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LES GOURMANDS.

A MM. LES GASTRONOMES.

AIR : Tout le long de la rivière.

GOURMANDS,

NDS, cessez de nous donner

La carte de votre dîner:

Tant de gens qui sont au régime

Ont droit de vous en faire un crime ! Et d'ailleurs, à chaque repas, D'étouffer ne tremblez-vous pas ? C'est une mort peu digne qu'on l'admire. Ah! pour étouffer, n'étouffons que de rire; N'étouffons, n'étouffons que de rire.

La bouche pleine, osez-vous bien
Chanter l'Amour, qui vit de rien?
A l'aspect de vos barbes grasses,
D'effroi vous voyez fuir les Graces;
Ou, de truffes en vain gonflés,
Près de vos belles vous ronflez.

L'embonpoint même a dû parfois vous nuire. Ah! pour étouffer, n'étouffons que de rire; N'étouffons, n'étouffons que de rire.

Vous n'exaltez, maîtres gloutons,
Que la gloire des marmitons:
Méprisant l'auteur humble et maigre
Qui mouille un pain bis de vin aigre,
Vous ne trouvez le laurier bon

Que pour la sauce et le jambon;
Chez des Français, quel étrange délire!
Ah! pour étouffer, n'étouffons que de rire;
N'étouffons, n'étouffons que de rire.

Pour goûter à point chaque mets,
A table ne causez jamais;
Chassez-en la plaisanterie :
Trop de gens, dans notre patrie,
De ses charmes étaient imbus;

Les bons mots ne sont qu'un abus. Pourtant, messieurs, permettez-nous d'en dire. Ah! pour étouffer, n'étouffons que de rire; N'étouffons, n'étouffons que de rire.

Français, dînons pour le dessert:
L'Amour y vient, Philis le sert;

Le bouchon part, l'esprit pétille;
La décence même y babille,

Et par la gaîté, qui prend feu,
Se laisse coudoyer un peu.
Chantons alors l'Aï qui nous inspire.
Ah! pour étouffer, n'étouffons que de rire;
N'étouffons, n'étouffons que de rire.

MA DERNIÈRE CHANSON, PEUT-ÊTRE.

(FIN DE JANVIER 1814.)

AIR Du Ballet des Pierrots.

Ainsi jadis un grand prophète.

Eh quoi! vous sommeillez encore (de Fanchon ).

Je n'eus jamais d'indifférence

Pour la gloire du nom français.
L'étranger envahit la France,

Et je maudis tous ses succès.
Mais, bien que la douleur honore,
Que servira d'avoir gémi?

Puisqu'ici nous rions encore,

Autant de pris sur l'ennemi!

Quand plus d'un brave aujourd'hui tremble, Moi, poltron, je ne tremble pas.

Heureux que Bacchus nous rassemble

Pour trinquer à ce gai repas!

Amis, c'est le Dieu que j'implore:
Par lui mon cœur est affermi.
Buvons gaîment, buvons encore:
Autant de pris sur l'ennemi!

Mes créanciers sont des corsaires
Contre moi toujours soulevés.
J'allais mettre ordre à mes affaires,
Quand j'appris ce que vous savez.
Gens que l'avarice dévore✔

Pour votre or soudain j'ai frémi.
Prêtez-m'en donc, prêtez encore:
Autant de pris sur l'ennemi!

Je possède jeune maîtresse,
Qui va courir bien des dangers.
Au fond, je crois que la traîtresse
Desire un peu les étrangers.

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