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ELEGIA VI.

CLAUDE, precor, miseras, ætas verbosa, querelas :
Numquid et hoc vitium vis reserare tuum?
Sit satis indignum leviter tetigisse pudorem :
Contrectata diu crimina crimen habent.
Omnibus est eadem lethi via : non tamen unus
Est vitæ cunctis exitiique modus.

Hac pueri atque senes pariter juvenesque feruntur;
Hac par divitibus pauper egenus erit.

Ergo quod adstrictum, quodque est vitabile nulli,
Festino gressu vincere præstat iter.
Infelix ceu jam defleto funere surgo:

Hac me defunctum vivere parte puto.

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AGE malheureux, termine enfin, je t'en conjure, de trop longues plaintes. Veux-tu encore dévoiler un vicieux penchant ? Qu'il te suffise d'avoir effleuré légèrement ce qui fait, hélas! ta honte; car remanier sans cesse les mêmes griefs, devient un grief à son tour. Le même chemin nous conduit tous à la mort; mais il s'en faut que tous parcourent la vie et en sortent de la même manière. Un même destin entraîne à la fois et la jeunesse, et l'enfance, et le vieillard; le pauvre qui manque de tout n'aura plus rien à envier au riche. Franchissons donc d'un pas rapide cette route inévitable à laquelle nous sommes attachés. Malheureux! c'est, pour ainsi dire, du fond du tombeau que j'élève la voix, et mon malheur est l'unique lien qui paraît m'unir à la vie.

NOTES

SUR LES ÉLÉGIES DE MAXIMIEN L'ÉTRUSQUE.

ÉLÉGIE I.

Emula (v. 1). C'est l'expression de Virgile, Énéide, liv. v, v. 415:

Dum melior vires sanguis dabat, æmula necdum
Temporibus geminis canebat sparsa senectus.

Tarda sedes (v. 2). Des manuscrits donnent tarda venis, ce qui fait contre-sens avec le reste de la pièce.

Mastissima (v. 7). Des manuscrits, et après eux l'édition Lemaire, donnent gratissima ; « le jour pèse dans l'infortune, et n'est un charme que dans la prospérité. » Rien n'empêcherait assurément d'admettre ce sens ; mais celui que l'on obtient avec mœstissima me paraît préférable: c'est indiquer que dans la vieillesse on ne peut jouir d'aucun bonheur pur, et cette idée, quelque erronée qu'elle soit, est cependant celle qui inspire constamment le poète. Coronam (v. 13). Même au temps de Juvénal, et probablement à l'époque de Maximien, c'était la coutume d'offrir à l'avocat qui avait gagné sa cause, des couronnes dont il parait extérieurement sa demeure. On en trouve la preuve dans ces vers du satirique (sat. vII, v. 117), quand il dit, en s'adressant à un avocat :

.Rumpe miser tensum jecur, ut tibi lasso

Figantur virides, scalarum gloria, palmæ.

Qua (v. 15). Expression vague à laquelle il est difficile de trouver un antécédent. On a proposé d'entendre mens sensusque.

Muta placet (v. 18). On a lu Quæ mihi si desit, cetera multa placent, ce qui s'accorde moins bien avec la suite des idées; ou bien Quæ, vel si desint cetera multa, placet, ce qui vaudrait mieux. Peut-être même le poète a-t-il écrit ainsi; mais Barth, Withof, Burmann, etc., ont donné la leçon multa placet, que nous adoptons, parce que la pensée en devient plus fine et plus élégante. Ovide a dit aussi (Pontiques, liv. 11, épît. 7, v. 52):

Omnis pro nobis gratia muta fuit.

Si libuit celeres (v. 21). Un ou deux manuscrits et presque toutes les éditions vulgaires changent entre eux cet hexamètre et le suivant. Le pentamètre s'accorde moins bien de cette manière avec le vers qui le précède.

Madidam (v. 25). Madidam veut dire littéralement: mouillé, humide. Le poète donne cette épithète à la lutte, soit à cause de la sueur dont les athlètes étaient bientôt couverts, soit plutôt parce qu'ils se frottaient les membres avec de l'huile, ce qui les rendait glissans, lubrica, et moins faciles à saisir.

Tragicos cantus (v. 28). Pour bien entendre ce vers, il faut se rappeler que, chez les anciens, les acteurs qui représentaient une tragédie, se couvraient la figure d'un masque de bois, dont la bouche était disposée avec un certain art, de manière à augmenter le volume et l'intensité des sons. C'est ce que le poète Prudence indique formellement, contre Symm., 11, v. 646:

Ut tragicus cantor ligno tegit ora cavato,

Grande aliquod cujus per hiatum crimen anhelet...

Maximien veut donc dire qu'il avait d'assez bons poumons pour lutter avec avantage contre un acteur, malgré tous les secours de l'art, et non pas qu'il avait une voix plus agréable, ou qu'il l'emportait par ses vers sur les poètes tragiques de son temps.

On trouve dans plusieurs éditions: tragicos cantus, ou cantu exsuperare melos.

Tolerantia rerum (v. 33). Les vers qui suivent font assez bien voir qu'il fallait traduire par tempérament; mais les auteurs du bon siècle entendaient l'expression dans le sens de patience, et ne l'appliquaient point au physique.

Solstitium (v. 36). Les anciens reconnaissaient comme nous

deux solstices; mais les meilleurs écrivains réservent au solstice d'été le nom de solstitium, et appellent bruma, le solstice d'hiver. Innabam (v. 37). Innare avec l'accusatif, dit Lemaire, indique une latinité moyenne. Virgile a cependant écrit (Énéide, liv. v111, v. 651):

Et fluvium vinclis innaret Clœlia ruptis.

Ce n'est pas d'ailleurs le seul exemple du même poète que l'on pourrait citer.

Tantis (v. 45). Quelques éditeurs donnent cunctis, qui serait préférable, si l'on n'avait pas employé tanti pour tot, comme l'ont généralement fait les écrivains d'une latinité inférieure.

Socratem (v. 48). De ce que Platon nous montre Socrate conversant souvent à table avec ses amis, Maximien paraît ajouter aux qualités du corps et de l'esprit, que personne ne conteste à ce grand philosophe, la faculté de bien boire, qu'il exerçait probablement, comme Caton, avec la plus grande réserve. Le poète serait d'autant plus coupable, que le nom de Socrate (Socrates) se prêtait fort peu à la mesure. Il est vrai que Paullin et Sidoine Apollinaire, qui ont voulu le faire entrer aussi, bon gré malgré, dans leurs poésies, lui ont donné la même quantité que Maximien. Catonem (v. 49). Tout le monde connaît les vers d'Horace (Odes, liv. 111, ode 21, v. 12):

Narratur et prisci Catonis

Sæpe mero caluisse virtus;

ce que notre lyrique a traduit ainsi :

La vertu du vieux Caton,
Chez les Romains tant prônée,
Était souvent, nous dit-on,
De Falerne enluminée.

C'est que, à l'exemple de Socrate, Caton aimait à converser à table jusque bien avant dans la nuit. Voyez CICERON, sur la Vieillesse, ch. xiv. Mais Plutarque est loin de lui attribuer le vice dont le bon Horace le loue comme d'une qualité, et Dion Lambinus, dans ses Commentaires sur le poète latin, l'accuse formellement de calomnie.

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