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Aut balneator, falsarius aut oculista.

Hic dum lucra quærit, virtus in arte perit.

Conditiones necessaria medico.

Clemens accedat medicus cum veste polita;
Luceat in digitis splendida gemma suis.
Si fieri valeat, quadrupes sibi sit pretiosus;
Ejus et ornatus splendidus atque decens;
Ornatu nitido conabere carior esse.

Splendidus ornatus plurima dona dabit.
Viliter inductus munus sibi vile parabit,
Nam pauper medicus vilia dona capit.
Epilogus.

tua decreti majestas vilet, et omni Privatur splendore suo, si publica fiat.

De marchand de savon, ou d'aveugle oculiste,
De baigneur imbécile, ou d'absurde alchimiste,
Pas d'hérétique impur qui ne se targue, enfin,
Du beau titre, du nom sacré de médecin.
Médecin médecin! On le crie et proclame
Pour escroquer l'argent par un abus infâme.
Trafic lâche, odieux! La bonne foi périt,
Le dévoûment succombe et l'art s'abâtardit.

Tenue du médecin.

Vêtu d'habits décents, affable et plein de zèle,
Le médecin s'empresse à la voix qui l'appelle.
D'un rubis l'étincelle à son doigt brillera,
Sur un coursier superbe en visite il ira.

Ce splendide attirail rehausse son mérite;

Sur l'esprit du malade il réussit plus vite,

Reçoit cadeaux sans nombre: un mince accoutrement
Lui vaudrait profit mince et sec remercîment.

Épilogue.

Gardez surtout, gardez qu'un profane vulgaire

De votre art respecté ne perce le mystère :

Nam res vulgatæ semper fastidia gignunt;
Ex re vulgata contemptus, nausea surgit,
Nam majestatem minuit qui mystica vulgat;
Nec decreta manent, quorum sit conscia turba.
Exsul sit medicus physicus secreta revelans.
Jam Deus omnipotens, medicus summus medicorum,
Digne felicitet opus istud semper in ævum,
Ipsum confirmet quod nec Jovis ira nec ignis,
Nec ferrum, nec ætas poterit abolere vetusta.
Istud complentem benedic, Deus, et facientem,
Cui sit laus et honor, benedictio, gloria semper.

A men.

Son éclat dévoilé perdrait sa dignité.
D'un mystère connu décroît la majesté ;
Le frivole dédain suit cette confidence,
Et la foule bientôt refuse obéissance

A des lois dont le maître a trahi les secrets.

Pour qu'ils soient observés, cachez donc vos décrets.
Honte au révélateur et qu'il soit anathème!

Et toi, Dieu tout-puissant, Dieu, médecin suprême,
Jette sur cet ouvrage un regard de bonté
Qui le garde vivant pour l'immortalité.
Veille de Jupiter il brave la colère,

Il ne craint pas le fer, la torche incendiaire;
Le temps même, le temps ne peut rien contre lui,
Si ton bras éternel lui prête son appui.
Protége aussi, grand Dieu, l'auteur de cet ouvrage.
A toi louange, honneur et gloire dans tout âge.

Ainsi soit-il.

V.

EXTRAITS

DE LA CORRESPONDANCE DE LA PRINCESSE PALATINE

SUR LA MÉDECINE ET LES MÉDECINS AU TEMPS DE LOUIS XIV.

Voyez page 206.

Voici quelques curieux détails fournis par la Princesse Palatine, sur la maladie et la mort du petit Dauphin et du duc de Berry:

« Je ne doute pas que vous ne soyez vous-même épouvantée en apprenant comment le malheur continue à nous frapper ici. Les docteurs ont commis encore une fois la même faute qu'avec madame la Dauphine; car le petit Dauphin étant tout rouge de la rougeole et en transpiration, ils l'ont saigné, lui ont ensuite donné de l'émétique et le pauvre enfant en est mort pendant l'opération. Voici qui prouve bien que ce sont les docteurs qui l'ont tué son petit frère a précisément la même maladie, les neuf docteurs étant occupés avec l'aîné, la bonne du plus jeune s'est enfermée avec son prince et lui a donné un peu de vin et de biscuit. Hier comme l'enfant avait fort la fièvre, les docteurs ont voulu aussi le saigner; mais M. de Ventadour et la sous-gouvernante du prince, madame de Villefort, s'y sont énergiquement opposés; ils n'ont absolument pas voulu le permettre, et se sont contentés de tenir l'enfant bien chaudement. Celui-ci, grâce à Dieu, est sauvé à la honte des docteurs, mais il serait certainement mort si on les eût laissés faire (Lettres de la Princesse Palat., mars 1712). - « Les docteurs, ajoute plus loin la princesse (mars 1712), reconnaissent bien que M. le Dauphin et madame la Dauphine ont été mal traités, puisqu'ils avouent n'avoir pas connu la maladie. >>

