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intitulé Smyrna, dont Servius fait l'éloge à propos de ce vers de la Ixe églogue de Virgile:

Nam neque adhuc Varo videor, nec dicere Cinna

Digna....

mais que Martial (liv. x, épigr. 21) trouve obscur. On ignore quel en était le sujet : Scaliger soupçonne que c'étaient les amours de Cinire et de Myrrha, sa fille, parce que les Grecs appellent μúpvn les larmes de la myrrhe. Parthenius croit que ce poëme chantait les hauts faits d'une Amazone, nommée Smyrna. Peut-être est-ce tout simplement l'éloge de Smyrne, cette belle ville d'Asie, berceau de la Fable et patrie présumée d'Homère.

XCVI.

Voici Catulle revenu au ton de l'élégie; il a retrouvé cette grâce touchante, cette élégante simplicité, qui sont le cachet de son talent. Cependant, la dernière pensée de cette pièce n'est pas exempte d'une certaine afféterie; mais que ne rachètent pas des vers tels que ceux-ci:

Quo desiderio veteres renovamus amores,

Atque olim amissas flemus amicitias.

Comment se fait-il que le même homme qui a écrit cela, soit l'auteur des dégoûtantes épigrammes qui précèdent et qui suivent cette pièce charmante?

XCVII ET XCVIII.

Il m'a fallu bien du travail, bien des efforts, pour offrir à mes lecteurs une traduction supportable de ces saletés sans esprit. II ne fallait pas moins que la loi que je m'étais imposée de tout traduire, pour me décider à entreprendre cette tâche bien autrement pénible et rebutante, que de curer les étables d'Augias; et il s'en faut de beaucoup que je sois un Hercule.

La première de ces pièces est sans doute imitée de cette épigramme de Nicéarque, qu'on trouve dans l'Anthologie, où Catulle aurait dû la laisser :

Τὸ στόμα χὡ πρωκτὸς ταυτὸν, Θεόδωρε, σου όζει,
Ὥστε διαγνῶναι τοῖς φύσικοῖς καλὸν ἦν.

Η γράψαι σε ἔδει ποῖον στόμα, ποῖον ὁ προκτός.
Νῦν δὲ λαλοῦντος σου, κἄμμιγα περδομένου,
Οὐ, δύναμαι γνῶναι πότερον ἔχανεν, Θεόδωρος,

Ἢ βδέσ ̓ ἔχει γὰρ, ἔχει πνεῦμα κάτω καὶ ἄνω.

XCIX.

Pourquoi faut-il que cette élégie ne s'adresse pas à une femme? mais aussi pourquoi la seconde églogue de Virgile s'adresset-elle à un jeune garçon ? Il faut se résigner à oublier cette erreur des sens, quand on lit les poètes anciens, et juger leurs vers en eux-mêmes, indépendamment du sujet. Il n'y a dans toute cette pièce qu'un seul vers à reprendre :

Tanquam comminctæ spurca saliva lupæ,

qui présente une image dégoûtante: tout le reste respire la délicatesse d'une passion véritable.

C.

Il me semble que cette pièce serait beaucoup meilleure si elle se terminait au quatrième vers,

Fraternum vere dulce sodalitium,

qui offre un excellent trait d'épigramme. Le reste me semble assez commun, à l'exception de cette expression énergique, sis in amore potens, qui rappelle une épigramme de Rhulière, sur un certain baron de Montmorency, qui, dans une lutte amoureuse, ne pouvait en venir à son honneur : elle se termine par ces vers plaisans, qui font allusion à la devise de cette famille illustre. La belle, dit Rhulière,

....S'écria: Dieu soit en aide

Au premier baron chrétien !

CI.

Le respect religieux des anciens, et surtout des Romains, pour les morts, les réhabilite à mon sens du reproche d'insensibilité qu'on serait souvent tenté de leur adresser. S'il s'y mêlait

beaucoup de superstition, cette superstition devenait respectable
par son objet. Ces usages pieux sont appréciés d'une manière
touchante dans ces beaux vers de Roucher:

Ce respect pour les morts, fruit d'une erreur grossière,
Touchait peu, je le sais, une froide poussière,

• Qui tôt ou tard s'envole éparse au gré des vents,
Et qui n'a plus enfin de nom chez les vivans;
Mais ces tristes honneurs, ces funèbres hommages,
Ramenaient les regards sur de chères images;
Le cœur près des tombeaux tressaillait ranimé,
Et l'on aimait encor ce qu'on avait aimé.

In perpetuum, frater, have atque vale (v. 10). C'était la formule consacrée pour le dernier adieu qu'on adressait aux morts qu'on venait d'inhumer. Ainsi Virgile (Énéide, liv. x1, v. 97) a dit :

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Ces vers prouvent seulement que Catulle savait garder un secret; mais s'il n'en eût jamais fait de meilleurs, personne n'aurait deviné en lui le grand poète.

