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indigne d'un grammairien, qui ne doit jamais oublier cet oracle d'Horace.

Si volet usus

Quem penès arbitrium est, et jus et norma loquendi.

Duclos a prétendu qu'il n'étoit pas obligé de se conformer à un usage qui lui paroissoit impertinent, et pour régénérer l'orthographe, il en a fait un chaos; si une pareille anarchie avoit pu s'introduire dans la manière d'écrire les mots, bientôt il eût été impossible de lire l'écriture. Quand il veut rendre raison de cette extravagance, il va de sophisme en sophisme; tantôt il soutient que la nation a droit sur la langue parlée, et les écrivains sur la langue écrite; distinction fausse et captieuse, car l'usage exerce le même empire sur les mots et sur la manière de les écrire : tantôt il se plaint qu'une vaine ostentation d'érudition a gâté l'orthographe : Duclos en effet a toujours affecté d'être plutôt homme du monde qu'homme de lettres; c'étoit le moyen de n'être ni l'un ni l'autre : il croit faire le chevalier français, et se montrer galant envers les dames, en disant que l'orthographe des femmes, que les savans trouvent si ridicule, est plus raisonnable que la leur. Le doucereux grammairien avoit effectivement formé le projet d'apprendre d'un trait de plume l'orthographe à toutes les femmes, en faisant main-basse sur l'étymologie, et en établissant pour principe qu'il falloit écrire comme l'on parle, principe qui feroit éclore autant d'orthographes qu'il y a de gens qui parlent. On est étonné qu'un secrétaire de l'Académie française, qu'un homme payé par l'État, pour veiller à la conservation de la langue, publie de pareilles visions dans un ouvrage sérieux, intitulé : Grammaire générale et raisonnée, quoiqu'on n'y

aperçoive pas une étincelle de raison. Mais pardonnons à Duclos cette folie; ses confrères en ont eu de bien moins pardonnables sur des objets infiniment plus essentiels à notre bonheur que l'orthographe.

G.

X X XIV.

Histoire de P. D'AUBUSSON-LA-FEUILLADE, grandmaître de Rhodes; par le Père BOUHOURS, de la Compagnie de Jésus. Quatrième édition, augmentée de Notices sur quelques-uns des personnages de la maison de P. D'Aubusson, qui se sont distingués dans ces derniers temps; par M. DE BELLY, ancien grand-vicaire de Langres, et chanoine honoraire de Besançon.

Les bons livres sont aujourd'hui si rares, que l'on est presque toujours assuré du succès quand on réimprime des livres anciens. L'histoire que nous annonçons méritoit les honneurs d'une nouvelle édition. Le respectable éditeur n'a rien négligé pour la rendre complette; et l'on ne lit pas sans intérêt une Dissertation sur Zizime, et des Notices sur quelques personnages illustres de la maison d'Aubusson. Nous suivrons la méthode que nous nous sommes tracée depuis longtemps, de parler avec autant d'étendue d'un bon livre réimprimé, que si nous avions à annoncer un ouvrage nouveau. Le public a paru approuver cette méthode, qui a l'avantage de fournir l'occasion d'appliquer les anciens et les seuls bons principes de la littérature.

Parmi les vies des grands hommes des temps modernes, il en est peu qui fournissent une plus belle matière à l'historien que celle du grand-maitre d'Au

indigne d'un grammairien, qui ne doit jamais oublier cet oracle d'Horace.

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Quem penès arbitrium est, et jus et norma loquendi.

