Billeder på siden
PDF
ePub

LA TISBE.

C'est un manteau que l'homme m'a prêté pour entrer dans le palais. J'avais aussi le chapeau, je ne sais plus ce que j'en ai fait.

ANGELO.

Penser que de pareils hommes entrent comme ils veulent chez moi! Quelle vie que la mienne! J'ai toujours un pan de ma robe pris dans quelque piége. Et dites-moi, Tisbe...

LA TISBE.

Ah! remettez à demain les autres questions, monseigneur, je vous prie. Pour cette nuit on vous sauve la vie, vous devez être content. Vous ne nous remerciez seulement pas, madame et moi.

ANGELO.

Pardon, Tisbe.

LA TISBE.

Ma litière est en bas qui m'attend. Me donnerezvous la main jusque-là? Laissons dormir madame à présent.

ANGELO.

Je suis à vos ordres, dona Tisbe. Passons par mon appartement, s'il vous plaît, que je prenne mon épée.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

LA TISBE.

Elle prend Catarina à part sur le devant du théâtre.

Faites-le évader tout de suite. Par où je suis

venue. Voici la clef.

Se tournant vers l'oratoire

Oh! cette porte! Oh! que je souffre! Ne pas même savoir réellement si c'est lui!

ANGELO, qui revient.

Je vous attends, madame.

LA TISBE, à part.

Oh! si je pouvais seulement le voir passer! Aucun moyen! Il faut s'en aller! Oh!...

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

TROISIÈME JOURNÉE

LE BLANC POUR LE NOIR

PREMIÈRE PARTIE

L'intérieur d'une masure. Quelques meubles grossiers. Un panier de jonc à demi tressé dans un coin. Au fond, une porte. Dans l'angle à gauche, une fenêtre à demi fermée par un volet vermoulu. Du même côté, une espèce de longue fenêtre tout à fait fermée. Du côté opposé, une porte, une cheminée haute qui occupe l'angle à droite. A côté de la longue ouverture fermée, des cordes, des claies dressées contre le mur, un tas de grosses pierres.

SCENE PREMIÈRE.

HOMODEI, ORDELAFO.

ORDELAFO.

Vois-tu, Homodei, c'est par cette fenêtre.

Il lui montre la longue ouverture fermée.

La rivière coule dessous. Toufes les fois que le podesta ou la sérénissime seigneurie veulent se défaire

de quelqu'un, on apporte ici le quidam, mort ou vif, on l'attache sur une claie, on met quatre bonnes pierres aux quatre coins, et puis on jette le tout par cette fenêtre. Le fleuve se charge du reste. A Venise vous avez le canal Orfano, à Padoue nous avons la Brenta. Comment! tu ne connaissais pas cette maison-ci?

HOMODEI.

Je suis assez nouveau venu en cette ville. Je ne connais pas encore tous les usages. Au reste cette maison est fort bien située pour ce que je veux faire. Dans un lieu désert, et sur le chemin que la Reginella suivra en retournant au palais.

[blocks in formation]

Deux espèces de dogues à face humaine, qu'on appelle l'un Orfeo, l'autre Gaboardo. Tu vas les voir rentrer tout à l'heure.

HOMODEI.

Que font-ils ici, ces deux hommes?

ORDELAFO.

Les exécutions de nuit, les disparitions de corps morts, tout ce courant d'affaires secrètes qui suit les

eaux de la Brenta.

donc que la chose avait manqué.

Mais reprenons. Tu me disais

Oui.

HOMODEI.

ORDELAFO.

Aussi quelle folie d'aller t'imaginer qu'il suffisait de lâcher une femme là-dedans!.

HOMODEI.

Tu ne sais ce que tu dis. Quand on a une idée qui peut tuer quelqu'un, la meilleure lame qu'on y puisse emmancher, c'est la jalousie d'une femme. Ah! d'ordinaire les femmes se vengent. Je ne comprends pas ce qui a passé par la tête de celle-ci. Qu'on ne me parle plus des comédiennes pour savoir donner un coup de couteau. Toute leur tragédie s'en va sur le théâtre.

ORDELAFO.

A ta place j'aurais été tout bonnement au podesta, et je lui aurais dit : Votre femme....

HOMODEI.

A ma place tu n'aurais pas été tout bonnement au podesta, et tu ne lui aurais pas dit : Votre femme ; car tu sais aussi bien que moi que l'illustrissime conseil des dix nous interdit à tous tant que nous sommes, à moi aussi bien qu'à toi, d'avoir quelque rapport que ce soit avec le podesta, jusqu'au jour où nous sommes chargés de l'arrêter. Tu sais fort bien que je ne peux ni parler au podesta, ni lui écrire, sous peine de la vie, et que je suis surveillé. Qui sait? c'est peut-être toi qui me surveilles!

« ForrigeFortsæt »