« Nous avons ici notre duc de Berry dangereusement malade. Dans la nuit de dimanche au lundi matin à quatre heures, il eut un accès de fièvre avec frissons;

il cacha la chose, se leva, s'habilla et ne voulut aller trouver le médecin du roi, mais le frisson l'ayant pris de nouveau, il ne put' plus le cacher, et comme il avait un violent mal de tête il dut se mettre au lit. La fièvre a toujours été en augmentant accompagnée de forts vomissements. D'abord il rendit une matière toute verte, et ensuite noire comme du charbon. Mais hier en examinant les matières noires, on aperçut que c'était du sang caillé. Il en rendait par le haut et par le bas. Les docteurs étaient trèscontents (!) et ils croyaient M. le duc de Berry hors de danger, parce qu'ils espéraient arrêter le sang. Nous allâmes tous à Versailles pour nous réjouir avec madame de Berry de ce que son mari était hors de danger; mais cette nuit il lui a pris un vomissement si affreux qu'il ne peut plus rien garder dans le corps, il est donc très-dangereusement malade bien qu'il n'ait presque plus de fièvre et que les redoublements aient cessé. On vient à l'instant même de le saigner pour la cinquième fois; je suis persuadée que la forte dose d'émétique qu'on lui a donnée est cause de son mal; car on lui en a fait prendre neuf grains; cela peut bien avoir rompu une veine. D'autres disent qu'il y a huit jours, étant à la chasse, il a voulu faire un effort pour retenir son cheval qui avait fortement butté, et qu'il s'est rompu une veine, qu'il s'est aussitôt trouvé mal, mais qu'il a caché cet accident. Vendredi il a eu la diarrhée (lisez flux de sang), il était abattu et sans appétit; dimanche soir il a commencé à vomir. Je sors de sa chambre à l'instant; on vient de le saigner pour la huitième fois; il est affreusement défait ; il a mangé une pleine assiette de gelée que, sauf votre respect, il n'a pas rendue. Il a très-peu de fièvre, mais tout ce sang caillé me fait trembler, et je crains bien que cela ne tourne mal. Ce serait affreux! Dieu veuille nous assister, car nous en avons grand besoin !

« Je ne prévoyais, hélas ! que trop juste lorsque je vous

1. Je crois que ces autres ont raison contre la supposition peu charitable de la princesse.

disais jeudi dernier que M. le duc de Berry n'en reviendrait pas. Le malheureux prince a expiré en effet vendredi dernier à quatre heures du matin. Il parlait encore trois quarts d'heure avant d'expirer; et il est mort avec une grande fermeté. Il a seulement regretté d'être lui-même la cause de sa mort, et s'est plaint de ne pouvoir pas même voir sa femme avant de mourir (Lettres des 3 et 6 mai 1713). »

<«< Un peu avant sa mort, le pauvre duc de Berry a avoué que c'était lui-même qui en était cause, car le jeudi précédent, c'est-à-dire huit jours auparavant, il chassait au bois dont une petite pluie avait rendu le terrain humide, son cheval glissa des pieds de devant. Il le retint avec force, et le cheval se releva si brusquement que le pommeau de la selle atteignit le duc de Berry entre la poitrine et l'estomac. Il ressentit sur le coup une violente douleur, mais il ne dit rien. Le même soir il fit du sang et défendit à son valet de chambre d'en parler. Il pensait avoir la dyssenterie et ne voulut rien en dire de peur qu'on ne lui fît avaler un tas de remèdes. Il espérait que cela se passerait tout seul. Vendredi il commença à se sentir mal à l'aise, mais il dit que ce n'était qu'un peu de diarrhée, et le samedi il alla à la chasse.

« Ce même jour, un paysan, qui avait vu le coup que le prince avait reçu, demanda à un des gens du roi : Comment se porte M. le duc de Berry? Fort bien, lui répondit l'autre, car il court le loup aujourd'hui. Si cela est qu'il

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se porte bien, dit le paysan, il faut que les princes aient les os plus durs que nous aultres paissants, car je luy vis recevoir un coup jeudy à la chasse en relevant son cheval dont trois paissants en seroient crevés. »

«S'il eût dit un seul mot de cela on ne lui aurait pas donné d'émétique; mais il sait lui-même qu'il rend du sang caillé et il prend de l'émétique. Cela prouve bien que quand un malheur doit arriver, tout y concourt. Sa maladie avait toute l'apparence d'une fièvre vénéneuse : saignement du nez, somnolence, vomissements accompagnés d'une fièvre épouvantable qui l'a pris lundi à quatre heures du

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