Billeder på siden
PDF
ePub

L'habit brodé.

Mais, j'en crois ceux qui s'y connaissent, Les anciens préjugés renaissent;

On va quitter les pantalons.

Vieux habits! vieux galons!

Les modes et la politique

Ont cent fois rempli ma boutique ;
Combien on doit à leurs travaux
D'habits nouveaux !

Quand de nos déesses civiques
On met en oubli les tuniques,

Aux passans nous les rappelons.
Vieux habits! vieux galons!

Un temps fameux par cent batailles
Mit du galon sur bien des tailles;
De galon même étaient couverts
Les habits verts.

Mais sans le bonheur point de gloire!
Nous seuls, après chaque victoire,
Nous avions ce que nous voulons.
Vieux habits! vieux galons!

Nous trouvons aussi notre compte
Avec tous les gens qui, sans honte,

Savent, dans un retour subit,
Changer d'habit.

Les valets, troupe chamarrée,
Troquant aujourd'hui leur livrée,
Que d'habits bleus nous étalons!
Vieux habits! vieux galons!

Les défenseurs de nos grands-pères,
Sortant de leurs nobles repaires,
Reprennent enfin à leur tour
L'habit de cour.

[ocr errors]

Chez nous retrouvant leurs costumes,
Avec talons rouges et plumes,

Ils vont régner dans les salons.
Vieux habits! vieux galons!

Sans nul égard pour nos scrupules, Si la foule des incrédules

Mi au nombre de ses larcins
• L'habit des saints,

Au nez de plus d'un philosophe
Je vais en revendre l'étoffe :

De piété nous redoublons.

Vieux habits! vieux galons!

Long-temps vantés dans chaque ouvrage,
Des grands, qu'aujourd'hui l'on outrage,
Portent au fond de leurs manoirs
Des habits noirs.

Mais, grace à nous, vont reparaître
Ces manteaux qu'eux-mêmes, peut-être,
Trouvaient bien pesans et bien longs.
Vieux habits! vieux galons!

De m'enrichir j'ai l'assurance:
L'on fêtera toujours en France,
En ville, au théâtre, à la cour,
L'habit du jour.

Gens vêtus d'or et d'écarlate,
Pendant un mois chacun vous flatte;

Puis à vos portes nous allons.

Vieux habits! vieux galons!

LE NOUVEAU DIOGÈNE.

(AVRIL 1815.)

AIR: Bon voyage, cher Dumollet.

DIOGÈNE,

Sous ton manteau,

Libre et content, je ris et bois sans géne.
Diogène,

Sous ton manteau,

Libre et content, je roule mon tonneau.

Dans l'eau, dit-on, tu puisas ta rudesse;
Je n'en bois pas, et, censeur plus joyeux,
En moins d'un mois, pour loger ma sagesse,
J'ai mis à sec un tonneau de vin vieux.

Diogène,

Sous ton manteau,

Libre et content, je ris et bois sans gêne.
Diogène,

Sous ton manteau,

Libre et content, je roule mon tonneau.

Où je suis bien, aisément je séjourne;
Mais comme nous les dieux sont inconstans :
Dans mon tonneau, sur ce globe qui tourne,
Je tourne avec la fortune et le temps.

Diogène,

Sous ton manteau,

Libre et content, je ris et bois sans gêne.
Diogène,

Sous ton manteau,

Libre et content, je roule mon tonneau.

Pour les partis dont cent fois j'osai rire,
Ne pouvant être un utile soutien,
Devant ma tonne on ne viendra pas dire :
Pour qui tiens-tu, toi qui ne tiens à rien?

Diogène,

Sous ton manteau,

Libre et content, je ris et bois sans gêne.

Diogène,

Sous ton manteau,

Libre et content, je roule mon tonneau.

« ForrigeFortsæt »