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PAR M. J. P. DE BÉRANGER.

TOME SECOND.

CINQUIÈME ÉDITION,

AUGMENTÉE DE PLUSIEURS CHANSONS FAITES DEPUIS

SON PROCÈS.

BRUXELLES,

AUGUSTE WAHLEN ET COMPAGNIE.

A 3140

3

MON AME.

AIR: Des Scythes et des Amazones.

C'EST à table, quand je m'enivre
De gaîté, de vin et d'amour,
Qu'incertain du temps qui va suivre,
J'aime à prévoir mon dernier jour ( bis. )
Il semble alors que mon ame me quitte.
Adieu! lui dis-je, à ce banquet joyeux;
Ah! sans regret, mon ame, partez vite :
bis.
En souriant, remontez dans les cieux,
Remontez, remontez dans les cieux.

Vous prendrez la forme d'un ange;
De l'air vous parcourrez les champs.
Votre joie, enfin sans mélange,
Vous dictera les plus doux chants.

L'aimable paix, que la terre a proscrite,

Ceindra de fleurs votre front radieux.

Ah! sans regret, etc.

Vous avez vu tomber la gloire

D'un Ilion trop insulté,

Qui prit l'autel de la victoire

Pour l'autel de la liberté.

Vingt nations ont poussé de Thersyte

I.

}

Jusqu'en nos murs le char injurieux.
Ah! sans regret, etc.

Cherchez au-dessus des orages
Tant de Français morts à

propos,
Qui, se dérobant aux outrages,

Ont au ciel porté leurs drapeaux. Pour conjurer la foudre qu'on irrite, Unissez-vous à tous ces demi-dieux. Ah! sans regret, etc.

La liberté, vierge féconde,

Règne aux cieux, qui vous sont ouverts.
L'amour seul m'aidait en ce monde

A traîner de pénibles fers.

Mais, dès demain, je crains qu'il ne m'évite ;
Pauvre captif, demain je serai vieux.
Ah! sans regret, etc.

N'attendez plus, partez mon ame
Doux rayon de l'astre éternel!
Mais passez des bras d'une femme
Au sein d'un Dieu tout paternel.
L'Aï pétille à défaut d'eau bénite;
De vrais amis viennent fermer mes yeux.
Ah! sans regret, etc.

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(NOVEMBRE 1816.)

AIR: De la Cosaqui.

Un maître fou qui, dit-on,

N

Fit jadis mainte fredaine,

Des loges de Charenton

S'est enfui l'autre semaine ;
Chez un juge qui griffonnait,
Il arrive et prend simarre et bonnet,
Puis à l'audience, hors d'haleine,
Il entre et soudain dit : Prechi, precha,
Et patati, et patata,

Prêtons bien l'oreille à ce discours-là.

« L'esprit saint soutient ma voix,
« Et les accusés vont rire;
«Moi, l'interprête des lois,

« J'en viens faire la satire.

« Nous les tenons d'un impudent

m

(1) Il n'y a point de mauvais discours que ne puisse faire oublier une action généreuse : et rien n'est plus honorable, suivant moi, que la protection accordée à des infortunés placés sous le poids d'une accusation capitale. Aussi je n'aurais pas re produit ici cette chanson, sans l'espèce de scandale que, lors de son apparition, elle causa jusque dans les deux chambres. Mais je ne puis m'empêcher d'avouer que si j'avais pu la condamner à l'oubli qu'elle mérite sans doute, j'en aurais toujours regretté le dernier couplet.

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