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tems au triste événement qu'ils déplorent. L'auteur excelle®à chanter la douleur; sa muse est naturellement mélancolique, et même dans les sujets amoureux elle a quelque chose d'élégiaque qui ne ressemble pas au désespoir factice de certains poëtes, mais à l'expression vraie d'un sentiment délicat et profond. Il suffirait, pour en donner la preuve, de citer le sonnet adressé à l'Année nouvelle, et l'ode anacréontique qui commence par ces touchantes images : « Qu'on ensevelisse ma cendre au pied du triste saule où, pour la première fois, je te parlai d'amour. Là, aux pâles rayons de la lune, je te demandais merci; là, d'une bouche mensongère, tu me jurais une éternelle foi. Par pitié pour ma douleur, ne viens pas du moins, sous cet ombrage, entendre mon rival te parler d'amour... » Une traduction fait toujours perdre beaucoup à ces poésies légères, et ne peut donner une idée de ces nuances gracieuses de langage, de ces effets d'harmonie, de toutes ces qualités du style qui dans des genres plus élevés, dans des ouvrages plus étendus, ne manqueront pas de placer un jour M. Pepoli, maintenant fort jeune encore, parmi les écrivains les plus distingués de Bologne, et de répandre sur son ancienne et illustre famille le nouvel éclat de la gloire littéraire. J.-Vict. LE CLERC.

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PORTUGAL.

244.-*Memoria sobre os principios do calculo superior, etc. Mémoires sur les principes du calcul différentiel, et sur quelques unes de ses applications; par M. José-Mario DANTAS PEREIRA. Lisbonne, 1827; imprimerie royale; in-8° de 16 pages.

M. Dantas Pereira expose dans cette brochure la théorie des limites presque généralement adoptée en France pour l'enseignement du calcul différentiel; il se trouve donc d'accord sur ce point avec la plupart de nos professeurs et des ouvrages mis entre les mains des étudians. Če laborieux savant, secrétaire de l'Académie des sciences de Lisbonne, n'a point borné ses études aux sciences mathématiques et à leurs applications; on lui doit aussi un grand nombre de Mémoires sur l'histoire du Portugal et sur les discussions politiques qui ont troublé sa patrie par l'effet de la secousse imprimée à toute l'Europe, et même au-delà, par notre révolution et ensuite par nos armes. Partout où les hommes méditent, les objets qui occupent le plus fortement leur pensée sont l'homme même et les institu-. tions sociales: aucun bon esprit ne peut se refuser aux sollicitations de ce besoin de notre tems. Puisse le Portugal, si heureusement placé pour servir d'intermédiaire entre les par

ties du monde les plus distantes, qui domine dans l'Amérique méridionale, qui exerce en Afrique une influence dont les effets pourraient devenir très-utiles, et qui conserve en Asie des possessions qui n'y ont pas encore opéré tout le bien qu'on devait en attendre; puisse ce peuple spirituel et magnanime s'élever à la hauteur de la destination qu'il semble appelé à remplir, mériter les éloges et la reconnaissance de toute l'humanité!

Nous avons entre les mains le discours prononcé, le 17 juillet 1825, par M. Dantas Pereira dans la séance publique annuelle de l'Académie de Lisbonne : nous en tirerons de précieux documens pour l'histoire de ce corps savant, dont les travaux deviendront de jour en jour plus profitables, non-seulement pour le Portugal, mais pour tout le monde savant, pour tout le monde civilisé.

Y.

245. —* Memorïo sobre resumao de geographia politica de Portugal, etc. Mémoire sur le résumé de la géographie politique du Portugal de M. BORY DE SAINT VINCENT, composé par M. Jose-Maria DANTOS PEREIRA, et inséré dans le tome X des Mémoires de l'Académie des sciences de Lisbonne. Lisbonne, 1827; imprimerie de l'Académie. Petit in folio de 23 pages.

