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de nouveau jusque dans ses fondements, ne peut plus ensuite être relevé de ses ruines, malgré les efforts de Julien l'Apostat. Lors de l'invasion arabe, il est remplacé par une mosquée, dite d'Omar, dont la description minutieuse me paraît la partie la plus remarquable de l'ouvrage de M. de Vogüé. Comme ce monument est encore debout avec les inscriptions qui indiquent la date de sa fondation et celle de ses réparations successives, l'auteur a pu l'étudier directement à loisir et non plus, ainsi que le temple de Salomon ou d'Hérode, à travers des renseignements plus ou moins difficiles à saisir et à coordonner entre eux. Aussi ceux qui ont vu la mosquée d'Omar la retrouvent-ils fidèlement reproduite dans la peinture qu'il nous en donne et dans les belles planches qui accompagnent son texte, et ceux qui ne l'ont pas vue en ont une idée fort exacte. La mosquée d'El-Aksa, qui a succédé à l'ancienne basilique de la Présentation bâtie par Justinien, est, à son tour, l'objet d'une étude semblable, mais un peu moins détaillée. Il en est de même des autres sanctuaires musulmans, de moindre importance, qui couvrent çà et là la plate-forme du Haram.

M. de Vogüé joint à son travail un Essai sur la topographie de la Ville sainte. C'est un résumé sommaire de ce qu'il y a de plus important à savoir relativement au tracé véritable des trois anciennes enceintes de Jérusalem. L'auteur s'efforce surtout d'indiquer nettement les limites de la seconde enceinte et de mettre en lumière les fouilles qu'il a lui-même exécutées à l'est de l'église du Saint-Sépulcre. Ces fouilles ont eu pour résultat principal de dégager un beau pan de mur avec une tour et une porte appartenant à cette enceinte, et dont l'emplacement et la direction prouvent d'une manière péremptoire l'authenticité du Calvaire et du tombeau de Jésus-Christ. La position assignée par M. de Vogüé aux anciennes portes de la ville est peut-être plus problématique, du moins pour quelques-unes; mais c'est là une question très-difficile et où les opinions varient beaucoup.

Je termine cette analyse fort succincte de l'ouvrage de M. de Vogüé en disant qu'il est écrit, d'un bout à l'autre, d'un style soutenu, élégant et élevé. Certaines des hypothèses qui y sont émises peuvent sans doute donner prise à la critique, mais la forme sous laquelle elles sont présentées est toujours irréprochable. Le monde artistique et savant attend maintenant avec impatience la première livraison, dont les planches seules ont paru, d'un autre grand ouvrage du même auteur sur l'architecture civile et religieuse en Syrie.

VICTOR GUÉRIN.

Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte, décorateur de vaisseaux, par Léon LAGRANGE. Paris, Didier, 1868. In-8° de x1-450 pages. Prix : 7 fr.

Pierre Puget est un des plus grands artistes de l'école française. Il est peut-être le premier de nos sculpteurs. Semblable aux Titans de la Renaissance, il a pratiqué toutes les formes de l'art tour à tour peintre, sculpteur, architecte, décorateur de vaisseaux. Dans cette dernière branche, abandonnée de nos jours, il a laissé des exemples qu'on n'a point égalés. Puget forme avec Poussin et Lesueur la glorieuse trinité de l'école française. Les uns et les autres ont fondé l'art véritablement national, en ce sens qu'ils ont montré qu'en France la peinture ne pouvait plaire sans pensée, ni la sculpture sans mouvement.

Un écrivain distingué, enlevé récemment par une mort prématurée à la cause des arts, M. Léon Lagrange, a consacré à notre grand statuaire un ouvrage intéressant. La biographie de Puget avait été essayée plusieurs fois. On peut dire aujourd'hui qu'elle est faite définitivement. Il sera désormais difficile de revenir sur ce sujet et de trouver des choses neuves. Les premiers biographes se copiaient les uns les autres et perpétuaient leurs erreurs. M. Lagrange est revenu aux sources, étudiant Puget dans les diverses phases de sa vie, et fouillant les lieux qu'il avait habités. Il a exploité particulièrement la Provence, où Puget était né, et les grandes cités, Marseille, Toulon, que l'artiste a marquées de l'empreinte immortelle de son ciseau. De cette façon M. Lagrange a pu réunir un bon nombre de documents inconnus qui lui ont permis de contrôler les anciennes biographies et d'établir la vérité. Il suit son héros pas à pas et pour aussi dire jour par jour. Écrit dans une langue correcte, conçu dans un sens spiritualiste, son ouvrage est fort précieux et a sa place marquée dans toutes les bibliothèques de livres d'art.