Factum me esse puta Harpocratem (v. 4). On sait qu'Harpocrate était le dieu du silence, et que sa statue, placée dans le temple d'Isis et de Sérapis, était représentée un doigt sur la bouche.

CIII.

Il parait que ce Silon était un de ces courtiers d'amour que notre Béranger a si plaisamment stigmatisés dans sa chanson de l'Ami Robin. Celui dont parle Catulle joignait à ses autres qualités celle de maltraiter les galans qui lui avaient payé le prix de courtage convenu. C'était trop de moitié, comme le dit ailleurs Catulle (cx), de garder à la fois l'argent et la marchandise.

CIV.

Les commentateurs se livrent à des hypothèses à perte de vue, à propos du dernier vers de cette épigramme. Les uns lisent

1

Tappone, et en font le nom d'une famille romaine dont parle Tite-Live (liv. XXXVII, ch. 43); les autres Coponi, et ils vont chercher jusque dans les Annales des Pontifes, un Coponins accusé d'empoisonnement, sous les consuls D. Junius Silanus et L. Licinius Muréna. Je ne finirais pas si, je rapportais toutes leurs conjectures à ce sujet; mais j'aime mieux m'en tenir à la plus vraisemblable, celle de Muret et de Parthenius, qui lisent caupone, cabaretier. On sait que de tout temps les aubergistes ont eu la réputation de faire des propos et des récits exagérés.

CV ET CVI.

La traduction de ces deux pièces paraîtra bien insignifiante à mes lecteurs; mais qu'ils la comparent avec le texte, et ils verront que s'il Ꭹ a ici un coupable, ce n'est pas moi. Je serais tenté de croire que ces vers furent composés pour servir d'épigraphe à des tableaux satiriques qui représentaient, l'un, Mamurra, précipité par les Muses du Parnasse qu'il s'efforçait de gravir; l'autre, un jeune garçon auprès d'un de ces crieurs publics qui, chez les Romains, remplissaient l'office de nos huissiers-priseurs.

CVII.

Ce ne sont pas là des vers froidement composés dans le cabinet pour une maîtresse imaginaire; c'est la vive expression de la joie que ressent le poète du retour de Lesbie à de plus tendres sentimens pour lui. Il revient encore sur ce sujet dans la pièce cix, et l'on voit qu'il est prêt à pardonner à Lesbie toutes ses infidélités, si elle veut tenir le serment qu'elle vient de lui faire de l'aimer désormais pour la vie.

CVIII.

Les commentateurs prétendent que ce Cominius était un méchant avocat, délateur impudent, qui se faisait payer cher pour parler, et plus cher encore pour se taire, comme celui dont parle Martial dans cette épigramme:

Quod clamas semper, quod agentibus obstrepis, Heli,

Non facis hoc gratis; accipis ut taceas,

Il est difficile d'ailleurs de faire des vœux plus barbares que ceux que Catulle profère ici contre Cominius. Les deux derniers vers de cette pièce rappellent ceux-ci d'Athalie (acte 11, sc. 5):

Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux,

Que des chiens dévorans se disputaient entre eux.

CX.

Ovide s'élève aussi avec indignation contre ces courtisanes sordides et de mauvaise foi, qui, après avoir reçu le prix convenu de leurs faveurs, refusent de se prêter aux désirs de l'homme qui les a payées :

Illa potest vigilis flammas extinguere Vestæ

Et rapere e templis, Inachi, sacra tuis;
Et dare mixta viro tristis aconita cicutis
Accepto venerem munere si qua negat.

CXI.

Les Romains qui, dans le dérèglement de leurs mœurs, se montraient si indulgens pour la pédérastie, avaient horreur de l'union d'une nièce avec son oncle paternel, qu'ils regardaient comme un inceste; c'est que chez eux les cousins germains, issus des deux frères, se regardaient eux-mêmes comme frères, et s'appelaient fratres ou fratres patrulles. Les Égyptiens, au contraire, beaucoup trop indulgens à cet égard, permettaient l'union du frère avec la sœur, comme nous l'avons vu plus haut dans le poëme LXVI, intitulé la Chevelure de Bérénice.

CXII ET SUIVANTES.

Nous nous abstiendrons de toute espèce de notes et de commentaires sur les pièces suivantes, d'abord, parce qu'elles n'offrent que peu ou point d'intérêt; ensuite, parce qu'elles sont pour la plupart si obscures, qu'avec la meilleure volonté du monde, il est presque impossible d'y découvrir un

sens rai

sonnable.

FIN.

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