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Heureux villageois, dansons;
Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,
Musettes

Et chansons !

Mais notre joie, hélas! le désespère ;

Il fuit avec son favori.

Craignons sa haine, et disons qu'en bon père
A ses enfans il a souri.

Heureux villageois, dansons:

Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,
Musettes

Et chansons!

LE COIN DE L'AMITIÉ.

Couplets chantés par une demoiselle à une jeune mariée, son amie.

L'Amour, l'Hymen, l'Intérêt, la Folie,
Aux quatre coins se disputent nos jours.
L'Amitié vient compléter la partie,

Mais qu'on lui fait de mauvais tours!
Lorsqu'aux plaisirs l'ame se livre entière,
Notre raison ne brille qu'à moitié,
Et la Folie attaque la première

Le coin de l'Amitié.

Puis vient l'Amour, joueur malin et traître,
Qui de tromper éprouve le besoin.

En tricherie on le dit passé maître;
Pauvre Amitié, gare à ton coin!

Ce dieu jaloux, dès qu'il voit qu'on l'adore,
A tout soumettre aspire sans pitié.
Vous cédez tout; il veut avoir encore
Le coin de l'Amitié.

L'Hymen arrive: oh, combien on le fête!

L'Amitié seule apprête ses atours.

Mais dans les soins qu'il vient nous mettre en tête

Il nous renferme pour toujours.

Ce dieu, chez lui, calculant à toute heure,

Y laisse enfin l'Intérêt prendre pied,

Et trop souvent lui donne pour demeure
Le coin de l'Amitié.

Auprès de toi nous ne craignons, ma chère,
Ni l'Intérêt, ni les folles erreurs.

Mais aujourd'hui que l'Hymen et son frère
Inspirent de crainte à nos cœurs !

Dans plus d'un coin, où de fleurs ils se parent,
Pour ton bonheur qu'ils règnent de moitié ;
Mais que jamais, jamais ils ne s'emparent
Du coin de l'Amitié.

LA DOUBLE IVRESSE.

AIR: Que ne suis-je la fougère.

Je reposais sous l'ombrage,

Quand Noris vint m'éveiller :

Je crus voir sur son visage
Le feu du désir briller.

Sur son front Zéphire agite
La rose et le pampre vert;
Et de son sein qui palpite
Flotte le voile entr'ouvert.

Un enfant qui suit sa trace
(Son frère, si je l'en crois)
Presse pour remplir sa tasse
Des raisins entre ses doigts.
Tandis qu'à mes yeux la belle
Chante et danse à ses chansons,
L'enfant, caché derrière elle,
Mêle au vin d'affreux poisons.

Noris prend la tasse pleine,
Y goûte, et vient me l'offrir.
Ah! dis-je, la ruse est vaine :
Je sais qu'on peut en mourir.
Tu le veux, enchanteresse ;
Je bois, dussé-je en ce jour
Du vin expier l'ivresse
Par l'ivresse de l'amour.

Mon délire fut extrême :
Mais aussi qu'il dura peu !
Ce n'est plus Noris que j'aime,
Et Noris s'en fait un jeu.
De ces ardeurs infidèles
Ce qui reste, c'est qu'enfin,
Depuis, à l'amour des belles
J'ai mêlé le goût du vin.

LE JOUR DES MORTS.*

Amis, entendez les cloches,
Qui par leurs sons gémissans
Nous font de bruyans reproches
Sur nos rires indécens.

Il est des ames en peine,

Dit le prêtre interessé :

C'est le jour des morts, mirliton, mirlitaine :

Requiescant in pace!

Qu'en ce jour la poésie

Sème les tombeaux de fleurs ;

Qu'à nos yeux l'hypocrisie

Les arrose de ses pleurs ;

Je chante au sort qui m'entraîne
Sur les traces du passé :

C'est le jour des morts, mirliton, mirlitaine :

Requiescant in pace.

Méchants, redoutez les diables:

Mais qu'il soit un paradis

Pour les filles charitables,

Pour les buveurs francs amis;

Que saint Pierre aux gens sans haine

Ouvre d'un air empressé :

C'est le jour des morts, mirliton, mirlitaine :
Requiescant in pace!

* It will be remembered that in Catholic countries Le Jour des Morts (All Souls' day) is a holy day in the Church. Mass is said and sung for the dead, and their graves are religiously visited and decorated by their friends. One day in the year so dedicated, cannot be lost on both the dead and the living.

Le souvenir de nos pères
Nous doit-il mettre en souci ?

Ils ont ri de leurs misères ;

Des nôtres rions aussi.

Lise n'est point inhumaine;

Mon flacon n'est point cassé : C'est le jour des morts, mirliton, mirlitaine : Requiescant in pace!

Je ne veux point qu'on me pleure,
Moi, le boute-en-train des fous.
Puissé-je, à ma dernière heure,
Voir nos fils plus gais que nous !
Qu'ils chantent à perdre haleine,
Sur le bord du grand fossé :

C'est le jour des morts, mirliton, mirlitaine :
Requiescant in pace!

ROGER-BONTEMPS.

Aux gens atrabilaires
Pour exemple donné,
En un temps de misères
Roger-Bontemps est né.
Vivre obscur à sa guise,
Narguer les mécontens;
Eh gai! c'est la devise
Du gros Roger-Bontemps.

Du chapeau de son père
Coiffé dans les grands jours,

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