DUBOSC DE PESQUIDOUX.

A memoir of baron Bunsen, extracted from family sources, by his widow, baroness BUNSEN. London, Longmans, 1868. 2 vol. in-8°. — Prix : 52 fr. 40 c.

Parmi les ouvrages nouveaux qui méritent ici une mention spéciale, il importe de signaler les deux volumes consacrés à la biographie de M. Bunsen par sa veuve. La Revue bibliographique a déjà rendu compte du livre intitulé Dieu dans l'histoire, et par conséquent nous savons à quoi nous en tenir sur les opinions religieuses et philosophiques de l'élève favori de Niehbuhr; mais il est intéressant de suivre la

carrière d'un homme qui, à force d'énergie, de travail et de persévérance, s'éleva jusqu'au premier rang, tant dans la diplomatie que dans la science. En lisant cette volumineuse correspondance, on ne peut s'empêcher de regretter que Mme Bunsen n'ait pas fait un choix, au lieu de tout publier. Dans la vie des personnages les plus distingués, il y a certaines choses qui n'offrent aucun intérêt pour la masse des lecteurs, et il nous importe peu, à nous autres gens de la galerie, de savoir par des témoignages mille fois répétés que Bunsen était un homme aimable, généreux, etc., etc. Qu'on nous le dise une fois pour toutes, ou plutôt que l'impression désirée se produise sur nous indirectement, grâce au récit d'une existence consciencieusement remplie. Mais avec le nombre immense de publications nouvelles qui réclament notre attention et qui se pressent sur notre bureau, il nous est impossible de lire à tête reposée ces lettres qui se succèdent sans interruption aucune; nous sautons vingt feuillets pour en trouver la fin. Du reste, il en adviendra probablement pour cet ouvrage ce qui est déjà arrivé pour la correspondance de Wilberforce, de Mrs Hannal More et de Southey; lors de la seconde édition, il y aura un triage, on émondera à droite et à gauche, et, au lieu de deux gros in-octavo, nous nous trouverons avoir un seul volume, contenant tout ce qu'il est nécessaire de savoir. Telle est la première idée que la lecture du livre en question nous a suggérée. En voici une seconde: M. Bunsen peut passer à bon droit pour un des hommes les plus laborieux de son temps. Travailleur infatigable, il menait tout de front, et ne se laissait distraire ni par les complications de la politique, ni par les exigences de la société. Cette faculté de compréhension, toutefois, a de graves inconvénients, et, il faut bien l'avouer, M. Bunsen n'a rien terminé; on ne saurait attacher son nom à quelque théorie bien nette, à quelque proposition clairement définie. Sa grande ambition était de réconcilier, en matière de religion, la foi avec la libre pensée, et de devenir, si l'on peut s'exprimer ainsi, le Luther d'une nouvelle réforme. En cela il se rapprochait singulièrement des tendances actuelles de l'Angleterre, sa seconde patrie, et il abondait dans le sens des Arnold, des Hare, des Gladstone. A ce point de vue, le livre dont nous parlons ici est du plus haut intérêt, et l'historien futur du Christianisme moderne devra en tenir un compte sérieux. Notons aussi une foule de détails fort curieux sur nos illustres contemporains, sur la révolution de 1848, le coup d'État et la guerre de Crimée. M. Bunsen a été mêlé diplomatiquement, comme ambassadeur, à tous ces événements, et s'est trouvé en rapports habituels avec les hommes d'État qui y prirent part; de là nombre d'appréciations, de notices, de jugements, qu'il faut extraire de ces deux volumes et contrôler au moyen d'informations recueillies ailleurs. Gustave MASSON.

MAI 1868.

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Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte, décorateur de vaisseaux, par Léon LAGRANGE. Paris, Didier, 1868. In-8° de x1-450 pages. Prix : 7 fr.

Pierre Puget est un des plus grands artistes de l'école française. Il est peut-être le premier de nos sculpteurs. Semblable aux Titans de la Renaissance, il a pratiqué toutes les formes de l'art tour à tour peintre, sculpteur, architecte, décorateur de vaisseaux. Dans cette dernière branche, abandonnée de nos jours, il a laissé des exemples qu'on n'a point égalés. Puget forme avec Poussin et Lesueur la glorieuse trinité de l'école française. Les uns et les autres ont fondé l'art véritablement national, en ce sens qu'ils ont montré qu'en France la peinture ne pouvait plaire sans pensée, ni la sculpture sans mouvement.

