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..... O mihi tùm quàm molliter ossa quiescant,
Vestra meos olim si fistula dicat amores!
Atque utinam ex vobis unus, vestrique fuissem
Aut custos gregis, aut maturæ vinitor uvæ.

tantôt de partager, sur les bords du Galesus, les occupations champêtres et les douces jouissances de l'heureux vieillard du quatrième livre des Géorgiques?

Cui pauca relicti

Jugera ruris erant, nec fertilis illa juvencis,
Nec pecori opportuna seges, nec commoda Baccho.
Hic rarum tamen in dumis olus albaque circum
Lilia, verbenasque premens, vescumque papaver,
Regum æquabat opes animis, serâque revertens
Nocte domum, dapibus mensas onerabat inemptis.
Primus vere rosam atque autumno carpere poma, etc.

Est-ce sur parole et non sur le charme vivement senti des descriptions champêtres de Virgile, qu'on se transporte en imagination, avec le même Fé`nélon, dans tous les paysages que Virgile décrit ?

Sive sub incertas zephyris motantibus umbras,
Sive antro potiùs succedimus ; aspice ut antrum
Sylvestris raris sparsit labrusca racemis.

Hic viridis tenerâ prætexit arundine ripas
Mincius, èque sacrâ resonant examina quercu.

Muscosi fontes et somno mollior herba,
Et quæ vos rarâ viridis tegit arbutus umbrâ.

Hic ver purpureum, varios hîc flumina circùm
Fundit humus flores, hîc candida populus antro
Imminet, et lentæ texunt umbracula vites.

Hîc gelidi fontes, hîc mollia prata, Lycori,
Hic nemus, hîc ipso tecum consumerer ævo.

De telles descriptions ne produisent-elles pas à la fois, et un desir ardent de voir ces lieux, et l'illusion qui fait qu'on croit les voir ? N'augmentent-elles pas l'intérêt des paysages qui ressemblent à ceux-ci, et qui rappellent ces vers?

Est-ce sur parole que M. l'abbé Delille s'écrie, avec un enthousiasme si vrai et si brillant?

Hélas! je n'ai point vu ce séjour enchanté, Ces beaux lieux où Virgile a tant de fois chanté; Mais j'en jure, et Virgile, et ses accords sublimes, J'irai, de l'Apennin je franchirai les cimes; J'irai, plein de son nom, plein de ses vers sacrés, Les lire aux mêmes lieux qui les ont inspirés. Est-ce sur parole qu'on admire ce trait d'une naïveté si fine et si voluptueuse ?

Malo me Galatea petit, lasciva puella,

Et fugit ad salices, et se cupit antè videri.

Et ce petit tableau d'une naïveté si passionnée:
Sepibus in nostris parvam te roscida mala,

(Dux ego vester eram) vidi cum matre legentem;
Alter ab undecimo tùm me jam ceperat annus,
Jam fragiles poteram à terrâ contingere ramos;
Ut vidi! ut perii! ut me malus abstulit error!

Quel homme de goût n'est pas en état de se rendre compte du plaisir que lui font ces images, toujours si agréables et si touchantes?

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«Les fleurs et les ruisseaux, les bois et leurs

ombrages, les soins des troupeaux et les biens qu'ils donnent à l'homme; tous ces objets qu'on » ne se lasse pas plus de revoir dans les vers que » dans les champs, vers lesquels l'imagination des

כן

poètes se retourne si souvent dans les sujets » mêmes qui les en éloignent; qu'Homère et »le Tasse retracent au milieu des combats et du » carnage, Lucrèce au milieu des systèmes abs» traits d'une fausse philosophie.

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C'est ainsi que s'exprime l'éloquent et heureux panégyriste de Fontenelle. «N'entend-on point, ajoute-t-il, les douleurs les plus plaintives de l'a» mour, et ses prières les plus ardentes, dans cette églogue de Virgile, où un berger, tandis que la » nature entière repose accablée sous le poids des chaleurs, erre à travers les campagnes sans cher» cher même l'objet qu'il adore, et, dans des » discours remplis de tout le désordre de sa pas» sion, lui adresse, comme s'il était présent, des supplications qui ne sont écoutées que des forêts » et des montagnes ?

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Quel tableau que celui de Gallus succombant

» sous les maux de l'amour, entouré de troupeaux

» attentifs à sa douleur, interrogé tour-à-tour par » tous les bergers et par tous les dieux des champs, » montrant, avant qu'il ait dit un mot, la nature » entière émue et troublée de sa passion, et, quand » il sort de ce silence, ne prononçant pas un vers qui ne soit digne des grands mouvemens que l'amour et la douleur d'un berger ont excités » dans les cieux et sur la terre ! »

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Voilà comme il faut voir et sentir ces objets. Il y a, dans ces jugemens et ces analyses, autant de vraie philosophie que de sensibilité.

Et que dirons-nous de Fontenelle en parlant de pastorale ?

« On sait, des Églogues de Fontenelle, dit » M. de Florian, quelques jolis vers, qu'on n'a l'air d'avoir appris que pour se dispenser de relire » les autres. »

Voilà encore ce que je me sens obligé de contredire. Il me semble que la plupart des lecteurs maltraitent beaucoup plus Fontenelle dans la théo

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que dans la pratique, et je dirais volontiers de lui qu'on le condamne sur parole, tandis qu'on l'aime dans le fond de son cœur. On le lit, et on le relit toujours avec plaisir : on n'en apprend point des vers, on en sait par cœur des églogues entières sans les avoir apprises. Écoutons encore sur ce point l'auteur que nous venons de citer, qui a examiné

la question à charge et à décharge, et qui a vu son objet de tous les côtés. Après avoir dit que Théocrite et Virgile sont des peintres de la nature, si vrais, si aimables, si intéressans, que Fontenelle, en s'éloignant d'eux, parut s'éloigner de la nature elle-même, il revient sur ses pas, et tandis qu'on croit Fontenelle condamné sans retour par ce seul

mot:

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Que l'estime et l'éloge sont bornés parmi » nous ! s'écrie-t-il très-philosophiquement tous » nos modèles de perfection, nous les formons d'un petit nombre d'idées, et tout ce qui ne s'y rap» porte pas, nous le proscrivons..... Comment se » défend-on d'estimer, d'admirer même, dans les Églogues de Fontenelle, l'invention toujours » heureuse des sujets, le dessein toujours ingé» nieux et simple de l'action? Quelle charmante » idée que celle de l'églogue où une jeune bergère, qui brave l'amour dans l'âge qu'on doit » lui consacrer, s'approche, sans être vue, du lieu

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et

où deux amans se croient séparés de l'Univers, » veut être témoin de leurs jeux pour en rire, re» cueillir leurs entretiens pour s'en moquer, » bientôt, émue de leurs plus innocens badinages, » attendrie de leurs discours, sort de ces lieux, le » cœur rempli du besoin de ce bonheur dont elle a » vu l'image!

» Combien

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