retour du Roy, aprés la prise de Namur, pour marquer que Sa Majesté mene par tout avec Elle l'abondance, & que le foin qu'Elle prend de faire faire des Magazins, la met en eftat d'affieger, & de prendre des Places en tout temps.

Enfin nous allons perdre M'de Laurenfani, Maistre de la mufique de la feuë Reine, & qui l'avoit efté auparavant de la Cathedrale de Meffine, l'une des meilleures Maiftrifes d'Italie. Le Maiftre de мufique de Saint Pierre de Rome

eftant mort, ila efté élû pour remplir cette place, fans l'a, voir briguée. Rien ne marque mieux un vray merite que quand il eft reconnu de fi loin. Il doit partir dans fort peu de jours avec la permif fion du Roy...

4.

Je vous envoye la copie d'une Lettre du Camp de GawBockleim, dattée du de ce mois, dans laquelle vous trouverez le détail d'une action toute Françoise, & qui marque autant de conduite que d'intrepidité. Il s'en est peu vû d'auffi surprenantes.

Il y a trois jours qu'il fortit de ce Camp cinquante de nos Dragons, bien refolus de n'y point rentrer fans avoir butiné. Ils pafferent fous le Canon de Mayen ce le lendemain de leur départ, aprés avoir rodé dans plufieurs Villages, fans avoir fait aucune rencontre, ils tomberent fur un autre nommé V Veissenau, à trois quarts de lieuë de Mayence, où ils trouverent cinq cens bœufs on vaches, gardez par leurs Vachers feulement, par quelques Payfans. Sans s'informer à qui ils appartenoient, ils les chafferent devant eux le mousqueton

haut. Les Payfans ne pouvant fauver leurs beftiaux par la force, tacherent de les avoir par adreffe, pendant qu'ils cherchoient entre eux les expediens les plus pro. pres pour venir à l'execution de leur deffein, nos Dragons gagnoient toujours pays, & pafferent fous Mayence en s'en revenant, non fans effuyer plufieurs canonnades, qui par bonheur ne leur firent aucun mal. Les Payfans qui fuivoient de loin, les aborderent à une lieuë en deça de Mayence. Ils leur demanderent s'ils feroient d'humeur à traiter avec eux, & ce qu'ils