justice, que la copie vaut bien Toriginal, & que le moderne n'eft pas inferieur à l'antique. Fe fuis, &c. Voicy un Conte auffi nouveau qu'il eft agreable, & je fuis perfuadé qu'il ne plaira pas moins dans votre Province, qu'il a plû icy à beaucoup de Curieux, qui en ont pris des Copies. LE CHEVALIER de l'Industrie. CONT E. C'Eft un ardre étably chez les Venitiens Que de chaque Habitant on calcule les biens. Suivant les juftes loix d'une faine prudence, Selon leurs fonds divers on regle leur dépenfe, Et par Decrets enfin de ce fage Se nat, Nul ne le peut porter plus haut que fon eftat. Pluft au Ciel qu'à Paris on fift cette Ordonnance, Qu'à certain temps préfix on demanduft raison A chaque Citoyen du bien de fa maison, Ce qu'il en fait, pourquoy, comment il le dépense. Tous uferoient pour lors mieux de leurs revenus . Ils craindroient de ces lieux la fevere juftice, Et fupprimant ainfi tant d'indignes abus, Peut-eftre que par là l'on détruiroit le vice. Mais de quoy fert, Lefleur, cette moralité? Elle peut aifement tourner tout à ma bonte Car je ne fonge pas que je vais faire un Conte, Où je n'ay nul befoin de ta fev erité. 品 Vn Etranger donc à Venife, Quoy que jeune, y vivoit depuis affez de temps, Pour eftre confondu parmy fes Ha bitans, Mais il ne vivoit pas tout-à-fait à leur guife. Ce n'eftoit chez luy que feftin, Que plaifir, que réjouissance, Que feftes du foir au matin, Que jeu, que Mufique & bombance. Entretenant un riche train Roulant fur l'or & la magnifi cence, "Et pour tout dire enfin, faifant grande dépense. Sans poffeder un fou de revenu cer tain. C'eftoit un vray Chevalier d'induftrie, Recherchè d'un chacun, plongé dans les plaifirs De plus d'une Beauté faifant tous les defirs› Et menant, en un mot, une charmante vie. Le temps venu que des Iuges nom. mez, Vont s'informer par un ordre fi fage, Comment les biens ont efté confu mez, Aquel deffein, pour quel ufage, On força l'Etranger de rendre un compte exact. Quels font vos revenus, dit un Iuge Jevere? De quoy vivez vous? Né fous un autre climat Répondit l'Etranger, je vis à ma maniere. |