? Monarque immortel, & qu' ils foutiennent auprés de luy le caractere de fes Ambaffadeurs. Mais pour vous, dit-il, Meffieurs, qui eftes les dépofitaires de fa gloire, quel moyen de faire fon éloge comme vous le fou. baiterie! Vous vous affemblez, vous confeffez que le fujer eft au deffus de vostre art. Toute Europe eft conjurée pour le combattre, & toute l'Europeest trop foible. L'Academie s'affemble pour le louer, & l'Academie avoue fon impuiffance. Tant d'Ennemis ne peuvent le vaincre, tant d'Orateurs ne peuvent le louer. C'est que l'envie ne peut plus obfcurcir fa gloire, ny l'élo quence la relever. Comme vous avouez oftre impuissance, fes Ennemis avoueront leur foibleffe; mais vous ne cefferez pas de le loüer, ils cefferont de le combat tre. Lears forces s'épuisent, vostre fujet ne s'épuife pas. Il domptes ra leurs efforts; il redoublera voftre Zele. Ses Ennemis peri ront vos éloges ne periront pas. Une fi noble matiere luy ayant donné un ample champ, il s'y étendit avec Fentiere fatisfaction de fes Auditeurs. On publie tous les jours, dit-il, qu'il faudra diminuer fes prodiges pour les rendre vray femblables; découvrez ce qui eft vray dans fon cœur, vous ferez trouver le vray femblable dans fes prodiges. Commencez à dépeindre fa perfonne, on ajoû tera foy à fes Conqueftes, & dites bien ce qu'il eft, on croira ce qu'il fait. Il s'arresta au mot de Bonheur, de bonne fortune, & d'heureuse étoile du Roy, & dit que tous ces termes ne luy fembloient pas convenir à ce Monarque. Son bonheur, ajoûta til, c'est son application au travail, c'est fon Genie qui prévoit tout, qui pour voit à tout, un fecret impenetrable, une exacte vigilance. Son bonheur, fi vous voulez, c'est la bonté de fa caufe que Dieu favorife, c'eft la fincerité de fes intentions; c'eft fon habileté pour la guerre, fon defir pour Paix ; cette prévoyance qui fait échouer les entreprises de fes En la nemis, & réuffir les fiennes; fa conftance dans fes maux, fafen. fibilué pour les nostres, la tendre affection qu'il a pour fes Peuples, &que fes Peuples ont pour luy. Voila l'Etoile qui préfide à fes Confeils. Voila ce qui le rend le plus grand & le plus heureux des Rois. C'est ce bonheur qui ne dépend pas du caprice de la fortune, qui femble, difpofer de la Victoire; qui domine fur la bizarrerie des evenemens, qui fait trouver des reffources dans les mauvais. Son bonheur eft fa fageße, & le nostre eft fa confervation. Son bonheur eft fa fcience de regner, d'inspirer le courage à fes Soldats, la justice aux Fuges, l'art de connoiftre les hommes, le digne choix pour leurs places. Trouvez le merite de Louis, vous trouvez fa fortune, je permetray de dire fon Etoile, quand on m'aura prouvé quel Etaile forme la vertu. Sept. 1694. V |