LES RELIQUES. AIR: Donnez-vous la peine d'attendre. D'un saint de paroisse en crédit, Vient un bon vieillard qui me dit: Oui, dis-je ; et me voilà béant; Voilà qu'il fait des croix magiques; Voilà le saint sur son séant, Qui dit, d'un ton de mécréant : « Dévots, baisez donc mes reliques; « Baisez, baisez donc mes reliques. « Il rit, ce squelette incivil, Il rit à s'en tenir les côtes. Depuis huit siècles, poursuit-il, Je grille en enfer pour mes fautes; « Mais un prêtre au nez bourgeonné, « Pour mieux dîmer sur ses pratiques, << Par un tour bien imaginé, << Fit un saint des os d'un damné. Dévots, baisez donc mes reliques; << Baisez, baisez donc mes reliques. « De mon temps, je fus bateleur, « Ribaud, filou, témoin à gage. แ << Puis, en grand m'étant fait voleur, ་ « J'eus d'un baron mœurs et langage. « De leurs châsses, dans mes larcins, « J'ai dépouillé des basiliques. « Au feu, j'ai jeté de bons saints. «Du ciel admirez les desseins. « Dévots, baisez donc mes reliques; << Baisez, baisez donc mes reliques., Baisez, sous ce dais de velours, «La sainte qu'on priera dimanche. « C'est une Juive, mes amours, ་་ blanche. Grace à ses charmes réprouvés, «Dix prélats sont morts hérétiques; Vingt moines sont morts énervés. « Trouvez mieux si vous le pouvez. « Près d'elle est un vieux crâne étroit; « Baisez ce saint d'une autre espèce. « Jadis de larron maladroit, Il devint bourreau plein d'adresse. << Nos rois, pour se bien divertir, L'occupaient aux fêtes publiques. « Hélas! je lui dois, sans mentir, |