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et il n'est aucunement probable que le poète ait écrit ainsi. Quant à la leçon vulgaire, il y a deux manières de l'expliquer littéralement, en rapportant nuncius, soit à Virgile, soit à Auguste. Si nous entendons Auguste, ce sera major Virgilio, flatterie possible; si Virgile, major suffragio tuo, et je préfèrerais Eneamque tuum: mais aucun manuscrit ne donne cette leçon.

A LYDIE.

AD LYDIAM. Voyez la Vie de Gallus, p. xvj.

Rubidam (v. 3). Des critiques ont attaqué cette expression, comme étant d'une latinité inférieure. On ne la trouve pas, il est vrai, dans les auteurs du bon siècle, tandis qu'elle a été employée par Suétone et Aulu-Gelle; mais elle est cependant fort ancienne, puisque Plaute s'en est servi dans Casina, acte 11, sc. 5:

Una, edepol, opera in furnum calidum condito,

Atque ibi torreto me pro pane rubido.

Wernsdorff ne conçoit pas cette alliance de couleurs. Il voudrait rubeam, dans le même sens que certains commentateurs lui donnent, à ce vers de Virgile (Géorg., liv. 1, v. 266):

Nunc facilis rubea texatur fiscina virga;

mais il s'en faut de tout que l'on s'accorde unanimement à entendre rubus dans le sens d'épineux. Servius le fait dériver de Rubi, ville d'Italie dans la Pouille, dont parle Horace, Sat., liv. 1, sat. 5, v. 94, ou de rubus, ronce, ce qui entre mieux dans le sens de Wernsdorff. D'autres enfin rapprochent le vers de Virgile d'un passage de Pline, qui parle de baguettes d'un bois rouge ou sanguin, virga coloris rubei aut sanguinei.

Collum candidum (v. 7). Ce vers manque dans quelques éditions.

Productum (v. 8). Ovide a rendu différemment la même pensée dans ses Fastes, liv. v, v. 712:

Ultor adest Pollux ; et Lyncea perforat hasta,

Qua cervix humeros continuata premit.

Roseas (v. 11). On trouve, mais rarement, rubidas.

Corallina (v. 13). D'autres auteurs ont parlé du corail; mais l'adjectif corallinus n'existe que dans cette élégie. On en pourrait presque dire autant de la comparaison, qui est si fréquente chez nos poètes.

Columbatim (v. 14). Autre expression qui appartient seulement à notre élégie. Il y en a une analogue dans Aulu-Gelle, liv. xx, ch. 9:

Sinuque amicam refice frigidam caldo
Columbulatim labra conserens labris.

Plusieurs éditions et Aulu-Gelle ont même donné columbatim.

Animi (v. 15). Burmann voudrait animæ, et il cite à l'appui nombre de passages dans Properce, Pétrone, etc. Des citations encore plus nombreuses prouveraient que, dans Cicéron même, ces deux mots, malgré la nuance qui les distingue, sont employés souvent comme synonymes.

Gemipōmas (v. 18). Burmann attaque encore cette expression comme étrange et rompant la mesure; il voudrait la remplacer par gemellulas. Nous répondrons avec Wernsdorff que, dans toute la pièce, la quantité est assez lâche; que le mot a pu être composé par le poète, comme tant d'autres l'ont été par Plaute, par Catulle, etc.; enfin, que si la comparaison exprimée ne se retrouve dans aucun auteur latin, elle existait du moins chez les Grecs, ce qui suffit pour la justifier.

Cinnama (v. 20). Le cinname ou cinnamome était un arbrisseau d'Arabie, que l'on suppose un amyris, et dont l'écorce, surtout à l'extrémité des branches, répandait un parfum délicieux. Voyez ce qu'en dit Pline dans son Histoire Naturelle, liv. x11, ch. 42.

Quantum ego langueo (v. 24)? Nous avons adopté la leçon de Pricæus, sur les Métamorphoses d'Apulée, liv. x, page 589. On lit ordinairement :

Sæva non cernis quod ego langueo ;

mais alors la mesure, comme l'observe Burmann, est fautive.

FRAGMENS.

I.

Occurris (v. 1). On trouve quelquefois occurrit, ce qui donne à la pensée plus de délicatesse.

Quod si nocte (v. 3). Cicéron (de la Nature des dieux, liv. 1, ch. 28) rapporte une épigramme à peu près semblable de Q. Catulus, sur Roscius :

Consisteram exorientem Auroram forte salutans,

Quum subito a læva Roscius exoritur.

Pace mihi liceat, cœlestes, dicere vestra,
Mortalis visus pulchrior esse Deo.

L'une et l'autre pièce sont une imitation de Platon.

Αστέρας εἰσαθρεῖς, Αστὴν ἐμὸς· εἴθε γενοίμην
Οὐρανὸς, ὡς πολλοῖς ὄμμασιν εἰς σὲ βλέπω.

II.

