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Le comte Achille du Clésieux est un Breton, un chantre chrétien, comme Brizeux, mais avec plus de foi, plus de sincérité. L'auteur de Marie fut chrétien seulement de souvenir et d'apparence; du Clésieux, ardent catholique, n'a eu qu'un but dans toutes ses œuvres, l'exaltation de ses croyances.

Mêlé d'abord à la bruyante école de 1830, le jeune Achille du Clésieux connut bientôt le vide des joies et des ambitions mondaines, et dirigea toutes ses pensées, toutes ses espérances, vers l'infini, vers Dieu.

Dans Exil et Patrie 1, il a chanté la résignation du juste à la volonté divine et les douceurs de l'espérance chrétienne.

Ce sont d'abord les plaintes de l'exil, sans amertume et sans scepticisme. Ce sont les angoisses de la lutte, les orages de la passion, les défaillances de la douleur. Mais l'âme, un instant brisée par la fatigue, se redresse bientôt, pleine de confiance, et retrouve après la tristesse l'espérance, après la mélancolie inquiète la foi ardente, après les larmes de l'exil les joies de la patrie céleste. Parfois de ces hautes aspirations vers l'idéal, le poète revient à l'humanité; il rappelle ses affections brisées, renouvelle le souvenir attendri de ceux qui ne sont plus; ou bien, fait entendre les accents doux et pénétrants de la miséricorde et de la charité, offre à ceux qui souffrent, aux faibles, aux abandonnés, les consolations de l'amour et les allégements de l'espérance. Ces grandes pensées, ce sentiment élevé de la beauté morale s'affermissent incessamment en lui; son âme, après l'exil accepté comme expiation, demande avec force le retour à la patrie. Traversant alors les régions les plus hautes, le poète, dans un élan suprême de l'imagination, touche aux sommets inondés de lumière et de paix, et son dernier chant est ce cri d'allégresse surhumaine, de bonheur infini le Vol de l'âme.

Telles sont les inspirations d'Exil et Patrie, inspirations bienfaisantes qui faisaient dire à Chateaubriand dans une lettre au poète : « Ce que vous chantez est si consolant et si beau, que non-seulement vous composez des vers harmonieux, mais que vous faites encore une œuvre de piété en prenant la lyre. »>

Il est une pensée que l'auteur n'abandonne jamais, celle de l'intervention divine dans toutes les actions, dans toutes les affections

1 E. Dentu, 1 vol. in-8, 1876.

humaines. M. du Clésieux l'a surtout développé dans son poème d'Armelle, histoire attendrissante et vraie, complexe et mystérieuse, où le lyrisme est constamment mêlé au récit, et où l'on entend comme l'écho des plus violents orages de l'àme.

Solitaire, battu des vents, un antique château domine, debout superbe, les rochers de la côte bretonne. La lumière qui, le soir, glisse de l'une de ses tourelles, se reflète au loin sur les vagues. Souvent, dans la nuit,

« A l'étroite fenêtre une lampe brillait,
Et, påle, à sa lueur, un jeune homme veillait.
Tantôt sa tête était immobile et pensive,
Tantôt il écrivait d'une main convulsive.

Ce jeune homme, à cet âge où brûlent les désirs,
Soudain s'était senti glacé dans ses plaisirs';
De ses blés encor verts la tige était flétrie,
De ses joyeux festins la coupe était tarie:
De ses emportements il ne restait en lui

Qu'un immense dégoût et l'incurable ennui. »>

Il avait connu, loin de ce domaine, toutes les joies de la fortune, tous les enivrements de la volupté : il était revenu triste et voulant mourir. Son cœur alors eut la pensée de Dieu, et cette pensée le ranima dans la solitude. Le feu des passions terrestres avait desséché son âme; la foi chrétienne descendit en elle comme une rosée bienfaisante. Il retrouva dans la prière, dans la méditation et l'étude, le calme qui l'avait abandonné.

C'est en ces heures de paix religieuse qu'il vit Armelle, douce enfant dont l'existence s'écoulait entre sa mère et Dieu :

« Elle avait dix-huit ans, lui deux ans de plus qu'elle;
Il était triste et tendre, elle était douce et belle:
Ils s'étaient rencontrés, un soir, loin des vains bruits,
Lui cherchant une fleur, elle cueillant des fruits.

Un regard échangé, quelques paroles brèves

Firent soudain éclore un printemps dans leurs rêves... »

Et les jeunes gens se sont aimés. Leurs rêveries sont douces et candides; tout est joie dans leur âme; la nature entière est en fête. Rapide éclair de bonheur !

« Un jour l'amour en lui surgit comme un orage. »

Il a senti dans son cœur se réveiller les passions fortes. Chaque jour augmente le trouble de ses sens, redouble l'impétuosité de ses désirs. Il lutte, impuissant, aux prises avec ses sentiments in

1 Armelle, E. Dentu, 1 vol. in-8, 1876.

POÈTES DU XIX SIÈCLE.

II.

14

conciliables. Hier, au lit de mort, sa mère lui fit jurer, au nom de la noblesse de son sang, qu'il n'épouserait jamais Armelle, et qu'il ne désespérerait pas son vieux père. Son âme est restée brisée de ce combat entre l'amour irrésistible et le serment sacré.

