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DU MÊME AUTEUR

LA BATAILLE LITTÉRAIRE

Première série (1875-1878), 3o édition.
Deuxième série (1879-1882), 3o édition.

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PHILIPPE GILLE

Л

LA BATAILLE

LITTÉRAIRE

TROISIÈME SÉRIE

(1883-1886)

PARIS

VICTOR-HAVARD, ÉDITEUR

168, Boulevard Saint-Germain, 168

Droits de traduction et de reproduction réservés.

PQ

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Voici une nouvelle œuvre de cet écrivain plein de charme qui signe Pierre Loti. Le livre est intitulé : Mon frère Yves (C. Lévy, éditeur), et renferme l'histoire très simple d'un matelot breton, tantôt sur terre, tantôt sur mer. C'est un charmant garçon, un brave cœur, un marin exemplaire que cet Yves quand il est à bord, mais dame, quand il est descendu à terre et que, comme disait Eugène Suë, « la Salamandre a reçu sa paye » il boit jusqu'à l'ivresse, et quand il est ivre, c'est tout un autre

HB

homme. De la fable du roman, qui n'en est peut-être pas un, je parlerai peu et là n'est pas l'intérêt du livre; il vit dans ces descriptions merveilleuses par la vérité, la profondeur de l'observation, l'amour de la nature, le charme du récit, de la peinture, l'élévation des idées, qui font de Loti un écrivain de premier ordre. Que de pages seraient à citer comme des chefs-d'œuvre de langue et de sentiment! je ne puis leur faire que de courts emprunts, mais ils suffiront pour donner idée au lecteur de l'esprit dans lequel le livre a été conçu et du talent avec lequel il a été mis en œuvre.

Voici d'abord quelques pages extraites d'une partie consacrée à la mer. C'est le récit d'un gros temps; je ne sais rien de plus saisissant ni de plus terrifiant :

Depuis deux jours, la grande voix sinistre gémissait autour de nous. Le ciel était très noir; il était comme dans ce tableau où le Poussin a voulu peindre le déluge; seulement toutes les nuées remuaient, tourmentées par un vent qui faisait peur.

Et cette grande voix s'enflait toujours, se faisait profonde, incessante; c'était comme une fureur qui s'exaspérait. Nous nous heartions dans notre marche à d'énormes masses d'eau, qui s'enroulaient en volutes à crêtes blanches et qui passaient avec des airs de se poursuivre; elles se ruaient sur nous de toutes leurs forces alors c'étaient des secousses terribles et de grands bruits sourds.

Quelquefois, la Médée se cabrait, leur montait dessus, comme prise, elle aussi, de fureur contre elles. Et puis elle

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