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On peut lui reprocher aussi trop de vers où les pieds du premier hémistiche sont formés chacun par un mot,

comme:

Nec scis utrum | sis || albus an ater nomo, etc.

Enfin on trouve plusieurs fois chez lui l'enjambement d'un distique sur le suivant; les deux exemples qui suivent appartiennent à la même pièce LXVI :

Idem me ille Conon cælesti in numine vidit

E Bereniceo vertice cæsariem

Fulgentem clare.

Ut tibi tum toto pectore sollicita
Sensibus ereptis mens excidit!....

Tibulle, beaucoup plus rigoureux, n'a plus de ces enjambcments; les élisions du troisième et du quatrième temps fort disparaissent chez lui; celles du deuxième hémistiche sont rares et ne tombent que sur des voyelles brèves, sauf un seul exemple (I, 1v, 56) :

Post etiam collo se implicuisse volet.

Chez lui la plus grande partie des vers se terminent par des mots de deux syllabes. Ceux de trois syllabes à la fin du deuxième hémistiche sont de rares exceptions.

Enfin on remarque que le plus souvent, dans neuf vers sur dix environ, le premier hémistice a au moins un dactyle, plus fréquemment au premier pied.

Properce ne suit pas les mêmes lois que Tibulle. De même que ses hexamètres ont plus de vers spondaïques, des césures moins régulières, des élisions moins faciles, il est aussi moins sévère pour ses pentamètres. Il se rapproche plus de Catulle et des Grecs. Il a quelques pentamètres enjambant sur l'hexamètre suivant, plusieurs élisions à la césure, quelques élisions assez dures dans le deuxième hémistiche; ex. (III, xiv, 10) :

Immortalis ero si altera talis erit.

Enfin il ne craint pas de mettre à la fin du vers des mots de quatre, cinq et même trois syllabes.

Ovide a porté à sa perfection le mètre élégiaque des Latins. Ses distiques sont tous bien séparés et terminés par un point, ou tout au moins par un point et virgule. Les césures sont toujours nettement marquées. Les élisions sont rares et peu dures dans le pentamètre; elles sont pour ainsi dire absolument bannies du deuxième hémistiche. Les mots de quatre syllabes se trouvent rarement, plus encore ceux de trois.

Il ne faut pas croire cependant que le premier hémistiche doive avoir nécessairement un dactyle; chez Ovide on le trouve environ une fois, sur treize ou quatorze, exclusivement composé de spondées.

Ovide a porté également à son plus haut degré l'art de disposer symétriquement les mots, au grand profit de l'harmonie, en sorte qu'on ne peut rien lui reprocher sinon une perfection trop égale et, par suite, une certaine monotonie.

Après lui, tous les versificateurs latins l'ont pris pour modèle et ne se sont que fort peu écartés des règles rigoureuses qu'il a adoptées1.

1. Pour plus de détails voyez Extraits des Elégiaques Romains. par A. WALTZ (Paris, 1887).

CATULLE

NOTICE BIOGRAPHIQUE

I

G. Valerius Catullus naquit en 87 avant Jésus-Christ, à Vérone, grande ville de cette région transpadane qui donna naissance un peu plus tard à Virgile :

Tantum magna suo debet Verona Catullo

Quantum parva suo Mantua Vergilio.

(Martial, Epigr., XIV, 195.)

Sa famille occupait un rang distingué. Son père fut l'hote de César (voy. Suétone, César, 73). Il possédait, sur les magnifiques bords du lac de Garde, une propriété qui couvrait la presqu'île de Sirmio (III); Catulle parle aussi d'une villa qu'il avait dans la Sabine (V).

Il vint à Rome pour y compléter sans doute son éducation,

1. On pourra avec avantage consulter sur la Vie de Catulle la thèse de M. Couat, Paris, 1875, et l'Introduction de la traduction en vers par M. Rostand, Hachette, 1884.

On trouvera dans ces ouvrages des renseignements complets sur les travaux étrangers où ont été

discutées toutes les questions relatives à la personne et aux écrits du poète.

2. Les nombres écrits en lettres capitales, sans autre indication particulière, désignent les numéros d'ordre que portent les pièces citées dans notre recueil.

fut accueilli par la société aristocratique, et s'y livra aux plaisirs des fils de famille, en même temps qu'il cultiva la poésie et se créa par là d'illustres amitiés. Il fut protégé par le grand orateur Hortensius, poète lui-même, par l'historien Cornélius Népos, son compatriote. Asinius Pollion, Quintilius Varus, dont Horace a pleuré la mort dans l'ode Quis desiderio, sont également nommés dans ses vers, ainsi que Cicéron. Mais il fut lié particulièrement avec le groupe des poètes de l'école moderne, surtout avec Helvius Cinna, l'auteur d'une petite épopée dans le goût alexandrin, intitulée Zmyrna1, et Licinius Calvus, orateur puissant et poète célèbre par ses épigrammes et ses élégies, dont le nom est inséparable de celui de Catulle 2.

Le grand événement de sa vie est sa liaison avec la femme dont il a immortalisé la beauté et les vices, et qui n'est autre, comme l'affirme Apulée et comme on l'a établi d'une façon irréfutable d'après un certain nombre de rapprochements, que la fameuse Clodia, sœur du tribun P. Clodius Pulcher et femme de Quintus Métellus. On connaît le portrait peu flatteur tracé de cette femme par Cicéron dans le plaidoyer qu'il a prononcé pour Coelius, accusé par elle, entre autres crimes, d'avoir voulu l'empoisonner.

L'œuvre même de Catulle nous apprend qu'à l'ivresse des premiers jours de cette liaison succédèrent bientôt les jalousies trop justifiées, les querelles, les raccommodements; puis le mépris violent luttant contre les restes d'une incurable passion, les déchirements cruels, enfin une rupture définitive, à laquelle le poète, meurtri, épuisé, malade, ne survécut guère.

Nous connaissons de la vie de Cutulle deux autres événements. Vers 60, il perdit un frère tendrement aimé, qui mou

1. Catulle, pièce 94.

2. Voyez, par exemple, Horace, Sat., I, x, 27:

Neque simius iste, Nil præter Calvuni et doctus can[tare Catullum;

et Ovide, Am., III, 1x, 59:

Si tamen e nobis aliquid nisi no

men et umbra

Restat, in Elysia valle Tibullus

erit. Obvius huic venias, hedera juvenalia vinctus

Tempora cum Calvo docte Catulle, tuo

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