L'auteur de cet écrit a bien voulu attacher assez d'importance à l'un de nos ouvrages sur la géographie de la Péninsule Ibérique pour y relever diverses erreurs. La manière obligeante avec laquelle il signale les fautes où nous sommes tombés nous rend son Mémoire fort précieux; il nous servira pour les corriger dans une nouvelle édition qui nous est demandée. Le Portugal est à peu près la seule partie de la belle région que les Pyrénées séparent de la France, où nous n'ayons pas pénétré. Nous n'en avons guère vu que les frontières, en parcourant celles de l'Espagne. Il a fallu, pour composer ce qui concerne ce petit royaume dans notre Résumé, puiser à diverses sources; nous avons suivi les auteurs les plus accrédités, et ils nous ont, à ce qu'il paraît, induits en erreur plus d'une fois. M. Dantos Pereira connait beaucoup mieux son pays que ceux qui jusqu'ici en ont fait l'objet de leurs ouvrages. C'est lui que désormais je consulterai snr la population des lieux et sur beaucoup d'autres points de statistique. Je crois cependant que l'estimable Portugais, qui veut bien rectifier quelques évaluations défectueuses, obéit à un mouvement patriotique, honorable sans doute, mais mal entendu, lorsqu'il se plaint qu'on ait maltraité ses compatriotes. Voici l'idée que nous en donnions : « L'art de la navigation et les sciences géo

graphiques, cultivées avec succès, ouvrirent la vaste route des mers aux valeureux Portugais qui, n'ayant plus de Maures à vaincre, allèrent chercher des combats où nul Européen n'avait jusqu'alors supposé qu'il pût exister des peuples à soumettre. De proche en proche, la côte d'Afrique fut explorée jusqu'au fond de la Guinée méridionale, et des forts s'élevèrent sur tous les points où des relations commerciales avec les naturels présentaient quelques chances avantageuses. En 1497, le cap des Tempêtes, devenu celui de Bonne-Espérance, fut doublé, et la route de l'Inde ainsi découverte, des guerriers sortis du Tage vinrent dicter des lois au golfe Persique, au Sind et au Gange. Une multitude d'îles, dont on ne connaissait pas même les noms, occupèrent une place sur la carte, et la moitié de l'Amérique méridionale fut à son tour tributaire d'un coin de l'Europe... Nul peuple n'était plus propre que les Portugais d'alors pour tenter de si hasardeuses expéditions; et dans leurs descendans on reconnaît encore quelques traits de ce caractère qui poussa leurs pères audacieux à éparpiller, pour ainsi dire, leur patrie sur la surface du globe entier. Et qu'on nous passe ce mot éparpiller; car le Portugal passe pour avoir été beaucoup plus peuplé qu'il ne l'est aujourd'hui. Les conquêtes loin→ taines, qui portèrent si haut la réputation des navigateurs empressés sur les traces de l'héroïque Vasco de Gama à soumettre les plus belles contrées maritimes de l'Asie, ont été faites aux dépens de la métropole. Depuis ces tems, le Portugais est demeuré aventureux, entreprenant, irascible, téméraire, et cependant patient et fort attaché au sol qui le vit naître; l'adversité ne saurait l'abattre, la contradiction l'exaspère; laborieux comme par accès, il est plus souvent paresseux; du reste, on reconnaît l'origine celtique de ses moindres discours. Il parle sans cesse de lui ou de la gloire nationale: et, comme cette gloire est réelle, comme, depuis ce guerrier qui n'avait pas besoin de faire parler un crucifix pour mériter une couronne sur le champ de bataille, beaucoup de princes portugais ont été de grands hommes par les armes et même par les sciences; comme des héros se sont élevés de toutes les classes de la population; comme l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique ont retenti du bruit de leurs exploits, moins souillés de crimes que ceux des Espagnols; comme enfin les plus belles découvertes géographiques des premiers tems leur sont dues; et comme la puissante maison d'Autriche et Napoléon lui-même, au tems où la victoire ne l'avait jamais abandonné, n'ont pu soumettre une nation généreuse, embrasée d'esprit public, et jalouse de T. XXXVIII. Juin 1828.

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son indépendance, pourquoi le Portugais ne s'enorgueillirait-il pas encore d'un lustre qui n'est pas flétri.»>

Si nous n'avons pas, dans ce passage, dissimulé quelques légères imperfections du caractère national, nous en avons fait ressortir le lustre ; mais, avec l'esprit de sincérité qui fut toujours le nôtre, nous avons dû peindre le Portugal actuel bien déchu, et l'on nous reproche surtout de l'avoir représenté ignorant, superstitieux et fort arriéré sous tous les rapports; ce qui ne veut pas dire qu'il n'existe aujourd'hui aucun Portugais qui ne soit pas arriéré et ignorant. M. Dantos Pereira est certainement un homme fort éclairé; M. Sequeira, qu'il nous cite comme une preuve que la peinture est en honneur dans son pays, est sans doute un excellent peintre; quelques savans de Lisbonne se sont fait, vers la fin du siècle dernier, un nom européen, mais, comme dit un adage qui pour être vieux n'en est pas moins très - applicable à notre sujet, une hirondelle ne fait pas le printems. Malheureusement, les arts sont encore fort peu avancés en Portugal; si l'on en voulait une preuve de plus, il suffirait de jeter les yeux sur la manière dont l'estimable écrit que nous annonçons est lui-même imprimé. Il sort cependant des presses de l'Académie royale; et nous doutons qu'il existe encore en France une imprimerie qui en voulùt avouer la composition typographique.