Matris amor (v. 1). On peut voir dans Burmann (Anthologie latine) les efforts qu'il a faits pour rétablir le commencement de cette pièce.

Les premières éditions ont donné pour titre : De duabus sororibus, meretriculis ex Illyrico, Gentia et Chloë, quæ Romana castra cum matre lena sequerentur. Est-il ou non de Gallus ? c'est ce qu'on ne saurait affirmer. Des critiques ont prétendu qu'il avait été écrit par une main d'un siècle postérieur; car, disent-ils, Properce atteste formellement (liv. 111, élég. 3, v. 45) qu'il n'était pas permis d'introduire des femmes dans les camps romains, et son témoignage est corroboré par celui de plusieurs auteurs. Cependant, on voit dans Suétone (Vie d'Auguste, ch. xxiv) qu'il a fallu rendre des édits pour faire observer cette ancienne coutume. Berenicæo (v. 8). Les manuscrits donnent Beronicæo, qu'on ne trouve nulle autre part, et Catulle a dit :

Idem me ille Conon cœlesti lumine vidit

E Berenicæo vertice cæsariem.

(De coma Berenices, v. 8.)

Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe, selon les uns, et d'Arsinoé, ou, selon d'autres, de Magas, frère de Ptolémée Philadelphe et roi de Cyrène, et d'Apamée, épousa Ptolémée Évergète, son frère ou son cousin. Ce prince étant engagé dans une expédition dangereuse, Bérénice, qui l'aimait tendrement, fit vœu de consacrer sa chevelure dans le temple de Vénus, si Ptolémée revenait vainqueur. Le vœu fut religieusement accompli; mais, le lendemain, on ne retrouva plus la chevelure. Comme le roi en éprouvait une vive douleur, Conon, mathématicien célèbre, déclara qu'elle avait été transportée au ciel, et changée en une constellation de sept étoiles, qui se trouvent à la queue du Lion.

Esuriens Græcus (v. 9). Juvénal a imité ce passage, sat. 111, v. 78:

Græculus esuriens in cœlum, jusseris, ibit.

Huc illuc (v. 14). On a proposé de rétablir ainsi le premier hémistiche:

Fusca Chloë geminos..

Il est évident, en effet, que le poète veut parler, dans ces deux vers, de la sœur de Gentia.

III.

Subrides (v. 1). Les anciennes éditions donnent soffrides, vrai barbarisme, d'après le manuscrit publié par Manuce.

IV.

Uno tellures. Cornelius Gallus avait écrit quatre livres sur les amours, et voilà le seul vers qui nous en reste. Il a été conservé par Vibius Sequester, qui l'applique à l'Hypanis, dans son Traité des Fleuves. Barth l'a déterré le premier et l'a cité dans ses Adversaria, lib. xvII, c. 2, en s'étonnant que les siècles, dans leur course, aient épargné si peu les vers d'un grand poète. Scaliger, qui rapporte aussi ce fragment dans son travail sur Eusèbe, 1362, a préféré lire :

Uno qui terras dividit amne duas.

Il attaque, de plus, Vibius Sequester, parce qu'il dit que l'Hypa

nis séparait l'Europe de l'Asie. Mais on a observé, contre Scaliger, qu'il y avait eu deux Hypanis, l'un qui se jetait dans le Borysthène, l'autre appelé encore Phase, que les anciens regardaient, en effet, comme la limite de ces deux parties du monde. Cette querelle n'intéresse d'ailleurs en rien le vers de Gallus. Voyez FONTANINI, Histoire littéraire d'Aquilée, Vie de Gallus, chapitre II, § 1.

La pièce de Lydie, et celle Occurris si mane mihi, ont été traduites ou plutôt paraphrasées en vers français sur la fin du siècle dernier. Nous pensons qu'on lira avec plaisir ce double essai d'un poète peu connu, car il ne faut pas le confondre avec Gentil Bernard.

O Lydie! objet enchanteur,

Qui du lis le plus blanc répète la blancheur;
Toi, dont la rose égale à peine

Et l'incarnat et la fraîcheur;

Déploie à mes regards tes longs cheveux d'ébène,
Et montre-moi deux noirs sourcils

Sur tes deux yeux en voûtes arrondis;
Montre-moi ton beau col et les lèvres de rose;
Que j'imprime un baiser sur ta bouche mi-close;
Laisse-moi le plaisir charmant

De m'enivrer d'une faveur si chère;

Pour un, oui, pour un seul, reçois- en plus de cent.
Que te demandé-je, imprudent?

Ah! plutôt, si tu veux m'en croire,
Cache-moi, par pitié, tant d'attraits ravissans.
Cache-moi bien surtout ces deux globes d'ivoire,
Dont la blancheur ajoute au trouble de mes sens.

Lydie, ah! cruelle Lydie,

Tu m'abandonnes sans pitié.

Eh bien! prends tout mon sang, je te le sacrifie;
Va, j'aime mieux sortir tout-à-fait de la vie,

Que de ne vivre qu'à moitié.

(BERNARD, 1786.)

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