Je n'ai plus qu'une idée, sais-tu cela? être vengé de lord Clanbrassil, et mourir. SIMON RENARD. Tu seras vengé de lord Clanbrassil, et tu mourras. GILBERT. Qui que tu sois, merci! SIMON RENARD. Oui, tu auras la vengeance que tu veux. Mais n'oublie pas à quelle condition. Il me faut ta vie. GILBERT. Prends-la. C'est convenu? SIMON RENARD. GILBERT. Oui. SIMON RENARD. Suis-moi. GILBERT. Où ? SIMON RENARD. Tu le sauras. GILBERT. Songe que tu me promets de me venger! SIMON RENARD. Songe que tu me promets de mourir ! DEUXIÈME JOURNÉE LA REINE Une chambre de l'appartement de la reine. Un évangile ouvert sur un prie-Dieu. La couronne royale sur un escabeau. Portes latérales. Une large porte au fond. Une partie du fond masquée par une grande tapisserie de haute lice. SCENE PREMIÈRE. LA REINE, splendidement vêtue, couchée sur un lit de repos; FABIANO FABIANI, assis sur un pliant à côté. Magnifique costume. La jarretière. FABIANI, une guitare à la main, chantant. Quand tu dors, calme et pure, Dans l'ombre sous mes yeux, Ton haleine murmure Des mots harmonieux. Ton beau corps se révèle Sans voile et sans atours... Dormez, ma belle, Quand tu me dis: Je t'aime! Du beau feu des amours... Aimez, ma belle, Vois-tu? toute la vie Tient dans ces quatre mots, Chanter et rire, Dormir, aimer! Il pose la guitare à terre. Oh! je vous aime plus que je ne peux dire, madame! mais ce Simon Renard! ce Simon Renard, plus puissant que vous-même ici, je le hais! LA REINE. Vous savez bien que je n'y puis rien, milord. Il est ici le légat du prince d'Espagne, mon futur mari. Votre futur mari! FABIANI. LA REINE. Allons, milord, ne parlons plus de cela. Je vous aime, que vous faut-il de plus? Et puis, voici qu'il est temps de vous en aller. FABIANI. Marie, encore un instant! LA REINE. Mais c'est l'heure où le conseil étroit va s'assembler. Il n'y a eu ici jusqu'à cette heure que la femme, il faut laisser entrer la reine. FABIANI. Je veux, moi, que la femme fasse attendre la reine à la porte. LA REINE. Vous voulez, vous! vous voulez, vous! Regardez-moi, milord. Tu as une jeune et charmante tête, Fabiano! FABIANI. C'est vous qui êtes belle, madame! Vous n'auriez besoin que de votre beauté pour être toute-puissante. Il y a sur votre tête quelque chose qui dit que vous ètes la reine, mais cela est encore bien mieux écrit sur votre front que sur votre couronne. Tu m'aimes, n'est-ce pas ? Tu n'aimes que moi? Redis-le-moi encore comme cela, avec ces yeux-là. Hélas! nous autres pauvres femmes, nous ne savons jamais au juste ce qui se passe dans le cœur d'un homme. Nous sommes obligées d'en croire vos yeux, et les plus |