Mais Armelle a connu sa souffrance; triste, résignée, l'enfant conseille à celui qu'elle aime l'éloignement, les longs voyages. Les mois, les années se sont écoulés.

« ..... Un soir, dans le château,

On le dit revenu..... »

Le même amour palpite encore dans son âme. Mais il sera le martyr du devoir, il couronnera le sacrifice, il atteindra le fatte de l'immolation chrétienne.

Armelle est restée seule, sa mère est morte.

« Un jour dans une église un jeune homme priait;
Il venait de doter, au couvent, l'orpheline,

Et deux fronts rayonnaient d'une grâce divine. »

Cinq ans se sont passés. La cloche du monastère sonnait, un soir, plaintive. Armelle avait quitté ce lieu d'exil.

« Des voix douces chantaient les psaumes lentement;

La is coupé gisait sur le drap mortuaire;

Quatre cierges jauais l'entouraient pauvrement.
Bi quand on descendit la ci åsse dans la terre,
La sangiot overfé s'entendit seulement. »

Le serisce etait consommé.

•ws at ei se da, de la nue entr'ouverte,
You gir noen ser la fosse à peine recouverte
Une esant disache awe az zumbe an front, a

Tag mod drove Tui parla d'amour céleste, de bonheur infini,

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Sainte-Beuve écrivait à l'auteur d'Exil et Patrie :|

< Poète par le cœur, pour l'art, vous l'ignorez.
L'art existe pourtant; il a ses soins sacrés;
Il réclame toute œuvre, il la presse et châtie,
Comme fait un chrétien son âme repentie...
Heureux dont le langage impétueux et doux,
En servant la pensée, est plutôt au-dessous;
Qui, laissant déborder l'urne de poésie,
N'en répand qu'une part, et sans l'avoir choisie,
Et dont la sainte lyre, incomplète parfois,
Marque une âme attentive à de plus graves lois;
Son défaut m'est aimable et de près m'édifie,

Et je sépare mal vos vers de votre vie,

Vie austèrement belle, et beaux vers négligents. >>

Sans prétention littéraire d'aucune sorte, M. du Clésieux n'a voulu que répandre au dehors le trop-plein de son âme. Ses œuvres, même dans l'édition fort améliorée et complétée qui se publie en ce moment, renferment un assez grand nombre d'aspérités, de longueurs, d'inégalités; on y remarque un oubli fréquent de l'analogie dans l'évolution des images; les rimes sont souvent pauvres. Mais si l'énergie de la pensée doit être préférée à l'élégance de la forme; si la noblesse du sentiment est supérieure à l'harmonie du rythme; si la force de l'idée surpasse l'éclat des images, nous n'hésiterons point à donner une place à part dans la littérature de notre siècle au poète, homme de bien et de dévouement, qui put résumer toutes ses inspirations dans cet élan sublime:

« N'avoir qu'un seul amour : l'humanité souffrante;

Qu'un seul drapeau : la croix, vaincue ou conquérante;

Qu'un seul nom: le vôtre, Seigneur 11 »

1 Exil et Patrie, Victoire.

VIOLEAU (HIPPOLYTE)

Né en 1818.

Un autre Breton, Hippolyte Violeau, écrivain doux et simple, plus jaloux « des bénédictions du ciel que des louanges humaines 1», a répandu dans son Livre des mères chrétiennes et de la jeunesse quelques pensées tendres et consolantes. Humble et délicat poète dont Louis Veuillot a dit:

<< Ainsi l'oiseau perdu dans le profond espace
Jette sa note pure à la brise qui passe,
Et ne demande pas si seulement ses airs
Ont d'un charme de plus embelli les déserts;
Ainsi, sous ton figuier, près de la mer bretonne,
Sans que l'or te séduise ou que l'oubli t'étonne,
Tu donnes ta chanson, cand de Violeau,

Et, de tes humbles jours esquissant le tableau,

Tu peins sans y songer cette haute victoire

D'un cœur trop près de Dieu pour songer à la gloire. »

Ses vers sont l'écho des plus saintes affections de l'âme et du cœur. La charité, le dévouement maternel, l'amour des humbles, telles ont été les inspirations préférées de cette muse pudique. Il a chanté sans fatigue

« Les tendres sentiments de la chaste nature,
Le respect aux vieillards, le bonheur filial,
L'amour de la famille et le pays natal 3. »>

L'éducation, la régénération de l'homme par la femme mère et chrétienne voilà la pensée première du Livre des mères. Le développement sublime de la foi par la tendresse est le désir constant du poète. Il ne faut chercher dans ce recueil aucune des hautes aspirations idéalistes, aucun des élans superbes de la poésie lyrique; ce sont toujours des tableaux simples, modestes, mais touchants: ainsi la Fenêtre de l'aieul, les Vieillards de Piouzal, Première Feuille, la Veuve du pilote, la Pelerine de Rumengol, le Phalène, le Châtelain de Roosmeur, le Nid sur la fenêtre. Un même sentiment, la bonté, est sans cesse exalté dans ces vers. C'est bien là une poésie toute d'espérance et de consolation.

1 Le Livre des mères, préface.

Louis Veuillot, Satires, Art poétique.

Le Livre des mères, p. 125.

Lire particulièrement les Vieillards de Plouzal.

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