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Vive memor leti! Fugit hora; hoc quod loquor inde est'. 30
En quid agis? Duplici in diversum scinderis hamo.
Hunccine, an hunc sequeris? Subcas alternus oportet
Ancipiti obsequio dominos, alternus oberres3.

Nec tu, cum obstiteris semel instantique negaris
Parere imperio, rupi jam vincula, dicas;

Nam et luctata canis nodum abripit; ast tamen illi,
Cum fugit, a collo trahitur pars longa catena.

1 Hoc quod loquor inde est : La parole que je prononce est déjà loin.

35

2. Alternus, sens adverbial. 3. Alternus oberres, que tu flottes de l'un à l'autre.

JUVENAL

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Nous possédons peu de renseignements certains sur la personne de Juvénal. Il ne parle guère de lui-même; les biographies anciennes qui nous sont parvenues se contredisent sur plusieurs points et méritent peu de confiance. Une inscription, aujourd'hui perdue, complète ces indications, mais il n'est pas absolument certain qu'elle se rapporte réellement au poète satirique.

D. Junius Juvenalis était né à Aquinum, dans le pays des Volsques (aujourd'hui Aquino) vraisemblablement en 55 après Jésus-Christ. D'après l'inscription d'Aquinum, il servit dans l'armée et parvint au grade de tribun de la première cohorte dalmatique. Sa carrière militaire lui donna sans doute l'occasion de faire en plusieurs pays étrangers des voyages auxquels il fait allusion dans ses écrits. I exerça ensuite, d'après la même inscription, des fonctions municipales dans sa ville natale: il y porte le titre de duovir quinquennal, c'està-dire qu'il exerça des fonctions analogues à celles des consuls et des censeurs; il fut également flamine du divin Vespasien. Ses biographes prétendent qu'il fut exilé, ou qu'on lui donna un commandement éloigné équivalant à un exil, mais on ne peut rien affirmer ni sur le lieu de cet exil, ni sur sa cause, ni sur le temps où il faut le placer.

Il déclama longtemps dans les écoles, et se mit à écrire fort tard. Ses satires furent composées, selon toute apparence, à Rome où il serait revenu, après avoir rempli ses fonctions

municipales. Ses seize satires, dont la dernière est incomplète, soit qu'il n'ait pu l'achever, soit que la fin ne nous soit pas parvenue, furent publiées par lui en cinq livres successifs, sous les règnes de Trajan et d'Adrien. Il mourut vers l'année 130. Juvénal comme il l'explique dans sa première satire, écrivit pour donner satisfaction à l'indignation que lui inspiraient les mœurs de son temps. Mais, par prudence, il ne nomme que des morts ou des personnages hors d'état de lui nuire. L'énergie admirable de ses peintures est gâtée parfois par l'hyperbole; il use de tous les procédés de la rhétorique pour produire de l'effet, et son art n'est pas assez dissimulé. Les dernières pièces sont d'une allure plus modérée; les développements généraux y remplacent les diatribes violentes, et se rapprochent davantage, pour le fond au moins, des satires d'Horace. Mais si elles présentent des pages d'une lecture fort agréable, la rhétorique s'y fait toujours sentir à l'excès.

Il frappe et séduit par un langage bien personnel, plein de vigueur et d'éclat, quelquefois pourtant d'une clarté insuffisante. Sa versification est facile et forte, mais on trouve chez lui un grand nombre de négligences, ou plutôt de dérogations voulues aux règles des classiques : c'est une originalité de plus, si on le compare aux autres poètes de son temps.

EXTRAITS DE JUVÉNAL

1. POURQUOI JUVENAL ÉCRIT DES SATIRES

(Sat., I, v. 1-30; 147-171)

Semper ego auditor tantum? Numquamne reponam', Vexatus toties rauci Theseïde Codri3?

Impune ergo mihi recitaverit ille togatas",

6

5

Hic elegos? Impune diem consumpserit ingens
Telephus aut summi plena jam margine libri
Scriptus et in tergo nec dum finitus Orestes?

1. Ego, s.-ent. ero. Juvénal, dans ce début, développe cette idée « Tout le monde écrit, pourquoi n'en ferais-je pas autant? ». Auditor, celui qui écoute les lectures publiques. Cf. Pline, Epl., I. 13, 7.

2. Numquamne reponam. « Reponere », c'est payer de retour, rendre la pareille.

3. Codri. Codrus, nom d'un poète inconnu.

4. Togatas (fabulas), des pièces romaines.

5. Diem, un jour entier. Les lectures publiques duraient souvent aussi longtemps. Cf. Martial, X, 70, 10: «Auditur toto sæpe poeta die. »>

5

6. Telephus, roi de Mysic, blessé, puis guéri par la lance d'Achille. Il fut le sujet de nombreuses tragédies, par ex. d'Eschyle, Sophocle, Euripide, Nævius et Ennius. Cf. Horace, A. P., 96.

Summi plena jam margine libri, de manière que la marge du livre est remplie jusqu'au bord supérieur. Margo est des deux genres chez les écrivains latins.

7. In tergo. On n'écrivait, en général, que sur le recto. Les livres écrits des deux côtés, opistographi, étaient rares; tels étaient les Commentaires de Pline l'Ancien. Cf. Pline le Jeune, Epl., III, 5.

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