne faut point y chercher de sel attique ni de poésie; mais ce sont des pièces où l'on trouve quelques curieux détails de mœurs plusieurs d'entre elles sont fort graves et s'occupent de politique. Le titre de suppôts du seigneur de la Coquille venait de ce que le corps de métiers des imprimeurs avait un capitaine que, par un jeu de mots qui sera facilement compris des typographes et des auteurs, on appelait seigneur de la Coquille.

Nous aurons tout dit quand nous aurons ajouté que ce charmant volume est sorti des presses de L. Perrin.

J'ai l'honneur d'être, etc. GUSTAVE MASSON. Pétersbourg et Moscou, souvenirs du couronneHarrow on the Hill, 27 février.

ERRATUM.

ment d'un tzar, par L. GODARD. 1 vol. in-18. Paris, Dentu, Palais-Royal.

L'auteur de ce livre n'est point un voyageur de

Dans notre dernier numéro, page 88, il faut lire profession, comme on en compte un assez grand Seyffarth au lieu de Jeyffarth.

(1) Charmione, a tale of the great Athenian revolution, by Edward A. Leatham. 2 vols. London, Bradbury and

Evans.

(2) Chaucer's Complete works. 1 vol. London, Moxon.

nombre dans notre monde littéraire, depuis que les chemins de fer ont supprimé les distances. On ne saurait lui reprocher d'avoir crayonné ces esquisses à la hâte et pour payer ses frais de route. C'est un écrivain consciencieux; il nous retrace avec une scrupuleuse fidélité le spectacle à la fois

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