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A ANTOINE ARNAULT,

membre de l'INSTITUT,

LE JOUR DE SA FETE.

(Année 1812.)

Air du Ballet des Pierrots.

Je viens d'Montmartre avec ma bête

Pour fêter ce maître malin,

Et n' crains point qu'au milieu d' la fête,
Un bon mot m' renvoie au moulin.

On dit qu'avec plus d'un génie
Antoin' prend plaisir à cela.

Nous qui n' somm's pas d' l'académie,
Souhaitons-lui d' ces p'tits plaisirs-là.

Il n' s'en tient pas à des saillies;
Dans plus d'un genre il est heureux,
J' sais mêm' qu'il fait des tragédies,

Quand il n'est pas trop paresseux (1).
De la Mer'pomène idolâtre,

Qu'il fass' mourir par-ci, par-là.

Nous qui n'somm's pas d'z héros d' théâtre,
Souhaitons-lui d' ces p'tits plaisirs-là.

On m'assur' qu'il vient d' faire un livre
Où c' qu'y a du bon: je l' crois bien.
C' docteur-là nous enseigne à vivre
Par la bouch' d'un arbre ou d'un chien.
A messieurs les Polichinelles (2),

Il dit vous en voulez, en v❜là.

:

Nous, qui n' tenons pas les ficelles,
Souhaitons-lui d' ces p'tits plaisirs--là.

A la cour il s' moqu'rait, je l' gage,
Mem' de messieurs les chambellans.
De c' pays n'ayant point l' langage,

(1) Je crois inutile de rappeler ici les succès dramatiques de l'auteur de Marius, des Vénitiens, etc.

(2) Polichinelle est le héros d'une des plus jolies fables du recueil de M. Arnault, recueil apprécié par tous les gens de goût, et dont la réputation ne peut qu'aller en augmentant.

Il vant' la paix aux conquérans.

A d' grands seigneurs qui n' sont pas minces
Sans ramper toujours il parla.

Nous, qu'on n'a pas encor fait princes,
Souhaitons-lui d' ces p'tits plaisirs-là

Mais, quoiqu' malin, z'il est bonhomme:
D'mandez à sa fille, à ses fils.

Ah! qu'il soit toujours aimé comme
Il aime ses nombreux amis !

Que l' secret d' son bonheur suprême
Reste à c'te gross' maman que v❜là.
Nous qui sommes d'ceux qu'Antoine aime,
Souhaitons-lui d' ces vrais plaisirs-là.

Nota. On trouvera peut-être que cette chanson,, comme beaucoup d'autres des miennes, était peu digne de voir le jour. En effet, je ne la livre à l'impression que parce qu'elle m'offre l'occasion de payer un tribut d'éloges à l'un de nos littérateurs les plus distingués. Je regrette qu'elle ne soit pas meilleure, et surtout que le ton qui y règne ne m'ait pas permis d'y faire entrer l'expression de ma reconnaissance particulière pour l'homme excellent dont l'amitié me fut si long-temps utile, et me sera toujours précieuse.

TRAITÉ DE POLITIQUE

A L'USAGE DE LISE.

(Mois de mai 1815.)

AIR: Un Magistrat irréprochable.

LISE, qui règnes par

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Du Dieu qui nous rend tous égaux,
Ta beauté, que rien ne surpasse,
Enchaîne un peuple de rivaux.
Mais, si grand que soit ton empire,
Lise, tes amans sont Français:
De tes erreurs permets de rire,
Pour le bonheur de tes sujets.

Combien les belles et les princes
Aiment l'abus d'un grand pouvoir!
Combien d'amans et de provinces
Poussés enfin au désespoir!

Crains que

la révolte ennemie

Dans ton boudoir ne trouve accès;

Lise, abjure la tyrannie,

Pour le bonheur de tes sujets.

Par excès de coquetterie

Femme ressemble aux conquérans,
Qui vont bien loin de leur patrie
Dompter cent peuples différens.
Ce sont de terribles coquettes!
N'imite pas leurs vains projets.
Lise, ne fais plus de conquêtes,
Pour le bonheur de tes sujets.

Grace aux courtisans pleins de zèle,
On approche des potentats
Moins aisément que d'une belle
Dont un jaloux suit tous les pas.
Mais sur ton lit, trône paisible,
Où le plaisir rend ses décrets,
Lise, sois toujours accessible,
Pour le bonheur de tes sujets.

Lise, en vain un roi nous assure Que, s'il règne, il le doit aux cieux,

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