Un écrivain distingué, enlevé récemment par une mort prématurée à la cause des arts, M. Léon Lagrange, a consacré à notre grand statuaire un ouvrage intéressant. La biographie de Puget avait été essayée plusieurs fois. On peut dire aujourd'hui qu'elle est faite définitivement. Il sera désormais difficile de revenir sur ce sujet et de trouver des choses neuves. Les premiers biographes se copiaient les uns les autres et perpétuaient leurs erreurs. M. Lagrange est revenu aux sources, étudiant Puget dans les diverses phases de sa vie, et fouillant les lieux qu'il avait habités. Il a exploité particulièrement la Provence, où Puget était né, et les grandes cités, Marseille, Toulon, que l'artiste a marquées de l'empreinte immortelle de son ciseau. De cette façon M. Lagrange a pu réunir un bon nombre de documents inconnus qui lui ont permis de contrôler les anciennes biographies et d'établir la vérité. Il suit son héros pas à pas et pour aussi dire jour par jour. Écrit dans une langue correcte, conçu dans un sens spiritualiste, son ouvrage est fort précieux et a sa place marquée dans toutes les bibliothèques de livres d'art.

DUBOSC DE PEsquidoux.

A memoir of baron Bunsen, extracted from family sources, by his widow, baroness BUNSEN. London, Longmans, 1868. 2 vol. in-8°. — Prix : 52 fr. 40 c.

Parmi les ouvrages nouveaux qui méritent ici une mention spéciale, il importe de signaler les deux volumes consacrés à la biographie de M. Bunsen par sa veuve. La Revue bibliographique a déjà rendu compte du livre intitulé Dieu dans l'histoire, et par conséquent nous savons à quoi nous en tenir sur les opinions religieuses et philosophiques de l'élève favori de Niehbuhr; mais il est intéressant de suivre la

carrière d'un homme qui, à force d'énergie, de travail et de persévérance, s'éleva jusqu'au premier rang, tant dans la diplomatie que dans la science. En lisant cette volumineuse correspondance, on ne peut s'empêcher de regretter que Mme Bunsen n'ait pas fait un choix, au lieu de tout publier. Dans la vie des personnages les plus distingués, il y a certaines choses qui n'offrent aucun intérêt pour la masse des lecteurs, et il nous importe peu, à nous autres gens de la galerie, de savoir par des témoignages mille fois répétés que Bunsen était un homme aimable, généreux, etc., etc. Qu'on nous le dise une fois pour toutes, ou plutôt que l'impression désirée se produise sur nous indirectement, grâce au récit d'une existence consciencieusement remplie. Mais avec le nombre immense de publications nouvelles qui réclament notre attention et qui se pressent sur notre bureau, il nous est impossible de lire à tête reposée ces lettres qui se succèdent sans interruption aucune; nous sautons vingt feuillets pour en trouver la fin. Du reste, il en adviendra probablement pour cet ouvrage ce qui est déjà arrivé pour la correspondance de Wilberforce, de M's Hannal More et de Southey; lors de la seconde édition, il y aura un triage, on émondera à droite et à gauche, et, au lieu de deux gros in-octavo, nous nous trouverons avoir un seul volume, contenant tout ce qu'il est nécessaire de savoir. Telle est la première idée que la lecture du livre en question nous a suggérée. En voici une seconde : M. Bunsen peut passer à bon droit pour un des hommes les plus laborieux de son temps. Travailleur infatigable, il menait tout de front, et ne se laissait distraire ni par les complications de la politique, ni par les exigences de la société. Cette faculté de compréhension, toutefois, a de graves inconvénients, et, il faut bien l'avouer, M. Bunsen n'a rien terminé; on ne saurait attacher son nom à quelque théorie bien nette, à quelque proposition clairement définie. Sa grande ambition était de réconcilier, en matière de religion, la foi avec la libre pensée, et de devenir, si l'on peut s'exprimer ainsi, le Luther d'une nouvelle réforme. En cela il se rapprochait singulièrement des tendances actuelles de l'Angleterre, sa seconde patrie, et il abondait dans le sens des Arnold, des Hare, des Gladstone. A ce point de vue, le livre dont nous parlons ici est du plus haut intérêt, et l'historien futur du Christianisme moderne devra en tenir un compte sé-rieux. Notons aussi une foule de détails fort curieux sur nos illustres contemporains, sur la révolution de 1848, le coup d'État et la guerre de Crimée. M. Bunsen a été mêlé diplomatiquement, comme ambassadeur, à tous ces événements, et s'est trouvé en rapports habituels avec les hommes d'État qui y prirent part; de là nombre d'appréciations, de notices, de jugements, qu'il faut extraire de ces deux volumes et contrôler au moyen d'informations recueillies ailleurs. Gustave MASSON.

MAI 1868.

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