Duclos a prétendu qu'il n'étoit pas obligé de se conformer à un usage qui lui paroissoit impertinent, et pour régénérer l'orthographe, il en a fait un chaos; si une pareille anarchie avoit pu s'introduire dans la manière d'écrire les mots, bientôt il eût été impossible de lire l'écriture. Quand il veut rendre raison de cette extravagance, il va de sophisme en sophisme; tantôt il soutient que la nation a droit sur la langue parlée, et les écrivains sur la langue écrite; distinction fausse et captieuse, car l'usage exerce le même empire sur les mots et sur la manière de les écrire: tantôt il se plaint qu'une vaine ostentation d'érudition a gâté l'orthographe: Duclos en effet a toujours affecté d'être plutôt homme du monde qu'homme de lettres; c'étoit le moyen de n'être ni l'un ni l'autre : il croit faire le chevalier français, et se montrer galant envers les dames, en disant que l'orthographe des femmes, que les savans trouvent si ridicule, est plus raisonnable que la leur. Le doucereux grammairien avoit effectivement formé le projet d'apprendre d'un trait de plume l'orthographe à toutes les femmes, en faisant main-basse sur l'étymologie, et en établissant pour principe qu'il falloit écrire comme l'on parle, principe qui feroit éclore autant d'orthographes qu'il y a de gens qui parlent. On est étonné qu'un secrétaire de l'Académie française, qu'un homme payé par l'État, pour veiller à la conservation de la langue, publie de pareilles visions dans un ouvrage sérieux, intitulé : Grammaire générale et raisonnée, quoiqu'on n'y

aperçoive pas une étincelle de raison. Mais pardonnons à Duclos cette folie; ses confrères en ont eu de bien moins pardonnables sur des objets infiniment plus essentiels à notre bonheur que l'orthographe.

G.

XXXIV.

Histoire de P. D'AUBUSSON-LA-FEUILLADE, grandmaître de Rhodes; par le Père BOUHOURS, de la Compagnie de Jésus. Quatrième édition, augmentée de Notices sur quelques-uns des personnages de la maison de P. D'AUBUSSON, qui se sont distingue's dans ces derniers temps; par M. DE BELLY, ancien grand-vicaire de Langres, et chanoine honoraire de Besançon.

Les bons livres sont aujourd'hui si rares, que l'on est presque toujours assuré du succès quand on réimprime des livres anciens. L'histoire que nous annonçons méritoit les honneurs d'une nouvelle édition. Le respectable éditeur n'a rien négligé pour la rendre complette ; et l'on ne lit pas sans intérêt une Dissertation sur Zizime, et des Notices sur quelques personnages illustres de la maison d'Aubusson. Nous suivrons la méthode que nous nous sommes tracée depuis longtemps, de parler avec autant d'étendue d'un bon livre réimprimé, quê si nous avions à annoncer un ouvrage nouveau. Le public a paru approuver cette méthode, qui a l'avantage de fournir l'occasion d'appliquer les anciens et les seuls bons principes de la littérature.

Parmi les vies des grands hommes des temps modernes, il en est peu qui fournissent une plus belle matière à l'historien que celle du grand-maitre d'Au

indigne d'un grammairien, qui ne doit jamais oublier. cet oracle d'Horace.

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Quem penès arbitrium est, et jus et norma loquendi.

Duclos a prétendu qu'il n'étoit pas obligé de se conformer à un usage qui lui paroissoit impertinent, et pour régénérer l'orthographe, il en a fait un chaos; si une pareille anarchie avoit pu s'introduire dans la manière d'écrire les mots, bientôt il eût été impossible de lire l'écriture. Quand il veut rendre raison de cette extravagance, il va de sophisme en sophisme; tantôt il soutient que la nation a droit sur la langue parlée, et les écrivains sur la langue écrite; distinction fausse et captieuse, car l'usage exerce le même empire sur les mots et sur la manière de les écrire: tantôt il se plaint qu'une vaine ostentation d'érudition a gâté l'orthographe: Duclos en effet a toujours affecté d'être plutôt homme du monde qu'homme de lettres; c'étoit le moyen de n'être ni l'un ni l'autre : il croit faire le chevalier français, et se montrer galant envers les dames, en disant que l'orthographe des femmes, que les savans trouvent si ridicule, est plus raisonnable que la leur. Le doucereux grammairien avoit effectivement formé le projet d'apprendre d'un trait de plume l'orthographe à toutes les femmes, en faisant main-basse sur l'étymologie, et en établissant pour principe qu'il falloit écrire comme l'on parle, principe qui feroit éclore autant d'orthographes qu'il y a de qui parlent. On est étonné qu'un secrétaire de l'Académie française, qu'un homme payé par l'État, pour veiller à la conservation de la langue, publie de pareilles visions dans un ouvrage sérieux, intitulé : Grammaire générale et raisonnée, quoiqu'on n'y

gens

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