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D.

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CHEZ LA RÉDACTION DE LA Collection d'OEUVRES
CHOISIES DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE.

1 8 3 1.

A

26-T-TAC BOBL LIBR

OXXORD?

BOUL LISP

27.6. OXFORD

LE DIABLE BOITEUX

A PARIS,

OU

LE LIVRE

DES CENT-ET-UN.

ASMODEE.

Où donc est-il Asmodée qui nous le rendra Quand viendras-tu, ange ou démon, nous guider dans cette longue galerie des mœurs modernes, telles que deux révolutions nous les ont faites! Vous qui voyez le monde comme il est, posé, sévère, calme et triste, eroyez-vous donc qu'Asmodée soit possible dans ce monde Sera-t-il à l'aise notre Asmodée dans cet univers tout d'une pièce !

Trouvera-t-il assez de variété et de désordre dans cette comédie de chaque jour, je ne dis pas pour l'applaudir, mais seulement pour se donner la peine de la siffler !

Quand Asmodée parut pour la première fois, c'était le bon temps. Il y avait encore, à cette époque, des mœurs espagnoles même en France, une vie d'amour et de duel, une vie brodée sur toutes les coutures, toute en relief, toute parée, faite exprès pour la comédie et pour le conte. C'était partout, dans les murs, hors des murs, un plaisant vagabondage d'opinions, de besoins, de passions diverses; surtout il y avait encore dans ce monde-là des étudiants, des usuriers, de l'amour, de la dévotion, des soldats, des femmes ridicules, de vieilles femmes professant l'amour, des médecins ridicules, des magistrats en robe noire, des princes incognito, des moines lascifs, des veuves évaporées, des comédiens d'élite, des poètes en guenilles et des maris trompés. On conçoit donc que dans ce monde, Asmodée le-diable dût se complaire. La comédie était partout alors, la comédie d'intrigue libertine et joyeuse à faire plaisir. Elle grimpait au tribunal du juge, mettant effrontément le bonnet carré, et faisant la grimace aux plaideurs; elle

s'asseyait an trône du roi, plaisantant avec le despotisme, et jouant avec la souveraine puissance comme on joue avec un tigre apprivoisé. La comédie satirique ne respectait ni les hommes ni les choses; elle montait à l'autel avec le prêtre en surplis, elle se grisait dans la sacristie avec le moine en goguettes; elle jouait du couteau dans le cabaret avec l'alguazil pris de vin; elle parconrait l'hôpital, licencieuse et folâtre déesse, fouettant le malade et le médecin; tantôt en guenilles et en besace, elle ressuscitait Diogène le cynique ; tantôt, courtisane parfumée, elle attendait nonchalamment dans son boudoir les galants seigneurs et les soldats brutaux; puis bientôt, fille de joie au coin de la borne, marchand fripier aux piliers des halles, revendeuse à la toilette, entourée d'essences, de pommades, de fard, de vieux parfums, de vieilles livrées, de robes fripées, calculant une fortune sur ces vieux restes des passions et de la coquetterie, du luxe et de l'indigence des femmes, la comédie faisait tous les métiers. Que de fois, ne refusant aucuns des déguisements les plus honteux, ue s'est-elle pas déguisée en censeur ou en espien de police; se tenant des journées entières à la porte des maisons de jeu, des

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