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Sachez que la nuit dernière,

Sur un vieux balai rôti,

Avec certaine sorcière

Pour l'enfer je suis parti.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Ma sorcière est jeune et belle,
Et dans ces lieux inconnus,
Diablotins, par ribambelle,
Viennent baiser ses pieds nus.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Quoi qu'en disent maints bélîtres,

En entrant nous remarquons
Un amas d'écailles d'huîtres,

Et des débris de flacons.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Là, ni chaudières, ni flammes,

Et si grands que soient leurs torts,

a

Aux enfers, nos pauvres ames

Reprennent un peu de corps.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Chez lui le diable est bon homme;

Aussi voyons-nous d'abord

Ixion faisant un somme,

Près de Tantale ivre-mort.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Rien n'est moins épouvantable
Que l'aspect de ce démon:
Sa Majesté tenait table
Entre Épicure et Ninon.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Ses arrêts les plus sévères
Qu'en mourant nous redoutons,
Sont rendus au bruit des verres
Et de huit cents mirlitons.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Aux buveurs à rouge trogne,
Il dit: Trinquons à grands coups!
Vous n'aimiez que le Bourgogne ;
De Champagne enivrez-vous.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

A la prude qui se gêne
Pour lorgner un jouvenceau,
Il dit: Avec Diogène,

Fais l'amour dans un tonneau.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Gens dont nous fuyons les traces,
Il vous dit Plus retenus,

Laissez Cupidon aux Graces;
Contentez-vous de Vénus.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Il dit encor bien des choses
Qui charment les assistans;
Puis, à Ninon, sur des roses,
Il ôte au moins soixante ans.

Tant qu'on le pourra, larirette, On se damnera, larira.

Alors ma sorcière éprouve
Un désir qui l'embellit,

Et soudain je me retrouve,
Dans ses bras et sur mon lit.

Tant qu'on le pourra, larirette,

On se damnera, larira.

Si, d'après ce qu'on rapporte,
On bâille au céleste lieu,
Que le diable nous emporte,
Et nous rendrons grace à Dieu.
Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

Tant qu'on le pourra
L'on trinquera,

Chantera,

Aimera

La fillette.

Tant qu'on le pourra, larirette,
On se damnera, larira.

LE VIEUX CÉLIBATAIRE.

AIR: Contentons-nous d'une simple bouteille.

ALLONS, Babet, il est bientôt dix heures;
Pour un goutteux c'est l'instant du repos.
Depuis un an qu'avec moi tu demeures,
Jamais, je crois, je ne fus si dispos.
A mon coucher ton aimable présence
Pour ton bonheur ne sera pas sans fruit.
Allons, Babet, un peu de complaisance,
Un lait de poule et mon bonnet de nuit.

Petite bonne, agaçante et jolie,

D'un vieux garçon doit être le soutien.
Jadis ton maître a fait mainte folie

Pour des minois moins friands

que le tien.

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