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PARIS. IMPRIMERIE DE C. L. F. PANCKOUCKE,

RUE DES POITEVINS, N. 14.

DE

CORNELIUS GALLUS

TRADUCTION NOUVELLE

PAR M. JULES GENOUILLE

PROFESSEUR AU COLLÈGE SAINT-LOUIS

PARIS

C. L. F. PANCKOUCKE

MEMBRE DE L'ORDRE ROYAL DE LA LEGION D'HONNEUR

ÉDITEUR, RUE DES POITEVINS, No 14

M DCCC XXXVI.

VIE DE GALLUS

ET CRITIQUE DES OUVRAGES QUI LUI SONT ATTRIBUÉS.

PARMI les poètes élégiaques qui ont illustré le siècle d'Auguste, un nom a surnagé jusqu'à nous à côté des noms plus célèbres d'Ovide, de Catulle, de Tibulle et de Properce: c'est celui de Cnéus ou Publius Cornelius Gallus. Suétone' en a consacré la mémoire dans ses écrits; Virgile, dans sa dixième églogue; Ovide et Properce3, dans leurs ouvrages, lui ont payé le tribut que réclamait d'eux l'amitié; enfin Quintilien 4 l'a cité comme l'un de ceux qui ont placé l'élégie latine à côté des chefs-d'oeuvre de la Grèce antique.

2

Tous les auteurs et tous les critiques qui se sont occupés de Gallus, quand ils veulent indiquer sa patrie, lui donnent le surnom de Forojuliensis. Quelques auteurs en ont conclu qu'il était né à Fréjus; en sorte que la Gaule romaine pourrait le compter parmi ses illustrations littéraires. Malheureusement il ne s'agit point de la ville ainsi appelée dans la Narbonnaise, mais d'une autre ville du même nom située dans l'ancienne Vénétie, et aujourd'hui dans le Frioul. Flavio Biondo, qui était né à Forli, près de Ravenne, a essayé de revendiquer pour sa patrie la gloire d'avoir produit Gallus, prétendant

1. Vie d'Auguste, ch. LXVI.

2. Amours, liv. 1, v. 25.

3. Liv. 11, élég. 34, v. 91.

4. Institution oratoire, liv. x, Poètes élégiaques.

qu'il faut lire Foroliviensis, donné, suivant lui, par un assez grand nombre de manuscrits: mais il a été démontre que les manuscrits furent altérés à une époque quelconque, et les autres raisons de Biondo ne sont pas de nature à entraîner toute conviction contre l'opinion universellement admise '. Nous dirons donc que Cornelius Gallus naquit à Fréjus, l'an de Rome 688. Son nom donnerait à penser qu'il était issu par quelque branche, de la famille Cornelia', qui avait produit les Scipions et tant de grands hommes. En supposant qu'il en fût ainsi, il y aurait eu du moins long-temps que la branche se serait détachée de la tige, puisque rien n'indique la parenté la plus éloignée, et que des témoignages unanimes 3 font sortir au contraire Gallus d'une famille pauvre et obscure. C'est ainsi qu'on dispute encore aujourd'hui sur la famille et la patrie d'Homère, de Properce et de tant d'autres hommes dont la littérature ou les arts proclament les noms de siècle en siècle. Leur naissance a été à peine remarquée, parce qu'on jette à peine un regard sur une vie qui paraît, dès son principe, dévouée à l'obscurité. Mais que de fois le génie a triomphé de la fortune! que de fois il a conquis l'immortalité, alors même que ses œuvres ne sont plus! et des monumens gigantesques, tant de provinces ravagées, tant de sang répandu, n'ont valu souvent aux conquérans et aux rois qu'une répu tation bien éphémère.

1. Voyez, dans la Biographie universelle, la méprise qui a été faite au sujet de la patrie de Gallus.

2. Cette opinion aurait plus de poids, si l'on parvenait à démontrer une opinion que de nombreux commentateurs ont émise, savoir, que la cinquième élégie du premier livre de Properce est adressée à Cornelius Gallus. On y lit, en effet, vers 23:

Nec tibi nobilitas poterit succurrere amanti.

3. Cependant Bernardin de Saint-Pierre, dans le préambule de l'Arcadie, fait naître Gallus d'un consul romain. Il n'avait sans doute étudié la biographie de notre poète que dans les commentateurs de Virgile, dont nous parlerons dans la suite de cette Notice.

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