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et nuisible, si elle n'est intérieurement animée par l'esprit d'amour et de religion. Rendez ce langage clair et sensible faites voir que Dieu veut être honoré du cœur et non des levres; que les cérémonies servent à exprimer notre religion et à l'exciter, mais què les cérémonies ne sont pas la religion même; qu'elle est toute au-dedans, puisque Dieu cherche des adorateurs en esprit et en vérité; qu'il s'agit de l'aimer intérieurement, et de nous regarder comme s'il n'y avoit dans toute la nature que lui et nous; qu'il n'a pas besoin de nos paroles, de nos postures, ni même de notre argent; que ce qu'il veut, c'est nousmêmes; qu'on ne doit pas seulement exécuter ce que la loi ordonne, mais encore l'exécuter pour en tirer le fruit que la loi a eu en vue quand elle l'a ordonné; qu'ainsi ce n'est rien d'entendre la messe, si on ne l'entend afin de s'unir à Jésus-Christ sacrifié pour nous, et de s'édifier de tout ce qui nous représente son immolation. Finissez en disant que tous ceux qui crieront, Seigneur! Seigneur! n'entreront pas au royaume du ciel; que si on n'entre dans les vrais sentiments d'amour de Dieu, de renoncement aux biens temporels, de mépris de soi-même, et d'horreur pour le monde, on fait du christianisme un fantôme trompeur pour soi et pour les autres.

Passez aux sacrements: je suppose que vous en

avez déja expliqué toutes les cérémonies à mesure qu'elles se sont faites en présence de l'enfant, comme nous l'avons dit. C'est ce qui en fera mieux sentir l'esprit et la fin : par-là vous ferez entendre combien il est grand d'être chrétien, combien il est honteux et funeste de l'être comme on l'est dans le monde. Rappellez souvent les exorcismes et les promesses du baptême, pour montrer que les exemples et les maximes du monde, bien loin d'avoir quelque autorité sur nous, doivent nous rendre suspect tout ce qui nous vient d'une source si odieuse et si empoisonnée: ne craignez pas même de représenter, comme saint Paul, le démon régnant dans le monde, et agitant les cœurs des hommes par toutes les passions violentes qui leur font chercher les richesses, la gloire et les plaisirs. C'est cette pompe, direz-vous, qui est encore plus celle du démon que du monde ; c'est ce spectacle de vanité auquel un chrétien ñe doit ouvrir ni son cœur ni ses yeux. Le premier pas qu'on fait par le baptême dans le christianisme est un renoncement à toute la pompe mondaine : rappeller le monde malgré des promesses si solemnelles faites à Dieu, c'est tomber dans une espece d'apostasie, comme un religieux qui, malgré ses vœux, quitteroit son cloître et son habit de pénitence pour rentrer dans le siecle.

TOME III.

N

Ajoutez combien nous devons fouler aux pieds les mépris mal fondés, les railleries impies et les violences même du monde, puisque la confirmation nous rend soldats de Jésus-Christ pour combattre cet ennemi. L'évêque, direz-vous, vous a frappé pour vous endurcir contre les coups les plus violents de la persécution; il a fait sur vous une onction sacrée, afin de représenter les anciens, qui s'oignoient d'huile pour rendre leurs membres plus souples et plus vigoureux quand ils alloient au combat; enfin il a fait sur vous le signe de la croix pour vous montrer que vous devez être crucifié avec Jésus-Christ. Nous ne sommes plus, continuerez-vous, dans le temps des persécutions, où l'on faisoit mourir ceux qui ne vouloient pas renoncer à l'évangile : mais le monde, qui ne peut cesser d'être monde, c'est-à-dire corrompu, fait toujours une persécution indirecte à la piété ; il lui tend des pieges pour la faire tomber, il la décrie, il s'en moque ; et il en rend la pratique si difficile dans la plupart des conditions, qu'au milieu même des nations chrétiennes, et où l'autorité souveraine appuie le christianisme, on est en danger de rougir du nom de Jésus-Christ et de l'imitation de sa vie.

Représentez fortement le bonheur que nous avons d'être incorporés à Jésus-Christ par l'eucharistie,

Dans le baptême, il nous fait ses freres; dans l'eucharistie, il nous fait ses membres. Comme par l'incarnation il s'étoit donné à la nature humaine en général, par l'eucharistie, qui est une suite si naturelle. de l'incarnation, il se donne à chaque fidele en particulier. Tout est réel dans la suite de ses mysteres; Jésus-Christ donne sa chair aussi réellement qu'il l'a prise mais c'est se rendre coupable du corps et du sang du Seigneur, c'est boire et manger son jugement, que de manger la chair vivifiante de Jésus-Christ sans vivré de son esprit. Celui, dit-il lui-même, qui me mange, doit vivre pour moi.

Mais quel malheur, direz-vous encore, d'avoir besoin du sacrement de la pénitence, qui suppose qu'on a péché depuis qu'on a été fait enfant de Dieu! Quoique cette puissance toute céleste qui s'exerce sur la terre, et que Dieu a mise dans les mains des prêtres pour lier et pour délier les pécheurs selon leurs besoins, soit une si grande source de miséricordes, il faut trembler dans la crainte d'abuser des dons de Dieu et de sa patience. Pour le corps de Jésus-Christ, qui est la vie, la force et la consolation des justes, il faut desirer ardemment de pouvoir s'en nourrir tous les jours; mais, pour le remede des ames malades, il faut souhaiter de parvenir à une santé si parfaite, qu'on en diminue tous les jours le besoin. Le besoin, quoi qu'on

fasse, ne sera que trop grand; mais ce seroit bien pis, si on faisoit de toute sa vie un cercle continuel et scandaleux du péché à la pénitence, et de la pénitence au péché. Il n'est donc question de se confesser, que pour se convertir et se corriger; autrement les paroles de l'absolution, quelque puissantes qu'elles soient par l'institution de Jésus-Christ, ne seroient par notre indisposition que des paroles, mais des paroles funestes qui seroient notre condamnation devant Dieu. Une confession sans changement intérieur, bien loin de décharger une conscience du fardeau de ses péchés, ne fait qu'ajouter aux autres péchés celui d'un monstrueux sacrilege.

Faites lire aux enfants que vous élevez, les prieres des agonisants, qui sont admirables; montrez-leur ce que l'église fait et ce qu'elle dit en donnant l'ex; trême onction aux mourants : quelle consolation pour eux de recevoir encore un renouvellement de l'onction sacrée pour ce dernier combat! Mais pour se rendre digne des graces de la mort, il faut être fidele à celles de la vie.

Admirez les richesses de la grace de Jésus-Christ,; qui n'a pas dédaigné d'appliquer le remede à la source du mal en sanctifiant la source de notre naissance, qui est le mariage. Qu'il étoit convenable de faire un sacrement de cette union de l'homme et de la femme, qui

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