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DEUXIÈME HOMME.

Voici un ducat. Jouons à croix ou pile à qui de nous deux aura l'homme.

PREMIER HOMME.

C'est dit.

DEUXIÈME HOMME.

Ma foi, si je perds, je dirai tout bonnement au due que j'ai trouvé l'oiseau déniché. Cela m'est bien égal, les affaires du duc.

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L'homme sera pendu. Prends-le. Adieu.

DEUXIÈME HOMME.

Bonsoir.

L'autre une fois disparu, il ouvre la porte basse sous le balcon, y entre, et revient un moment après accompagné de quatre sbires avec lesquels il va frapper à la porte de la maison où est entré Gennaro. La toile tombe.

ACTE DEUXIÈME

LE COUPLE

en Italie.

PREMIÈRE PARTIE

The sale du palais ducal de Ferrare. Tentures de cuir de Hongrie frappées d'arabesques d'or. Ameublement magnifique dans le goût de la fin du quinzième siècle - Le fauteuil ducal en velours rouge, brodé aux armes de la maison ₫ Este. A côté, une table couverte de velours rouge. Au fond, une grande porte. A droite, une petite porte. A gauche, une autre petite porte masquée. -Derrière la petite porte masquée, on voit, dans un compartiment ménagé sur le théâtre, la na ssance d'un escalier en spirale qui s'enfonce sous le plancher et qui est éclairé par une longue et étroite fenêtre grillée.

SCENE PREMIÈRE.

cou

DON ALPHONSE D'ESTE, en magnifique costume à ses leurs, RUSTIGHELLO, vêtu des mêmes couleurs, mais d'étoffes

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RUSTIGHELLO.

Monseigneur le due, voilà vos premiers ordres exécutés. J'en attends d'autres.

DON ALPHONSE.

Prends cette clef. Va à la galerie de Numa. Compte

tous les panneaux de la boiserie à partir de la grande figure peinte qui est près de la porte, et qui représente Hercule, fils de Jupiter, un de mes ancêtres. Arrivé au vingt-troisième panneau, tu verras une petite ouverture cachée dans la gueule d'une guivre dorée, qui est une guivre de Milan. C'est Ludovic le Maure qui a fait faire ce panneau. Introduis la clef dans cette ouverture. Le panneau tournera sur ses gonds comme une porte. Dans l'armoire secrète qu'il recouvre, tu verras sur un plateau de cristal un flacon d'or et un flacon d'argent avec deux coupes en émail. Dans le flacon d'argent il y a de l'eau pure. Dans le flacon d'or il y a du vin préparé. Tu apporteras le plateau, sans y rien déranger, dans le cabinet voisin de cette chambre, Rustighello, et si tu as jamais entendu des gens, dont les dents claquaient de terreur, parler de ce fameux poison des Borgia qui, en poudre, est blanc et scintillant comme de la poussière de marbre de Carrare, et qui, mêlé au vin, change du vin de Romorantin en vin de Syracuse, tu te garderas de toucher au flacon d'or.

RUSTIGHELLO.

Est-ce là tout, monseigneur?

DON ALPHONSE.

Non. Tu prendras ta meilleure épée, et tu te tiendras dans le cabinet, debout, derrière la porte, de manière à entendre tout ce qui se passera ici, et à pouvoir entrer au premier signal que je te donnerat

avec cette clochette d'argent, dont tu connais le son.

Il montre une clochette sur la table.

- Si j'appelle simplement :- Rustighello! tu entreras avec le plateau. Si je secoue la clochette, tu entreras avec l'épée.

RUSTIGHELLO.

Il suffit, monseigneur.

DON ALPHONSE.

Tu tiendras ton épée nue à la main, afin de n'avoir pas la peine de la tirer.

ser.

Bien.

RUSTIGHELLO.

DON ALPHONSE.

Rustighello, prends deux épées. Une peut se bri

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UN HUISSIER, entrant par la porte du fond.

Notre dame la duchesse demande à parler à notre seigneur le duc.

DON ALPHONSE.

Faites entrer ma dame.

SCÈNE II.

DON ALPHONSE, DONA LUCREZIA.

DONA LUCREZIA, entrant avec impétuosité.

Monsieur, monsieur, ceci est indigne, ceci est odieux, ceci est infâme. Quelqu'un de votre peuple,

-savez-vous cela, don Alphonse?

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vient de mutiler

le nom de votre femme gravé au-dessus de mes armoiries de famille sur la façade de votre propre palais. La chose s'est faite en plein jour, publiquement, par qui? je l'ignore, mais c'est bien injurieux et bien téméraire. On a fait de mon nom un écriteau d'ignominie, et votre populace de Ferrare, qui est bien la plus infâme populace de l'Italie, monseigneur, est là qui ricane autour de mon blason comme autour d'un pilori. Est-ce que vous vous imaginez, don Alphonse, que je m'accommode de cela, et que je n'aimerais pas mieux mourir en une fois d'un coup de poignard qu'en mille fois de la piqûre envenimée du sarcasme et du quolibet? Pardieu, monsieur, on me traite étrangement dans votre seigneurie de Ferrare! Ceci commence à me lasser, et je vous trouve l'air trop gracieux et trop tranquille pendant qu'on traîne dans le ruisseau de votre ville la renommée de votre femme, déchiquetée à belles dents par l'injure et la calomnie. Il me faut une réparation éclatante de ceci, je vous en préviens, monsieur le duc. Préparez-vous à faire justice. C'est un événement sérieux qui arrive là, voyez-vous! Est-ce que vous croyez par hasard que je ne tiens à l'estime de personne au monde, et que mon mari peut se dispenser d'être mon chevalier? Non, non, monseigneur, qui épouse protége. Qui donne la main donne le bras. J'y compte. Tous les jours, ce sont de nouvelles injures, et jamais je ne vous vois ému. Est-ce que cette boue dont on me couvre ne vous éclabousse pas, don Alphonse? Allons,

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