tout ce que tu fis, en des temps plus anciens, et en d'autres domaines de l'imagination et de la poésie, pour perpétuer, dans notre cher pays, le culte des Muses. Noble préoccupation, trop rare de nos jours; tu as voulu finir ta vie comme tu l'avais commencée, au sein des lettres anciennes. « Hæc studia, ado« lescentiam alunt, senectutem oblectant. » Dans la première réunion de la Société académique du Var, qui suivit le décès de M. Thouron, il fut décidé, par un vote spontané, que la biographie de notre regretté président honoraire serait publiée en tête du plus prochain Bulletin de l'Académie. Mes collègues m'ont fait l'honneur de me charger de la rédaction de cette nécrologie; ils auraient pu la confier à une plume plus éloquente; mais j'ai dû m'incliner devant leur décision; ne voulant pas d'ailleurs, quelle que fut mon insuffisance, me dérober à l'accomplissement d'une tâche qui me permettait de vivre pendant quelques heures encore dans le souvenir d'un homme aimable et bon, qui fut indulgent et rempli de bienveillance pour mes débuts dans la carrière littéraire. CHAPITRE X LE GOUVERNEMENT DU DUC D'ÉPERNON 1592-1593 1592 Les Gascons demandent le duc d'Epernon pour gouverneur. de Mesplez auprès du roi. — Hésitations de Henri IV. Mission La guerre Lesdiguières entre en Provence. Les ligueurs tentent inutilement d'obtenir une trêve. Lesdiguières soumet toute la basse Provence. - guerre des ligueurs. - Opérations de La journée des brûlés. Le duc de Savoie passe le Var et s'empare d'Antibes. — Arrivée du duc d'Epernon en Provence. Prise de Montauroux. La comtesse de Sault chassée de Marseille entre dans le parti du roi. - Le duc d'Epernon reprend Antibes. Tentatives de paix entre les partis. Conférences de Saint-Maximin. des citadelles. - - Le duc d'Epernon fortifie les places et fait élever Premiers symptômes de révolte contre lui. Reprise des hostilités. listes prennent Loriol. Les partis courent aux armes. Les roya Leur entreprise malheureuse contre Mar secours au roi d'Espagne et au pape. Le lendemain de la mort du duc de La Valette, les Gascons s'étaient assemblés et avaient député Mesplez auprès du roi, pour lui faire connaître leur ardent désir de voir le gouvernement de la province revenir aux mains du duc d'Epernon. Leurs propos n'étaient rien moins que rassurants pour les Provençaux ils disaient hautement qu'ils n'avaient jamais obéi qu'au duc de La Valette, et que si on ne leur donnait pas son frère pour les commander, « ils prendroient tel parti que le << droit des armes et la fortune de la guerre leur feroient « trouver bon ». Les gentilshommes provençaux conservaient un pénible souvenir du passage du duc d'Epernon aux affaires; néanmoins, les relations secrètes que beaucoup d'officiers gascons avaient eues récemment avec Carcès, des paroles imprudentes échappées à quelques-uns, et la connaissance parfaite de l'esprit des soldats, pour lesquels le meilleur parti politique était celui qui offrait le plus de chances de pillage, firent craindre à un certain nombre d'entre eux que l'armée gasconne ne se jetât dans le parti de la Ligue ou du duc de Savoie. Pour ne pas compromettre les armes du roi par des divisions intestines, ils consentirent à signer la requête au roi. Mais, le 17 février, le marquis de Solliès les réunit au village de Cuers, près Toulon, et leur ayant reproché amèrement la faiblesse qu'ils venaient de montrer, il fit désigner le baron de Tourvès pour aller représenter au roi que Mesplez était envoyé par les Gascons seuls, et que la noblesse de Provence, loin de demander le duc d'Epernon, s'en remettait entièrement à sa sagesse du soin de leur choisir un gouverneur. Pour des motifs qu'on ignore, de Tourvès ne partit pas (1); mais le roi fut instruit de la résolution prise dans cette assemblée et en garda une vive reconnaissance aux seigneurs provençaux de son parti. (1) Fabrègues, dans ses Mémoires, dit cependant qu'il se rendit auprès de Henri IV, mais qu'il n'arriva qu'après le départ du duc d'Epernon pour la Provence; les autres écrivains contemporains assurent qu'il ne quitta pas la Provence. |