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SCULPTURES ROMAINES INÉDITES

DE TONGRES

La plupart des sculptures romaines qui seront étudiées dans les pages suivantes, sont conservées au musée de la Société Scientifique et Littéraire du Limbourg à Tongres. Jusqu'ici elles n'ont fait l'objet que de courtes notices, le plus souvent dans le rapport des fouilles; elles n'ont jamais été ni décrites, ni reproduites par la gravure, ni commentées. C'est pourquoi elles ont passé inaperçues jusqu'à présent et elles ne figurent pas dans le Recueil des bas-reliefs de la Gaule romaine de M. Espérandieu, tome Ve. pp. 199, et tome IXe, pp. 358 ss. Il est donc urgent de les mettre à la portée de ceux qui s'intéressent à l'archéologie romaine de notre pays.

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En 1585, Ortelius et Vivianus visitèrent la ville de Tongres. Le premier nous a laissé une relation de cette visite, dans laquelle il parle aussi des antiquités romaines trouvées dans la ville et aux alentours. Il cite, entre autres, deux bas-reliefs. Voici son texte (1) :

« Urbis hujus (Tungrorum oppidi) amplitudo quanta olim fuerit, ut ex historiis constat, ita ejus quae hodie restant murorum rudera id ipsum manifesto ostendunt quibus ab una adhuc parte longe circuitur ambitu, ae inter ea et recentiorem murum qui oppidulum nunc claudit, plurima quotidie eruuntur edificiorum fundamenta plurima et antiquitatis monumenta, nummi, gemmae variis inscalptae figuris, vasa fictilia, inscriptiones aut statuce paullo majores raro ut nec in ipso oppido quicquam ejusmodi videas nisi quod in sacellulo rotundo quod juxta summum templum est et a divo Materno edificatum referunt

(') ABRAH. ORTELII, Praecipuorum in agro Leodiensi civitatum descriptio,

p. 22.

nonnulli et Romanorum esse opus existimant vidimus muro insertum lapidem vetustate adesum in quo vestigia apparent imaginis imberbis galeatae ac cristatae, dextra hastam, sinistra vel clypeum vel gladii capulum tenentis quam fortasse Minervae imaginem non incommode dixeris. Ipsi incolae Herculis esse putant cujus et capul esse in alio muri ejusdem lapide cum tamen manifesto Gorgonis esse faciem anguinei crines nodo sub mento collecti arguant (1)..

La tête de Méduse fut conservée. En 1843, lors des travaux de restauration exécutés à l'église Notre-Dame, elle fut maçonnée dans le revêtement extérieur de la salle capitulaire, où elle se trouve encore aujourd'hui (2). Elle est devenue tellement fruste, qu'il est superflu de la reproduire (3). Ce qui est certain, c'est qu'il s'agit bien d'une tête de Méduse et qu'Ortelius l'a exactement identifiée.

Quant à l'autre pierre figurée, plus intéressante, qui était encas trée dans la même tour ou chapelle de Saint Materne et non loin de la précédente, elle a disparu sans laisser de traces. La dite tour, qui menaçait déjà ruine du temps d'Ortelius, eut besoin de multiples réparations au cours des temps. La pierre a disparu, sans doute, lors d'une de celles-ci, à moins que ce soit en 1803, lorsque la tour fut démolie entièrement.

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BIBL. THYS, Annales de l'Académie d'archéol. de Belgique, 4o série, V (1889), p. 93; PAQUAY, Bulletin de la Soc. Scient, et Litt. du Limbourg, XXIV (1906), p. 360; XXVII (1909), p. 53-54; L. RENARD, Congrès archéol. de Liége, 1909, p. 752.