En témoignant notre reconnaissance au savant qui a bien voulu nous aider de ses lumières, qu'il nous soit permis d'étendre aux Portugais le passage suivant qui, dans le même ouvrage, concerne leurs voisins. « Tandis que les autres Européens étaient traités par leurs gouvernans comme ces animaux asservis à qui, dociles au fouet et à l'éperon, on laisse dans la domesticité quelques instans d'indépendance durant lesquels ils se croient libres, le gouvernement espagnol traite ses peuples comme on fait de ces lions généreux mais redoutables dont on ne se croit assuré que lorsqu'on les tient dans des cages de fer, où d'épais barreaux leur ôtent jusqu'à l'idée qu'il existe un autre état que l'esclavage; et, qu'on n'imagine pas qu'en représentant les Espagnols tels que leurs princes et l'inquisition ont fini par les faire, nous avons aussi prétendu les avilir; nous avons voulu montrer seulement à quel point l'ignorance peut dégrader les hommes, et combien, lorsqu'une puissance quelconque est parvenue à les détériorer par un tel secours, et dans le but de les mieux dominer, la dégradation remonte du peuple à la puissance elle-même... Quoi qu'il en soit, et l'on doit le redire, un Espagnol qui n'est pas aujourd'hui une sorte de sauvage, a dix fois plus de mérite, à mérite égal, que tout autre Européen;

à plus forte raison un Espagnol éclairé nous semble être digne d'admiration. » Il en est de même des Portugais.

BORY DE SAINT-VINCENT.

PAYS-BAS.

246. * Des Destinées futures de l'Europe, par l'auteur des Nouvelles lettres provinciales, et de la Revue politique de l'Europe, etc. Bruxelles, 1828; Tarlier. In-8° de 310 pages.

« Le monde n'est plus ce qu'il fut, la face des choses est changée... Tout change, parce que tout s'use; une force secrète mine toute chose; tout périt par l'abus et l'excès. La royauté absolue en a fait assez pour subir cette condition.»... « La royauté exactement définie est un pouvoir de bienfaisance: ce fut son premier nom et son premier but. A prendre les principes dans les lois de l'humanité, le roi qui donne le plus de bonheur aux hommes est le plus légitime.»> Ces vérités, si évidentes pour les hommes éclairés et de bonne foi, si méconnues par les hommes de cour et par les gouvernemens qui défendent les préjugés contre les progrès de la raison, ont suggéré à l'auteur de l'écrit très-remarquable dont on vient de lire le titre l'idée de démontrer (si le génie étroit du pouvoir savait comprendre le génic avancé des nations) comment il serait possible encore de prévenir, dans la plupart des états de l'Europe, par des concessions raisonnables faites à tems, les chauces probables et prochaines de commotions violentes et de révolutions nouvelles qui semblent nous menacer. Ces commotions deviendraient inévitables, si les vœux et les besoins publics, qui réclament partout un ordre légal, n'étaient point satisfaits.

L'auteur passe en revue les cabinets de l'Europe, et il esquisse rapidement les traits distinctifs de leur politique, les erreurs graves où la plupart sont entraînés, les dangers auxquels ils s'exposeraient en continuant à repousser avec obstination et imprudence les réclamations légitimes qui s'élèvent de toutes parts contre les anciens abus.

La maison d'Orange, devenue l'honneur de la royauté, parce qu'elle a su entrer dans le siècle, et dans les voies larges de la civilisation, reçoit ici le juste hommage que méritent les princes qui ont le sentiment du bonheur public, source féconde d'inspirations nobles et vraiment royales. La politique ambitieuse, envahissante, dominatrice de la cour de Rome est signalée avec une courageuse énergie. L'auteur observe judicieusement que la religion est trop pure pour être mise en cause avec les

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