« dresse tous ceux qu'il devoit aimer; mais il étoit « ferme pour corriger ceux qu'il aimoit le plus. II « étoit noble et magnifique selon les mœurs de son « temps, mais sans faste et sans luxe. Sa dépense, qui étoit grande, se faisoit avec tant d'ordre qu'elle « ne l'empêchoit pas de dégager tout son domaine. (C « Soyez héritier de ses vertus avant que de l'être << de sa couronne. Invoquez-le avec confiance dans « vos besoins. Souvenez-vous que son sang coule « dans vos veines, et que l'esprit de foi qui l'a sanc« tifié doit être la vie de votre coeur. Il vous regarde « du haut du ciel, où il prie pour vous, et où il veut « que vous régniez un jour en Dieu avec lui. Unis« sez donc votre cœur au sien. Conserva, fili mi, « praecepta patris tui. » humain en général, Autant affectionné au bonheur du genre qu'à celui de sa propre nation en particulier, et autant ennemi de la violence et de la persécution, qu'ami sincere de la justice et de l'équité, voici les sages et judicieux conseils que notre illustre prélat donna au chevalier de Saint-George, lorsqu'il fut le voir à Cambrai en 1709 ou 10. « SUR toutes choses ne forcez jamais vos sujets à changer leur religion. Nulle puissance humaine « ne peut forcer le retranchement impénétrable de « la liberté du cœur. La force ne peut jamais per suader les hommes: elle ne fait que des hypocrites. Quand les rois se mêlent de religion, au lieu de la protéger ils la mettent en servitude. Accordez à « tous la tolérance civile, non en approuvant tout « comme indifférent, mais en souffrant avec patience « tout ce que Dieu souffre, et en tâchant de rame<< ner les hommes par une douce persuasion. « Considérez attentivement quels sont les avan<< tages que vous pouvez tirer de la forme du gouver<< nement de votre pays, et des égards que vous de« vez avoir pour votre sénat. Ce tribunal ne peut <<< rien sans vous: n'êtes vous pas assez puissant? Vous « ne pouvez rien sans lui: n'êtes-vous pas heureux « d'être libre pour faire tout le bien que vous vou« driez, et d'avoir les mains liées quand vous vou« driez faire du mal? Tout prince sage doit souhai« ter de n'être que l'exécuteur des loix, et d'avoir un << conseil suprême qui modere son autorité. L'auto« rité paternelle est le premier modele des gouverne<< ments: tout bon pere doit agir de concert avec ses << enfants les plus sages et les plus expérimentés. Ces additions ont été faites après coup, et ne se trouvent pas dans le manuscrit original de M. de Cambrai : mais elles sont toutes extraites de ses ouvrages, et ne déparent point cet excellent traité. C'est ce qui nous a déterminés à les placer ici comme elles le sont dans l'édition de Hollande.. TOME III. 3 x3ij* LA SAGESSE HUMAINE, OU LE PORTRAIT D'UN HONNÊTE HOMME. I. RENDEZ au créateur ce que l'on doit lui rendre : II. :' Conformez-vous toujours aux sentiments des autres; III. N'entretenez personne au-delà de sa sphere; Et ne promettez point inconsidérément. IV. Soyez officieux, complaisant, doux, affable, Et pour tous les humains d'un abord favorable. Sans être familier, ayez un air aisé. Ne décidez de rien, sans l'avoir bien pesé. Aimez sans intérêt, pardonnez sans foiblesse. Cultivez avec soin l'amitié d'un chacun. A l'égard des procès, n'en intentez aucun. VI. Ne vous informez point des affaires des autres: VII. En quelque heureux état que vous puissiez paroître, Que ce soit sans excès, et sans vous méconnoître. Compatissez toujours aux disgraces d'autrui, Supportez ses défauts, vivez bien avec lui. VIII. Surmontez les chagrins où l'esprit s'abandonne, IX. Reprenez sans aigreur, louez sans flatterie: : X. Ne reprochez jamais les plaisirs que vous faites, X I. Modérez les transports d'une bile naissante; personne absente. Fuyez l'ingratitude, et vivez sobrement. Jouez pour le plaisir, et perdez noblement. XII. Parlez peu, pensez bien, et n'offensez personne: Montrez-vous en tout temps pour lui de bonne humeur, Et ne vous laissez point surprendre par l'ivresse ; XIV. Au bonheur du prochain ne portez point d'envie; Et vous serez alors l'homme le plus parfait. M. de Cambrai avoit mis ces maximes en vers pour les rendre plus piquantes et plus faciles à retenir : il les faisoit apprendre à tous les enfants de son diocese, et leur inculquoit ainsi de bonne heure les principes d'honnêteté et de vraie politesse que nous recommande et que nous enseigne si bien la religion chrétienne. On aura beau faire et recourir aux philosophes profanes, on ne trouvera nulle part la morale aussi bien développée que dans nos livres divins: ils nous disent tout avec moins d'ostentation, et nous apprennent de plus à pratiquer les leçons sublimes et touchantes qu'ils nous donnent. |