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et reçut des belles mains de Lucrèce Borgia un soidisant contre-poison qui, en deux heures, délivra de lui son frère Bajazet.

JEPPO.

Il paraît que ce brave turc n'entendait rien à la politique.

MAFFIO.

Oui, les Borgia ont des poisons qui tuent en un jour, en un an, à leur gré. Ce sont d'infâmes poisons qui rendent le vin meilleur, et font vider le flacon avec plus de plaisir. Vous vous croyez ivre, vous êtes mort. Ou bien un homme tombe tout à coup en langueur, sa peau se ride, ses yeux se cavent, ses cheveux blanchissent, ses dents se brisent comme verre sur le pain; il ne marche plus, il se traîne; il ne respire plus, il râle; il ne rit plus, il ne dort plus, il grelotte au soleil en plein midi; jeune homme, il a l'air d'un vieillard; il agonise ainsi quelque temps, enfin il meurt. Il meurt; et alors on se souvient qu'il y a six mois ou un an il a bu un verre de vin de Chypre chez un Borgia.

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Se retournant.

Tenez, messeigneurs, voilà justement Montefeltro, que vous connaissez peut-être, qui est de cette ville, et à qui la chose arrive en ce moment. -11 passe là au fond de la place. Regardez-le.

On voit passer au fond du théâtre un homme à cheveux blancs, maigre, chancelants boitant, appuyé sur un bâton, et enveloppé d'un manteau.

Pauvre Montefeltro!

ASCANIO.

DON APOSTOLO.

Quel âge a-t-il?

MAFFIO.

Mon age. Vingt-neuf ans.

OLOFERNO.

Je l'ai vu l'an passé rose et frais comme vous.

MAFFIO.

Il y a trois mois, il a soupé chez notre saint-père le pape, dans sa vigne du Belvédère!

C'est horrible!

ASCANIO.

MAFFIO.

Oh! l'on conte des choses bien étranges de ces soupers des Borgia!

ASCANIO.

Ce sont des débauches effrénées, assaisonnées d'empoisonnements.

MAFFIO.

Voyez, messeigneurs, comme cette place est déserte autour de nous. Le peuple ne s'aventure pas si près que nous du palais ducal. Il a peur que les poisons qui s'y élaborent jour et nuit ne transpirent à travers les murs.

ASCANIO.

Messieurs, à tout prendre, les ambassadeurs ont eu hier leur audience du duc. Notre office est à peu

DRAME. - III.

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pres in. La suite de Tintassa de se compose de cinquan? ravniers. Mare Hisparition ne s'apercevrait guere iuus le nombre. Et je crois que nous ferions sigonon le tuiter Farrare.

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losseurs i ser temps ieman. Je suis invité à super le soir ez a princesse Negroni. lont je suis on parlament amoureux, et je ne voudrais pas ur le fur levit la plus jože Semne de Fer

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Tu es invité à souper ce soir chez la princesse Ne

ՀՆԱՐ

JEPPO.

Qui.

OLOFERNO

Et moi aussi.

ASCANIO.

Et moi aussi.

DON APOSTOLO.

Et moi aussi.

MAFFIO.

Et moi aussi.

GUBETTA, sortant de l'ombre du pilier.

Et moi aussi, messieurs.

ЈЕРРО.

Tiens, voilà monsieur de Belverana. Eh bien! nous

irons tous ensemble. Ce sera une joyeuse soirée. Bonjour, monsieur de Belverana.

GUBETTA.

Que Dieu vous garde longues années, seigneur Jeppo!

MAFFIO, bas, à Jeppo.

Vous allez encore me trouver bien timide, Jeppo. Eh bien, si vous m'en croyiez, nous n'irions pas à ce souper. Le palais Negroni touche au palais ducal, et je n'ai pas grande croyance aux airs aimables de ce seigneur Belverana.

JEPPO, bas.

Vous êtes fou, Maffio. La Negroni est une femme charmante, je vous dis que j'en suis amoureux, et le Belverana est un brave homme. Je me suis enquis de lui et des siens. Mon père était avec son père au siége de Grenade, en quatorze cent quatre vingt et

tant.

MAFFIO.

Cela ne prouve pas que celui-ci soit le fils du père avec qui était votre père.

ЈЕРРО.

Vous êtes libre de ne pas venir souper, Maffio.

MAFFIO.

J'irai si vous y allez, Jeppo.

JEPPO.

Vive Jupiter, alors! — Et toi, Gennaro, est-ce que

tu n'es pas des nôtres ce soir?

ASCANIO.

Est-ce que la Negroni ne t'a pas invité?

GENNARO.

Non. La princesse m'aura trouvé trop médiocre gentilhomme.

MAFFIO, souriant.

Alors, mon frère, tu iras de ton côté à quelque rendez-vous d'amour, n'est-ce pas?

JEPPO.

A propos, conte-nous donc un peu ce que te disait madame Lucrèce l'autre soir. Il paraît qu'elle est folle de toi. Elle a dû t'en dire long. La liberté du bal était une bonne fortune pour elle. Les femmes ne déguisent leur personne que pour déshabiller plus hardiment leur âme. Visage masqué, cœur à nu.

Depuis quelques instants dona Lucrezia est sur le balcon

dont elle a entr'ouvert la jalousie. Elle écoute.

MAFFIO.

Ah! tu es venu te loger précisément en face de son balcon. Gennaro! Gennaro!

DON APOSTOLO.

Ce qui n'est pas sans danger, mon camarade; car on dit ce digne duc de Ferrare fort jaloux de madame sa femme.

OLOFERNO.

Allons, Gennaro, dis-nous où tu en es de ton amourette avec la Lucrèce Borgia.

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