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POÉSIES.

BÉRANGER.

LES ADIEUX DE MARIE STUART.

ADIEU, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir!

Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu! te quitter c'est mourir.

Toi que j'adoptai pour patrie,
Et d'où je crois me voir bannir,
Entends les adieux de Marie,
France, et garde son souvenir.
Le vent souffle, on quitte la plage;
Et, peu touché de mes sanglots,
Dieu, pour me rendre à ton rivage,
Dieu n'a point soulevé les flots!

Lorsqu'aux yeux du peuple que j'aime,
Je ceignis les lis éclatans,

Il applaudit au rang suprême

Moins qu'aux charmes de mon printemps.

B

En vain la grandeur souveraine
M'attend chez le sombre Écossais;
Je n'ai désiré d'être reine

Que pour régner sur des Français.

L'amour, la gloire, le génie,
Ont trop enivré mes beaux jours;
Dans l'inculte Calédonie

De mon sort va changer le cours.
Hélas! un présage terrible

Doit livrer mon cœur à l'effroi ;
J'ai cru voir dans un songe horrible
Un échafaud dressé pour moi.

France, du milieu des alarmes,
La noble fille des Stuarts,

Comme en ce jour qui voit ses larmes,
Vers toi tournera ses regards.

Mais, Dieu! le vaisseau trop rapide
Déjà vogue sous d'autres cieux;

Et la nuit, dans son voile humide,
Dérobe tes bords à mes yeux!

Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir!

Berceau de mon heureuse enfance,

Adieu! te quitter c'est mourir.

LOUIS XI.

Heureux villageois, dansons:

Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,
Musettes

Et chansons!

Notre vieux roi, caché dans ces tourelles,
Louis,* dont nous parlons tout bas,
Veut essayer, au temps des fleurs nouvelles,
S'il peut sourire à nos ébats.

Heureux villageois, dansons:
Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,

Musettes

Et chansons!

Quand sur nos bords on rit, on chante, on aime,
Louis se retient prisonnier ;

Il craint les grands, et le peuple, et Dieu même,
Surtout il craint son héritier.

Heureux villageois, dansons:
Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,
Musettes

Et chansons!

Voyez d'ici briller cent hallebardes,

Aux feux d'un soleil pur et doux. N'entend-on pas le Qui vive des gardes,

Qui se mêle au bruit des verroux ?

* On sait que ce roi, retiré au Plessis-lez-Tours, avec Tristan, confident et exécuteur de ses cruautés, voulait voir quelquefois les paysans danser devant les fenêtres de son château.

Heureux villageois, dansons:
Sautez, fillettes
Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,
Musettes

Et chansons!

Il vient! il vient! Ah! du plus humble chaume Ce roi peut envier la paix.

Le voyez-vous comme un pâle fantôme,

A travers ces barreaux épais?

Heureux villageois, dansons:
Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,
Musettes

Et chansons!

Dans nos hameaux, quelle image brillante
Nous nous fesions d'un souverain!

Quoi! pour le sceptre une main défaillante!
Pour la couronne un front chagrin !

Heureux villageois, dansons:

Sautez, fillettes

Et garçons!

Unissez vos joyeux sons,

Musettes

Et chansons!

Malgré nos chants, il se trouble, il frissonne:

L'horloge a causé son effroi.

Ainsi toujours il prend l'heure qui sonne

Pour un signal de son beffroi.

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