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(1) On trouve un écho de cette opinion, courante alors, dans deux ouvrages un peu postérieurs à celui d'Ortelius. BOX HORNIUS, De republica Leodiensi, Amstelodami, 1633, pp. 81-82, reproduit le texte d'Ortelius cité ci-dessus, puis il ajouté, à la p. 33 : Visitur etiam Tungris extremae antiquitatis templum perexiguum illud et Herculi olim ut ex eius dei effigie portae impositae liquet a gentilibus dedicatum. BLAEU, Tooneel des Aerdryx, Amsterdam, 1650, t. I, 2, p. 18 verso, semble copier à son tour BOXHORNIUS, lorsqu'il dit : « Tot een merckteyken van een seer groote outheyt wordt noch te Tongeren ghesien een seer out Kerxken eertyds Herculi toegheygent wiens beeld op de poorten staat ende noch heden daeghen ghesien wordt ».

(3) THYS, Le Chapitre de N.-D. à Tongres, dans les Annales de l'Acad. d'arch. de Belgique, 4o série, V (1889), p. 92.

(3) Il y a quelques années, le comité de la société scientifique et littéraire du Limbourg en fit faire une empreinte en plâtre, qui est conservée au musée de Tongres. On y voit une tête hideuse. Hauteur de l'empreinte : 0.61 m.; largeur: 0.48.

Grès jurassique. H. 0,91; L.: 0,44; E. 0,20. Actuellement au musée de Tongres.

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La figure est entourée d'un cadre en relief. Un personnage. assis sur un siège, qui a disparu, est habillé d'une tunique à multiples plis descendant jusqu'à terre et ne laissant à nu que la pointe d'un des pieds. La tunique remonte, d'autre part,

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jusqu'à la gorge. Par dessus ce vêtement, il porte un manteau qui couvre l'épaule et dont les pans inférieurs sont ramenés sur les genoux. Près de la tête, on voit les restes d'une grande coiffe ronde, sorte d'immense turban, comme en portent souvent les déesses-mères et d'autres divinités locales du nord de la Gaule. On distingue la coiffe moins bien sur la reproduction que sur l'original. Autour du cou, le personnage porte un torques, orné d'une lunula. Sur les genoux sont déposés des fruits (1). Il en porte également dans les deux mains, ramenés devant la poitrine, et sur son bras gauche est assis un petit animal, peut-être un chien, les oreilles dressées (?).

L'interprétation n'est pas douteuse. Nous avons affaire ici à une divinité locale, à une déesse-mère, protectrice de la fécondité des animaux et de la fertilité des champs. Le travail est fruste ; les proportions et la perspective manquent. C'est le produit d'un atelier du nord de la Gaule, de date inconnue.

Cette pierre fut trouvée, en 1867, lors de la démolition de la façade des bâtiments du chapitre de l'église N.-D. à Tongres, dans un pan de mur qui avait fait partie jadis de la chapelle de St-Materne. On se rappela qu'Ortelius avait vu, à la fin du XVIe siècle, un bas-relief représentant Minerve (?) dans la façade, alors encore debout, de la même chapelle. On crut, en outre, remarquer une certaine ressemblance entre l'animal, perché sur le bras gauche de la divinité, et le hibou, l'oiseau consacré à Minerve. Ce fut assez pour déterminer les archéologues locaux à identifier le bas-relief découvert en 1867 et décrit ci-dessus avec celui de Minerve (?), mentionné par Ortelius (2). Jusqu'en ces derniers temps il a figuré au Musée archéologique de Tongres avec la mention << Pallas-Minerve ». C'est là une erreur manifeste. La pierre trouvée en 1867 représente une déesse-mère, comme la reproduction ci-jointe le prouve à l'évidence, et elle est différente de celle qu'Ortélius a décrite. Le personnage représenté, en effet, ne répond nullement à la description qu'en a laissé ce savant et il ressemble encore moins à Hercule.

(') M. Espérandieu, à qui une photographie de cette pierre fut communiquée, reconnaît une grappe de raisin et une tête de pavot.

(2) Bull. de la Soc. Scient. et Litt. du Limbourg, XXIV (1906), p. 360; XXVII (1909), p. 54; RAHIR, Les musées de nos provinces, p. 254. Déjà M. Thys, 1. c., p. 92, fait mention de cette hypothèse, mais dans des termes prudents.

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